Pitch Kasparov
Durant une partie de poker à l'hôtel, cent mille dollars sont dérobés par un voleur masqué semblant particulièrement bien connaître le lieu. La gérante de l'hôtel, consciente de la mauvaise publicité que cela représente, demande à Arkady Balagan de retrouver l'argent en échange de la disparition de sa dette.
Ne jamais condamner une série après son pilote
Aprés un pilote poussif et discutable, une seule chose semblait évidente : pour les auteurs, le plus dur avait été fait. Car maintenant que le concept est posé et les personnages introduits, la série va se montrer d'un dynamisme réjouissant, assurant un surprenant mélange d'humour et d'émotion au travers d'une enquête où les enjeux humains amèneront Arkady à se montrer sous son meilleur jour.
L'une des excellentes idées concernant Arkady consiste à lier l'histoire qui tient lieu de fil rouge à celle, réelle, du champion Gary Kasparov. Le personnage gagne en crédibilité, la menace qui pèse sur lui renvoyant à une actualité bien réelle de la Russie de l'ère Poutine. Il saura aussi montrer une humanité remarquable, et un mépris plutôt réjouissant pour un jeu mineur comme le poker, fait d'apparences et de faux semblants. Là où l'argent attire le regard, Arkady possède la faculté de voir au-delà, de saisir l'aspect humain de l'affaire, manoeuvrant sans tenir compte des simples pions d'une table de poker.
Endgame marque des points lorsqu'elle parvient à faire fi d'une mode pour construire autour une intrigue humaine et touchante. Loin de vouloir jouer la facilité, elle propose une vraie enquête, mettant parfaitement Arkady en valeur.
Une recette classique mais efficace
Endgame est un formula show et ne va pas hésiter à se servir de la désormais célèbre structure en "six morceaux" dont je rappelle le principe : exposition, investigation et résolution, les intervalles étant assurés par le développement ponctuel de l'intrigue fil rouge. D'une efficacité remarquable, elle permet de donner à l'épisode un rythme efficace, ne laissant aucune place aux séquences inutiles, donnant au récit une vitesse parfaitement maitrisée. Porté par un Arkady qui dispose toujours d'un coup d'avance, la série fait montre d'une belle énergie, continuant d'utiliser des personnages secondaires plutôt sympathiques.
La réalisation est elle aussi très convaincante, portée par une bande son plutôt réjouissante, le tout venant parfaitement se mettre en accord avec la personnalité du héros. Shawn Doyle est d'ailleurs formidable, apportant à son personnage un mélange de bonhommie et d'espièglerie parfaitement irrésistible.
Aprés le scooby gang, la Chess Team
Pour l'aider dans ses enquêtes, Arkady fait souvent appel à des recrues (Torrance Coombs et Carmen Aguirre, parfaitement dans le ton), des personnes extérieures venant à son aide. Si l'idée est plutôt amusante, il est regrettable que le récit se limite à ces deux seuls personnages, tant il gagnerait à disposer de plusieurs personnages de soutien, histoire d'assurer un certain réalisme à l'ensemble.
Sam et Alcina sont de bons personnages, mais la série est largement capable d'étendre le réseau extérieur de ce que j'appellerais la Chess Team. Il est regrettable de voir les scénaristes se limiter ainsi car l'utilisation répétée de l'un ou de l'autre risque de rapidement créer un sentiment de lassitude.
Une bonne surprise
Aprés un premier épisode peu satisfaisant, et malgré les reproches que m'a valu mon manque d'enthousiasme (c'est pas grave, j'aime bien que l'on remette mes critiques à leur place), Endgame nous prouve qu'elle est capable de produire un divertissement de très bonne qualité et mérite donc le coup d'oeil. La seule ombre au tableau ira à une intrigue fil rouge qui reste trop frileuse, n'osant pas encore proposer de véritables enjeux. Nul doute que la personnalité de la fiancée d'Arkady va avoir besoin d'un réel développement, car l'ensemble demeure trop squelettique.
Une bonne surprise et une série que je ne peux que conseiller aux amateurs d'intrigues policières à tiroirs, façon poupée Russe.
J'ai aimé :
- Shawn Doyle réjouissant et les allusions à Kasparov
- le récit efficace et bien structuré
- l'esthétique très homogène
- la supériorité du joueur d'échec sur les joueurs de poker
Je n'ai pas aimé :
- un intrigue fil rouge très anectodique
- la Chess Team pourrait être améliorée
Note: 13 / 20
A la semaine prochaine pour tous les fans de la Chess Team d'Arkady.