Meurtre à Cambridge et intelligence artificielle
Dirk Gently est engagé par le Professeur Jericho, son ancien professeur à Cambridge, pour veiller à la sécurité de son laboratoire. A l'intérieur, différentes recherches sont en cours : Max, une intelligence artificielle autonome que les scientifiques ne parviennent pas à faire s'éveiller et Elaine, copie artificielle de la défunte fille du docteur. Alors que le détective holistique profite de l'occasion pour consulter illégalement son ancien dossier scolaire, le génoïde disparaît brutalement du laboratoire.
Résumé de la critique
Un épisode faible que l'on peut détailler ainsi :
- une rupture totale avec l'oeuvre originale
- un problème de budget assez conséquent
- des acteurs qui n'y sont pas
- un dernier épisode en guide de baroud d'honneur
So long and thank you for all the fish
Si vous êtes comme moi un fan de Douglas Adams et que la vue du titre Dirk Gently vous a poussé à lire cette critique alors sachez que vous n'êtes malheureusement pas passé par la bonne porte. Si l'on serait en droit de s'attendre à une comédie délirante, des rebondissements saugrenus et de l'humour typiquement anglais, la série va de nouveau décevoir, parvenant seulement par instant à arracher quelques sourires grâce à Darren Boyd. Sans lien avec les livres du détective holistique, le seul moyen d'aborder cet épisode est d'oublier l'oeuvre originale pour se concentrer uniquement sur l'épisode qui va s'avérer malgré tout assez médiocre.
Le premier problème qui se pose est le manque total de crédibilité du premier acte, les raisons du choix de Gently pour mener cette mission de sécurité restant particulièrement flous dans la première partie. Arrivé à Cambridge à l'appel d'un de ses anciens professeurs, Dirk retrouve l'école dont il avait été exclu, lui offrant l'occasion d'exprimer sa passion pour la physique quantique et la logique du chaos. Seulement, là où le pilot proposait une intrigue foisonnante en lorgnant légèrement vers les livres originaux, les scénaristes optent pour une intrigue basique et trop pauvre pour durer les cinquante-huit minutes de l'épisode.
Différents éléments y sont donc intégrés pour faire du remplissage comme les problèmes sentimentaux de Mc Duff, donnant l'impression durant le premier acte d'un scénario puzzle où les différents sous-intrigues sont totalement indépendantes les unes des autres. Seulement, là où habituellement les scénaristes s'efforcent de lier les différentes intrigues ensembles, cet épisode va étonner par sa capacité à jongler de l'une à l'autre sans chercher à générer la moindre interconnexions. La mise en place est poussive et seul le dernier acte va s'avérer vraiment intéressant, sauvant cet épisode au démarrage assez désastreux.
L'argent ne fait pas le bonheur, il l'achète
Si un mot ressort du visionnage de cette production anglaise, c'est bien le terme fauché, mais pas dans le sens sympathique d'un Danger 5 où l'absence de moyens est revendiqué comme une part de l'identité du show. Ici, le manque de budget se retrouve dans les décors à minima, le manque de figurants flagrants et une esthétique très limitée qui joue en défaveur de tout l'acte d'exposition. Malheureusement, si le budget est réduit, les ambitions des auteurs sont à l'opposé excessives avec des automates, des robots et un laboratoire qui paraît assez peu crédible.
N'oublions pas l'étonnante inertie de la police qui se limite à deux agents pour une histoire de meurtre, incapable de retrouver Dirk Gently une trentaine de minutes alors qu'il est sur les lieux du crime et le suspect principal dans cette affaire. Bref, rien ne résiste à une analyse approfondie du scénario, la série nous proposant une intrigue bâclée qui ne vaut que pour son final plutôt intéressant, malgré un dénouement prévisible et discutable. Ce dernier segment de l'épisode marque un retour à une simplicité salvatrice, donnant enfin une motivation au personnage principal qui peut enfin passer à l'action
L'arrivée d'Elaine sauve le show du naufrage, optant pour un récit de science-fiction plus ingénieux, largement supérieur à tout le reste de l'épisode. Seulement, l'ensemble reste peu recommandable, offrant quelques bonnes idées écrasées par un mauvais choix de format et des problèmes de budget visibles dès la première scène. Rempli d'invraisemblances, de révélations tirées par les cheveux, Dirk Gently confirme la mauvaise impression du pilot, à l'exception d'un dernier acte un peu moins désastreux.
L'importance de la personnalisation
Pour donner vie à Dirk Gently, les auteurs ont choisi le comédien Stephen Mangan, déjà vu dans Episodes où il était particulièrement juste et drôle. Seulement, sa personnalisation du héros est vraiment discutable, incapable de donner une cohérence à ce personnage qui est assez mal défini, le spectateur ne disposant d'aucune description à son sujet. La série, coupant les ponts avec l'oeuvre originale, propose un personnage sans épaisseur, agaçant sans être fascinant, montrant un manque d'humanité et une certaine prétention qui renvoie une image antipathique et déplaisante.
Darren Boyd parvient à amener quelques touches d'humour, mais le caractère réservé de son personnage ne lui convient pas vraiment, le comédien se montrant plus à son aise dans un registre comique plus pince-sans-rire. Travaillant rarement en communion, la série paye cher le manque d'alchimie du duo rarement complémentaire, Mc Duff semblant chercher sa place au sein de cette histoire. Surtout que Richard n'a pas vraiment de raison de travailler avec Gently, son rôle se limitant seulement à servir de simple souffre-douleur, sans pour autant qu'apparaisse la moindre dynamique au sein du duo.
Sans véritable base solide, la série parvient dans le dernier acte à proposer un duo intéressant entre Elaine et Dirk, amenant un peu de charme à cette histoire qui parvient à trouver le ton juste. Moins cynique et victime du charme de la jeune femme, Gently se montre enfin sous son meilleur jour, laissant parler des émotions qui le font paraître plus humain et attachant. Un final intéressant qui installe un bon rythme, mais ne parvient pas à effacer le souvenir d'une première demi-heure assez déplaisante et décevante.
Une mayonnaise qui ne prend pas
Si le projet avait l'air sympathique au premier abord, le constat après deux épisodes s'impose : la série est loin de fonctionner, l'équipe créative laissant l'impression d'avoir baissé les bras devant l'impossibilité de la tâche. Avec plus de simplicité et moins de prétention, Howard Overman avait produit un téléfilm sympathique que l'on ne retrouve pas dans cette série maladroite, inutilement boursoufflée qui laisse une certaine amertume devant autant de potentiel gâché. Un exemple d'échec regrettable tant la dernière tranche de l'épisode se révèle être plutôt plaisante, revenant à un format simple avec une histoire d'amour plutôt réussie.
En conclusion, un nouvel échec pour Dirk Gently, victime d'un scénario trop ambitieux surtout au vu des moyens limités dont dispose le show. Le duo vedette ne fonctionne toujours pas et l'intrigue ne parvient vraiment à être crédible que dans le dernier acte, seul moment de poésie qui sort l'épisode de sa médiocrité. Reposant sur un concept bancal et un format trop long, la série semble se diriger tout droit vers une annulation assez triste, en espérant que l'ultime épisode parvienne à sortir le show de sa torpeur.
J'aime :
- le dernier acte intéressant
- le duo Dirk - Elaine et la scène où il se rencontre
Je n'aime pas :
- l'esthétique est atroce
- le premier acte laborieux
- une histoire pas vraiment crédible
- un manque de budget qui se voit à l'image
Note : 10 / 20
Même si le final rattrape une première demi-heure poussive et ennuyeuse, Dirk Gently est loin d'être une réussite, la faute à de mauvais choix scénaristiques flagrants. Peu crédible et manquant cruellement de rythme, cette histoire montre le peu d'efficacité du couple vedette et peine à être crédible, la faute à un manque de budget et de soin assez flagrant.