Critique : House 8.16

Le 12 avril 2012 à 05:51  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode simple sans être déplaisant qui pose la question du besoin de l'être humain à aider son prochain et des limites de l'altruisme.
Par sephja

Critique : House 8.16

~ 7 minutes de lecture
Un épisode simple sans être déplaisant qui pose la question du besoin de l'être humain à aider son prochain et des limites de l'altruisme.
Par sephja

Les raisons pour aider son prochain 

Hatcher est un joueur de Hockey assez moyen spécialisé dans l'élimination des adversaires, utilisant son physique pour régler les comptes des joueurs moins costauds de son équipe avec ceux de l'équipe adverse. Seulement, après avoir envoyé au tapis un joueur adverse coupable d'un plaquage trop brutal non sanctionné par l'arbitre, le colosse s'effondre en crachant du sens. Pendant ce temps, Wilson exprime devant House son regret de ne pas avoir d'enfant. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un patient qui trahit la philosophie de l'épisode 
  •  une storyline House - Wilson très routinière
  •  la possibilité d'aider son prochain
  •  un récit minimaliste sans réelle ambition 

 

 

L'art de faire le sale boulot 

Le premier élément à souligner dans cet épisode est son extrême simplicité, exemple froid et idéal de la formule House, sans tentative de la part des scénaristes de masquer la routine de l'ensemble. Comme ce joueur de Hockey, cette histoire est un mal nécessaire, un exemple de pur remplissage d'une formule qui approche de sa fin de vie et d'une équipe créative qui n'a plus le désir de surprendre. Servant à garder le meilleur pour la fin, ce récit représente le strict minimum dont est capable le show, exemple idéal pour étudier la mécanique de la série.

Par sa capacité physique hors norme et son rôle consistant à accomplir les basses oeuvres des autres, le patient pousse l'équipe de House à se poser des questions sur leur rapport à l'autre, House jouant le rôle de chef d'orchestre de leur remise en cause. Série existentielle par essence, le show de David Shore joue avec adresse avec les questions d'éthique, de responsabilité, montrant parfaitement l'homme comme un animal social, souffrant de l'absence de l'autre, mais aussi égoïste de son temps, chaque geste gratuit masquant un besoin refoulé.

L'épisode est en apparence banal, avec une intensité moindre et pourtant il est passionnant par la façon dont il laisse entrevoir la mécanique de la série. Comme le héros de Conan Doyle, le docteur manipule, utilise des subterfuges pour pousser ses proches à se poser des questions profondes sur les motivations qui permettent de les définir en tant qu'individu. Donner du sens à la vie, voilà finalement le but final du héros de ce show qui, derrière son comportement iconoclaste, cache une réelle peur devant son incapacité à comprendre la mécanique de son propre destin.

 

Deux hommes et un enfant 

Pour ce nouvel épisode, House révèle à Wilson qu'il a eu un enfant avec une de ses premières épouses et qu'il a omis de lui en faire part. Typique de leur relation entre Greg et James, cette storyline relève purement et simplement du fond de tiroir, nouveau test du héros pour mesurer la probabilité de son seul ami à vouloir changer d'existence. L'occasion de constater un certain épuisement des possibilités du duo et d'une sous-intrigue certes charmante, mais qui repose sur une mécanique tellement bien connue qu'il devient difficile de se laisser une nouvelle fois prendre au piège. 

Certes, le duo Hugh Laurie - Robert Sean Leonard n'a rien perdu de son charme, mais la question se pose rapidement des vraies motivations derrière cette histoire de paternité. Si les facéties de House sont amusantes, l'idée de considérer ce duo comme incapable de montrer une quelconque maturité paraît plus pathétique que réellement drôle. Surtout le fait que Wilson s'attache aussi rapidement à ce garçon rend la conclusion encore plus prévisible, preuve que le show n'a plus le temps d'évoluer. 

Finalement, cette histoire de fils ouvre la porte pour un final qui se place dans une certaine continuité, les auteurs marquant l'impossibilité de faire évoluer les personnages. Attachant par son aspect volontairement pathétique, cet épisode possède un rythme assez lent, avec un patient du jour totalement délaissé par House, mais qui va permettre de donner à Taub une certaine exposition. Une intrigue stérile en apparence, mais qui parvient avec élégance à réciter les gammes d'une série qui semble vouloir se concentrer sur les personnages au détriment des cas médicaux. 

 

 

Aider son prochain 

Construit sur trois storylines classiques, cet épisode ne propose pas vraiment de scènes marquantes, reposant sur une structure très classique et moyennement rythmée. L'une d'entre elles va porter sur Taub et sa relation conflictuelle avec le patient du jour, passant d'une certaine antipathie pour son mode de vie à la construction d'un début d'amitié au fur et à mesure de l'humanisation du patient. Seul à se soucier vraiment de sa situation, il amène un peu de variété à cette histoire en prenant lentement sa défense, montrant combien la volonté de vouloir aider son prochain se double toujours du besoin de s'attacher à l'autre. 

La même bonne volonté se retrouve chez Chase et va prendre une forme inattendue, Park refusant de voir dans sa proposition de l'héberger comme un simple acte de charité. La séquence où elle réfute avec trop de vigueur la possibilité d'une liaison physique entre eux est assez amusante, soulignant l'ambiguïté naturelle du fait de vouloir rendre service à l'autre. Un geste désintéressé et gratuit est une impossibilité dans l'univers de House, la révélation finale dressant un portrait de Chase assez solitaire qui rejoint celui du duo vedette du show. 

A sa manière, Greg veut lui aussi venir en aide à son meilleur ami, son geste en apparence charitable et désintéressé servant à faire apparaître toute l'hypocrisie du souhait de Wilson d'avoir une progéniture. Cynique et matérialiste, cet épisode dresse le portrait d'un univers de solitude, celui d'une série où l'amitié et l'amour n'ont jamais pu résister au jugement pointu de House, révélateur des hypocrisies et des faiblesses de l'esprit humain. 

 

Un épisode type 

En apparence, cet épisode n'a rien d'extraordinaire, un cas supplémentaire dans la routine du show, sans rien de spectaculaire et sans cette sophistication du récit à laquelle la série nous a habitué. Pourtant, cette intrigue classique permet de voir parfaitement la mécanique House en marche, alors que la fin de saison approche et que le show s'apprête à toucher à sa fin. Plutôt que de rechercher le bonheur à tout prix, les personnages choisissent d'apprécier ce dont ils disposent et de tirer profit de sa situation en se méfiant des chimères de l'esprit. 

En conclusion, un épisode d'apparence banale, mais qui se révèle assez riche si l'on s'amuse à en décortiquer la mécanique. Du bon House, malgré un patient du jour assez fade et la lente disparition du personnage d'Odette Annable qui ne sera jamais parvenu à s'imposer. Revenant à une certaine simplicité, le show pose la question du bonheur et de ses chimères, alors que la série se place dans sa dernière ligne droite, avec une petite touche de nostalgie. Les comédiens sont en tout cas très bons, en particulier Peter Jacobson qui offre une prestation sensible très touchante. 

 

J'aime : 

  •  la performance de Peter Jacobson 
  •  la scène où Park se défend devant House 
  •  un divertissement standard et révélateur 

 

Je n'aime pas : 

  •  peu d'effet de surprise 
  •  Odette Annable qui disparaît peu à peu 
  •  le cas médical peu détaillé 

 

Note : 12 / 20 

Un épisode standard et sans surprise ce qui fait tout son charme, laissant apparaître la dynamique particulièrement efficace de la série. La bonne prestation des comédiens permet d'oublier l'aspect très prévisible de cette histoire minimaliste et finalement assez divertissante.

L'auteur

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