Honneur, dignité et sens moral
L'armée américaine envoie à Foreman le cas du soldat Brant, rentré directement d'Afghanistan après avoir révélé une vidéo au grand public montrant une bavure où des civils furent abattus lors d'une opération militaire. Considéré comme un traitre à son pays, l'équipe de House envisage d'abord qu'il puisse être un simulateur, mais celui-ci montre rapidement plusieurs symptômes qui confirment la gravité de son état. Pendant ce temps, le Dr Adams croit remarquer des signes de trouble de l'attention dans le comportement de House.
Résumé de la critique
Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une thématique de l'honneur très bien exploitée
- un cas médical assez faible
- un sentiment de déjà-vu gênant
- un épisode trop déséquilibré
Choisir sa loyauté
Pour son retour après un épisode assez décevant, les scénaristes reviennent à un format très classique avec un patient du jour qui va offrir l'occasion au docteur de disserter sur le thème de la loyauté. S'inspirant des évènements dramatiques survenus dernièrement en Afghanistan, les auteurs offrent une opposition entre deux frères qui partagent le même uniforme, mais ont un point de vue totalement différent sur leur conception du devoir moral. En divulguant une vidéo où des civils sont accidentellement abattus par d'autres soldats, Brant oppose ses valeurs personnelles à son rôle de soldat, plaçant les valeurs morales et le besoin de vérité au-dessus de l'esprit de corps et la loyauté à son pays.
Un thème très intéressant, porté par un duo Arlen Escarpeta - Sharif Atkins assez convaincant, qui va tourner assez rapidement autour de la question du père, ancien soldat décédé dans des circonstances étranges. Evitant le débat patriotique, House montre que la trahison dépend du point de vue, la loyauté étant une affaire complexe mêlant les convictions personnelles, le besoin de vérité et la nécessité de ne pas trahir la confiance des autres. Une réflexion qui va se propager au sein de l'équipe, le docteur Adams croyant déceler chez son patron des signes de trouble de l'attention.
Chacun des membres de l'équipe de House va servir à montrer différentes approches de la loyauté, commençant à remettre en question les décisions de leur supérieur et leur fiabilité. Le final approche et les auteurs commencent à égratigner la statue de leur héros, remettant en cause ce qui faisait son talent principal, à savoir sa force de discernement et sa capacité à résoudre les énigmes. Une belle exploration de la question de loyauté et du sens de l'éthique, malheureusement desservie par une gestion du patient beaucoup moins convaincante.
La lente décomposition du corps
Si l'exploitation de la thématique de l'épisode est réellement une réussite, la gestion de sa dramatique va être beaucoup moins convaincante avec un cas du jour mal exploité. L'absence du panneau blanc récapitulatif est vraiment regrettable, élément narratif génial qui s'est lentement effacé au fil des saisons, empêchant de voir une représentation physique du cas médical du jour. Moins à l'aise pour expliquer la nature des désordres physiques que lors des premières saisons, les scénaristes de House restent assez flous sur la nature des dysfonctionnements de leur patient, empêchant de participer réellement à une énigme qui est pourtant le coeur de l'épisode.
Pour pallier à leur incapacité de décrire la nature du mauvais fonctionnement du corps de Brant, les scénaristes se penchent exclusivement sur les questions morales, poussant House à jouer une nouvelle fois les maîtres manipulateurs. Loin de la simplicité du début de saison, la série retourne à de petits jeux de manipulation certes amusants, mais qui reposent toujours sur une dynamique maitre - élève sans surprise. Seule la position de Chase, fruit de son évolution très intéressante lors de cette saison, surprend dans le bon sens, partageant le cynisme du spectateur un peu trop familier avec les coups bas du héros.
La qualité des dialogues est encore là, mais la résolution des problèmes physiques du patient semble intéresser de moins en moins une équipe créative qui peine à se renouveler. La séquence de chirurgie est l'exemple parfait, offrant une vision de l'intérieur du corps qui n'apporte rien, les scénaristes peinant à expliciter clairement une image particulièrement confuse. Un aspect plutôt faible du scénario qui se ressent dans le rythme assez lent et bavard du récit, entraînant une sensation de routine malgré les qualités d'écriture indéniables et les quelques éclats comiques de House.
Difficile d'apprécier un magicien dont on connait tous les trucs
Difficile pour moi de reprocher à House d'utiliser une structure répétitive, comprenant parfaitement qu'une forme rigide sert à se donner un certain confort d'écriture. Le problème n'est pas dans la qualité du script, mais dans le sentiment de déjà-vu qui accompagne tout l'épisode, les auteurs cherchant encore à nous faire croire à une possible dégénérescence de House. Trop usé, ce ressort narratif ne parvient pas à prendre, symbole de la nature inamovible d'une série devenue incapable d'évoluer, utilisant les mêmes recettes jusqu'à l'excès.
Difficile d'entrevoir la conclusion que David Shore va donner à sa création, House ne pouvant pas s'achever par une simple pirouette narrative. Jouant avec les fausses pistes, les auteurs se heurtent au passé de la série et les nombreuses instants où l'existence du héros aura semblé sur le point de basculer avant de marquer un retour en arrière prévisible et un rien décevant. Inamovible, le héros refuse toujours d'évoluer, de montrer un quelconque désir de devenir meilleur, continuant les mêmes jeux au risque d'apparaître de plus en plus prévisible. Loin du côté transgressif des premiers temps, House s'inscrit dans une routine trop forte, premier signe d'un show arrivé en fin de vie.
La relative transparence de Park est la preuve que cet épisode ne cherche pas à sortir d'un certain confort en tirant vraiment profit des deux nouveaux personnages. Seul Taub et Chase profite de scènes conséquentes avec House, dont une partie de jeux vidéo réjouissante qui montre l'importance d'installer plus de passion et d'enthousiasme au sein de son équipe. Blasés, un peu tristes, les spectateurs assistent au spectacle du docteur House avec le cynisme de ceux qui en savent trop, incapable de retrouver l'enthousiasme des premiers jours.
Deux faces d'une même intrigue
Il y a deux façons de voir cet épisode, deux regards totalement différents et deux ressentis qui dépendent essentiellement du choix dans l'approche que l'on a de cet épisode. Le point de vue compassionnel, se concentrant sur les êtres humains et leurs histoires, ne peut qu'apprécier les qualités d'un récit maîtrisé qui offre une réflexion intéressante sur le thème de la loyauté. Seulement, le point de vue technique va donner une impression globalement mauvaise, la gestion du patient s'avère être assez décevante avec une description des faits confuse et mal maîtrisée.
En conclusion, un épisode inégal, qui utilise des recettes un peu trop rodées pour masquer les faiblesses d'un cas médical assez confus. Heureusement, la qualité de l'interprétation et la subtilité du débat entre les deux frères qui évite le piège du patriotisme s'avère suffisamment riche pour masquer la mécanique rouillée de cette histoire. Sans éclat, un épisode qui offre son lot de scènes intéressantes, exploitant avec succès un thème porteur sans parvenir à surprendre et à installer de vrais enjeux dramatiques.
J'aime :
- la question de la loyauté bien abordée
- certaines scènes amusantes comme l'irruption de House chez son patient
- une interprétation de qualité appuyé par de bons dialogues
Je n'aime pas :
- un schéma vu et revu
- le cas médical assez mal expliqué
Note : 13 / 20
Un bon épisode qui repose sur un thème de la loyauté bien exploité et propose un développement intelligent de cette histoire de conflit entre deux frères. Malheureusement, le récit repose sur un mécanique trop classique qui ne parvient plus à surprendre, les petits jeux de House étant beaucoup trop prévisibles, cassant le rythme de l'ensemble.