Critique : Game of Thrones 2.01

Le 13 avril 2012 à 21:55  |  ~ 10 minutes de lecture
La série évènement de l’année dernière nous revient pour une deuxième saison… et mâtin, quel démarrage !!!
Par Altaïr

Critique : Game of Thrones 2.01

~ 10 minutes de lecture
La série évènement de l’année dernière nous revient pour une deuxième saison… et mâtin, quel démarrage !!!
Par Altaïr

Je me souviens avec quelle fébrilité j’avais attendu Game of Thrones l’année dernière : en tant que fan de longue date du bouquin de George Martin, et en tant qu’amoureuse des séries HBO, l’annonce du mariage de deux de mes marottes m’avait mise dans tous mes états. A l’époque, la série était réputée inadaptable, et les milliers de fans du livre ergotaient sur des dizaines et des dizaines de pages de forums du bien fondé du casque de la garde royale, ou bien de la couleur des cheveux de Tyrion et Cersei, que quelques rares images du tournage avaient laissé entrevoir. C’étaient les heures floues où toutes les spéculations et les craintes étaient permises.

Un an plus tard, force est de constater que ces débats n’existent plus. La saison 1 de Game of Thrones a réussi l’exploit de mettre quasiment tout le monde d’accord : l’auteur, les fans du livre, et, surtout, un public large que le bouche à oreille n’a cessé d’amplifier depuis. Intéresser le grand public à une œuvre de fantasy complexe, le pari était risqué : il a été relevé haut la main par Weiss, Benioff, et toute leur équipe.

Je l’avoue : j’ai attendu la saison 2 de Game of Thrones avec beaucoup moins d’anxiété que la première : malgré toutes leurs imperfections, les 10 premiers épisodes m’avaient rassurée sur le fait que la série pouvait être à la hauteur du livre.

Et si ce premier épisode m’a bien convaincue d'une chose, c’est celle-ci : ma confiance était bien placée.

 

 Tyrion et Cersei Lannister

rien de tel qu'une famille aimante et réunie...


Où l’on retrouve les anciens personnages… et où l’on en découvre de nouveaux 

 

Ce premier épisode réussit tout d’abord magistralement à nous replanter le décor de Westeros : on se replonge dans ce monde imaginaire avec une facilité déconcertante, tous les décors nous semblent désormais familiers et les nouveaux s'intègrent naturellement, et on retrouve les personnages comme de vieux amis (ou ennemis, c’est selon). Les Lannisters et les Starks sont tous là. En quelques scènes, on se rappelle qui ils sont, où ils en sont. Certains se taillent la part du lion (ou du loup, c’est selon !) : Joffrey, Cersei, Tyrion et Robb, notamment crèvent l’écran.

 On découvre aussi de nouveaux personnages, nouveaux arrivants dans le jeu des trônes : Stannis Baratheon, le très rigide frère de feu le roi Robert, héritier légitime du trône de fer, et ses deux fidèles acolytes, Mélisandre la prêtresse rouge, et Davos l’homme de confiance. Trois personnages chers aux fans du livre… inutile de préciser que les acteurs étaient attendus au tournant !

Et alors, que valent les nouveaux venus ? Eh bien ma foi j’ai trouvé que Stephen Dilane incarnait à la perfection un Stannis froid et glaçant (excellente scène de la missive !), et que Davos inspirait immédiatement la sympathie. Je suis un peu plus réservée pour le moment par Carice Van Houten dans le rôle de Mélisandre – elle m’est pour le moment assez indifférente… à suivre !

 

Ma plus grande satisfaction je l'avoue, c'est que dans cet épisode, les auteurs parviennent à trahir le livre tout en restant complètement fidèle à son esprit : la première saison "collait" souvent aux bouquins, dans la chronologie des chapitres et les dialogues repris mots pour mots... mais là, l'ordre des chapitres est modifié et asservi au meilleur effet narratif : ainsi, j'ai été très surprise que l'épisode s'ouvre sur Ser Dontos, le pitoyable chevalier alcoolique. Et qu'il se termine sur Arya et Gendry, après avoir bâti une véritable tension narrative autour du meurtre des bâtards du roi - tension absente des livres. L'ordre "logique" et attendu aurait été d'ouvrir et de finir sur Stannis, ou sur Tyrion - mais les scénaristes en ont décidé autrement et force est de constater que ça fonctionne parfaitement, et que ça permet de surprendre même les spectateurs qui connaissent le livre sur le bout des doigts, comme moi.

Plusieurs scènes ont été ajoutées, et la psychologie de certains personnages a été légèrement modifiée, toujours pour le meilleur effet. Les grands gagnants à ce jeu-là sont indéniablement Cersei et Joffrey : ainsi, la scène où Cersei donne une leçon de pouvoir à Littlefinger est excellente et lui donne une vraie stature politique ; celle où elle essaie de ramener Joffrey à la raison montre qu'elle n'est pas aveugle sur son fils... J'ai également adoré le fait que la tyrannie de Joffrey nous soit présentée comme une sorte de crise d'adolescence d'un enfant trop gâté à qui on aurait donné tout pouvoir. Et que dire du parallèle avec Catelyn et Robb, mère et fils aimants qui sont obligés de mettre leur famille de côté par sens du devoir ?

Tout ajout, toute modification par rapport au livre respire l'intelligence. Et c'est assurément la plus grande réussite de cet épisode.

 

Daenerys et son dragon

c'est un bon dragounet, ça...

Un nouvel échiquier

 

Mais Game of Thrones, ce n'est pas seulement une galerie de personnages. C'est aussi un tissus d'intrigues...

Nouvelle saison, nouvelle donne. Cet épisode permet de mettre les pions du jeu de trône en place pour la deuxième manche... et il apparaît que l’échiquier politique de Westeros n’a décidément plus rien à voir avec celui du début de la saison 1 (et il s’en trouve pour dire qu’il ne se passe rien dans cette série !). Faisons un petit bilan :

Si je compte bien, il y a désormais quatre (4 !) rois à Westeros : Joffrey, Stannis, et Renly Barathéon (qu’on n’a pas encore revu) se sont tout trois proclamés rois des Sept Couronnes, et Robb Stark veut faire sécession en tant que roi du Nord.

Comme si ce n’était pas déjà suffisamment compliqué, les camps sont divisés : trois Lannisters gouvernent à Port-Réal/King’s landing : un roi, une reine douairière, une main du roi. Un fils, une mère, un oncle.Trois personnages au pouvoir… probablement deux de trop. Par ailleurs, si personne ne semble contester l’autorité de Stannis, en revanche la question religieuse divise son entourage… Mélisandre amène avec elle une foi qui n’est pas du gout de tout le monde.

Et pendant ce temps là, à l’autre bout du monde, autre prétendante au trône de fer, Daenerys Targaryen rôtit au soleil d’un désert magnifique mais léthal, tandis que Jon Snow se gèle au-delà du mur chez Craster, un charmant personnage polygame pas du tout malsain (ironie inside), qui a pour habitude d’épouser (et engrosser) ses filles…

 

Ceci n'est qu'une situation de départ - et elle est déjà passablement compliquée, quoique présentée de façon limpide. Ce sera un des grands challenges du show pour cette saison : réussir à intéresser le spectateur à toutes ces intrigues parallèles, l'intéresser aux luttes de pouvoir sans jamais ni l'ennuyer ni le perdre. On a tous nos arcs préférés : ainsi, dans la saison 1, c'était surtout l'affrontement entre les Lannisters et les Starks qui captivait mon attention. Daenerys et Jon semblaient un peu à part (tout comme dans le livre, d'ailleurs). Ici, j'ai trouvé que la sauce prenait mieux, sans bien que je sache expliquer pourquoi.

Mais c'est bon signe pour la suite. Car si vous n'avez pas lu le livre, il faut que vous soyez préparés psychologiquement : tous les pions ne sont pas encore en place. Certains joueurs importants n'ont pas encore fait leur apparition : notamment Tywin Lannister, Renly Baratheon, et Balon Greyjoy, le père de Théon...

 

Jon Snow et Jeor Mormont

 

Quelques mots sur la réalisation

 

J’avoue que j’avais deux principales craintes pour cette deuxième saison de GoT :

-  Comment allaient-ils gérer la ramification des intrigues et la pléthore de personnages nouveaux et anciens ?

- Allaient-ils produire des loups et des dragons convaincants ? Les loups ont beaucoup grandi, et les dragons apparaitront plus souvent… et on sait depuis Terra Nova que le ridicule n’est jamais loin quand un CGI est loupé…

Eh bien les deux craintes sont totalement envolées !

L’écriture et la réalisation de l’épisode sont d’une limpidité incroyable – surtout quand on réfléchit un instant à la complexité de l’intrigue qui nous est proposée. Le texte regorge de trouvailles d’exposition astucieuses, de dialogues brillants. Tout coule de source, les scènes s’enchainent parfaitement… que de progrès par rapport à la saison 1 de ce point de vue là ! Sans compter les décors, qui sont plus beaux, les costumes, les couleurs, les cadrages... Il n'y a aucune scène cheap, aucune transition abrupte, aucun temps mort (bon, un peu de cul gratuit, quand même, dans le bordel).

Quant aux effets spéciaux, si on excepte un mate-painting un peu foireux dans la scène de Shae, ils sont incroyablement convaincants pour une série télé. Moi qui craignait de voir Vent-Gris réduit à un loup en peluche mal articulée, j’ai presque frissonné en le voyant apparaître aux côtés de Robb, si impressionnant. Quant aux dragons, ils sont fidèles à ceux de la saison 1, donc… beaux !

 

Robb et Vent Gris

peeeeeetit petit petiiiiiit !

Le mot de la fin

 

Pour conclure, cette entrée en matière constitue pour moi un sans-faute : je ne saurais citer une scène qui m’ait plu plus qu’une autre, il y en a trop. L’épisode semble durer un quart d’heure à peine ! On atteint une qualité quasiment cinématographique…

Après, je connais déjà les personnages et l’intrigue par cœur, peut-être que cela a facilité ma compréhension de l’épisode. Et vous, qu'en avez-vous pensé ?

 

J'ai aimé

  •   Tout ou presque

Je n'ai pas aimé

  •   La scène de cul WTF, et un mate painting raté, mais c'est bien parce qu'il faut trouver des défauts à l'épisode.

 

Note : 16/20

L'auteur

Commentaires

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CaptainFreeFrag
@Altair : bah ouais donc c'est pas très malin, quand même... Enfin bon, de toute façon, que pouvait-on attendre de mieux de quelqu'un qui vénère les Sept Dieux ? :p @Goulou : ouais, j'ai également l'impression qu'ils sont bien à l'aise avec leur propos, les scénaristes. Vaut mieux parce qu'à partir de maintenant, ça va devenir plus chaud à adapter, pour toutes les raisons que Ju a dénombrées dans son billet sur Perdusa (merci Koss !). Et du coup, c'est vrai que comme Altair, je me suis réjoui du fait que Ser Dontos apparaisse précocement et qu'on assiste à pas mal de scènes inédites, parce qu'adapter littéralement le bouquin, ça l'aurait bien moins fait je pense !

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Koss
'Je me demande d'ailleurs si ce qui se passe est bien clair quand on a pas lu le livre ?" ==> J'ai compris ce que CFF a mis juste au dessus. Après pourquoi, elle ne meurt pas, alors là, mystère et boule de gomme (une bonne expression à la Puck ça). Il y a un autre truc qui m'a choqué dans cet épisode, c'est l'absence de sous-entendus. Dans la saison 1, il fallait prêter une grande attention au dialogue des personnages. Ici, les actions me semblent beaucoup plus évidentes et moins cachées. Alors après, j'ai peut-être ressenti cela pour ce season premier en raison de l'absence de Tan faisant office de voix-off... Une dernière chose : Rand a vachement vieilli. Cela m'a sauté aux yeux. Cela risque-t-il d'entrainer des problèmes par la suite ?

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Dartagnen
CaptainFreeFrag > Dans le bouquin, il boit effectivement en second, j'ai vérifié juste après avoir vu l'épisode. Après, les deux versions sont compréhensibles : en empoisonnant la prêtresse, il savait qu'il aurait de toutes manières été exécuté par Stannis après, donc tant qu'à faire autant se suicider juste après avec son poison plutôt que de risquer la torture ou autre. En buvant le verre avant Melisandre et sans hésitation, il tente d'éviter d'éveiller les soupçons. Koss > De qui veux-tu parler ? Bran ? Parce que j'ai pas le souvenir qu'il y ait un dénommé "Rand" dans la série ^^

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Koss
(Je voulais dire Bran, oui en effet)

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Dartagnen
Niveau âge, j'ai l'impression que dès le début ils n'ont pas totalement respecté ceux du livre : Il me semble que Robb et Snow doivent avoir genre 16 ans alors qu'ils en font la vingtaine, donc bon... Moi que Bran fasse plus vieux ne m'a pas choqué plus que ça, Bran fait justement plus mature dans le bouquin, vu qu'il a maintenant quelques responsabilités à Winterfell comme on le voit dans la scène avec les bannerets dans le premier épisode.

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Altaïr
Le soucis avec Bran qui vieillit, c'est surtout qu'Hodor va finir par se casser le dos :) Après, je ne trouve pas que ça impacte l'histoire que les enfants soient plus vieux.

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Puck
Heureusement que les gosses sont un peu plus vieux, sinon, on aurait droit à des mouflets qui jouent comme des pieds. Après, si on reste au rythme d'une saison par an, ils vont vieillir un peu plus vite que dans le roman... Et effectivement pour Bran, ça va être problématique : il va perdre en crédibilité quand il devra lancer ses répliques avec la voix qui mue et qui part soudain dans les aigus...

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Arkthus
Perso la scène du Mestre je l'ai vu comme ça : il se sacrifie pour éloigner les soupçons sur sa traîtrise, en espérant qu'en buvant, Mélisandre allait mourir, et en buvant elle lui jette un regard qui en dit très long "tu as voulu me tuer ? Regarde-moi boire ton poison sans que cela ne me fasse quoi que ce soit", et après elle sort sa réplique, ultime provocation pour ce vieil homme qui a tenté sans succès de la tuer. Moi elle me fait penser à Galadriel dans le Seigneur des Anneaux sur certains aspects, je suis le seul ? Pour Bran ça ne m'a pas choqué du tout par contre.

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Fitz
Bien aimé la reprise. Sans doute l'épisode souffre de devoir réexposer les personnages et leurs situations mais ça reste bien fait. Et les scénaristes réussissent quand même à marquer le coup.

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