Critique : Game of Thrones 2.05

Le 10 mai 2012 à 21:59  |  ~ 10 minutes de lecture
Au menu du Game of Thrones de la semaine, des personnages de conte de fée, des maîtres et des valets, et des vengeances accumulées. Le tout dans une sauce bien liée !
Par Puck

Critique : Game of Thrones 2.05

~ 10 minutes de lecture
Au menu du Game of Thrones de la semaine, des personnages de conte de fée, des maîtres et des valets, et des vengeances accumulées. Le tout dans une sauce bien liée !
Par Puck

Trois épisodes que nous sommes entrés de plain pied dans la saison 2, et pour moi, ce Ghost of Harrenhal est à la hauteur des épisodes précédents. Et même un cran au dessus ! Parce qu’il abandonne l’horreur (ça va bien pendant 56 minutes mais on finit par se lasser des glaires, du sang coagulé et des râles) pour se remettre à hauteur des personnages : ceux-ci ont des choix à faire, des décisions à prendre, qui vont peser sur leur avenir et certainement sur celui de Westeros. Son autre qualité est d’assumer totalement la devise de Game of Thrones, reprise à son compte par Arya dans cet épisode : “anyone can be killed !”


La vengeance est un plat qui se mange froid (mais encore faut-il être vivant pour le savourer)

 

dragon GoT

La vengeance, donc, est l’un des thèmes majeurs de l’épisode. Et ne me dites pas que vous n’aviez pas remarqué... On vous l’aura pourtant répété sur tous les tons pendant les vingt premières minutes. Pour obtenir vengeance, il faut au minimum survivre à ses ennemis. Et le plus étrange, c’est que c’est une orpheline de 11 ans qui l’a assimilé la première, à la fin de la saison 1, et que c’est elle aussi, qui saura le plus vite mettre à exécution sa revanche (il faut dire que la liste de ses ennemis est longue, aussi, et qu’elle est aidée dans sa tâche !).

Bref, l’introduction de cet épisode, est, comme certains l’ont déjà souligné dans leurs avis, très couillue.[SPOILER] Il faut de l’audace pour commencer un épisode par un meurtre que l’on imaginait tous comme un cliff ! Un meurtre qui redistribue les cartes pour la course au trône de fer et donne donc le ton de l’épisode. Cette première scène agit comme un révélateur et éclaire les personnages de Margaery, de Loras et de Brienne. On peut mesurer la part de calcul, d’ambition et de loyauté grâce à de courtes scènes qui viennent enrichir la caractérisation de chacun et dresser un hommage posthume à Renly, qui aurait été un “grand roi”, selon Loras. Et pourquoi pas ? Il avait l’air, en effet, de ne pas prendre les décisions à la légère, et de ne pas se laisser totalement guider par une ambition dévorante et un sentiment de frustration, comme les Lannisters ou Stannis [FIN SPOILER]

Ce qui est drôle, c’est que la définition d’un grand roi nous est donnée une vingtaine de minutes après, par un Jorah Mormont en adoration, pour parler de Daenerys. Alors, un grand roi, c’est celui qui a la tête froide ou celle qui a le coeur chaud ? Dans les deux cas, ils prévoient quand même la mise à feu et à sang du continent... Passons.

 

Confidence pour confidence

 

Cette parenthèse pour dire que beaucoup de scènes, dans cet épisode, sont construites en miroir. Il y a évidemment le leitmotiv si tu veux te venger, reste en vie. Mais aussi les multiples scènes “master and servant”. Il semble que chaque personnage majeur soit, dans cet épisode, accompagné par un confident / valet / bras droit / échanson, qui lui donne la réplique, éclaire ses propos, énonce les vérités crues, lui ouvre des possibilités qu’il ne connaissait pas, ouvre les yeux de son maître ou accomplit ses basses besognes.

Bref, on reprend les codes du théâtre classique, et les Scapin, Sganarelle, Mercutio, et peut-être même Iago se multiplient dans cet épisode. C’est le rôle de Bronn auprès de Tyrion, celui de Davos auprès de Stannis, celui d’Irri et Doreah auprès de Daenerys. Et bien plus étonnant, celui que joue, pour un temps court, Arya auprès de Tywin. Et moi, j’adore ça. Car ces duos donnent lieu à des dialogues construits et incisifs, qui incluent toujours le spectateur, que la relation entre le maître et son valet soit complice, jalouse, respectueuse ou totalement faussée.

Reste que nous, spectateurs, on est toujours du côté du valet. Quand Bronn comprend la moquerie de la foule de Port-Réal avant Tyrion ou quand Arya répond par des demi-vérités à Tywin, il n’y a que le spectateur pour en savoir aussi long qu’eux et apprécier toute la saveur de la scène, et c’est assez jouissif. Mais le sommet reste pour moi le splendide dialogue entre Davos et Stannis, où le valet prend un sacré risque en jouant la carte de l’honnêteté et en donnant une leçon de politique à son maître. Cette scène est non seulement brillamment écrite, mais elle permet surtout à Stannis de prendre -enfin !- de la carrure. Il est ferme, froid, sûr de lui et c’est encore lui qui a le dernier mot ! Peut-être, comme le suggère Davos, brille-t-il plus en l’absence de Mélisandre.

 

Il était une fois...

 

Brienne et Cat GoT

préraphaélites

 

 

L’autre joli coup de cet épisode est de faire enfin sortir de l’ombre deux personnages secondaires au fort potentiel : Brienne et Jaqen. La première, on l’avait vue gagner ses galons de garde du corps de Renly. Mais ce cinquième épisode lui donne la part belle, et c’est tant mieux.

Gwendoline Christie, l’interprète de Brienne, n’est pas qu’une armoire à glace. Elle est touchante, vraiment crédible en chevalier en quête d’une cause. Elle pourrait être ridicule et pathétique, sanglée dans son chagrin et son code d’honneur, et elle est juste grande ! Et son dialogue avec Cat, alors qu’elles sont perdues au fin fond de la forêt, fait résonner les voix familières des livres de contes ou des légendes arthuriennes.

Pour un peu, entre les décors, les cadrages et les costumes, la scène où elle prête serment pourrait trouver sa place dans un tableau préraphaélite !

 

 

Jaqen GoT

 

Sur l'autre rive de Westeros, l’assassin Jaqen H’Gar, son sens de l’équité et ses trois voeux mués en trois victimes désignées m’évoquent les légendes orientales. Il se situe entre le djinn ou le génie de la lampe. Des personnages au sens de l’humour très particulier, un peu cruel, et qui tiennent des comptes très justes de leurs dettes. Là aussi, l’interprète donne énormément de crédibilité à tout ça. Il n’en faut pas beaucoup à Tom Wlaschiha pour faire exister d’un regard las et ironique ce démon étrange.

Pour moi, ce sont ces deux personnages qui font entrer Game of Thrones dans une dimension fantastique, bien plus que la comète ou l’ombre.

 

Play with fire


Et puis on aurait tort de se méfier de la seule magie, quand l’homme est à l’oeuvre et qu’il manipule la chimie. La scène de découverte des feux grégeois par Bronn et Tyrion est, là encore, un petit bijou de dialogue, et une jolie dramatisation. Port-Réal est assis sur un gigantesque tas de napalm, beaucoup plus impressionnant, pour le moment, que les flamiches du dragounet de Danaerys.

 

feux Grégeois GoT

 

Mais avant de m’étendre sur les tribulations de Blondie en Orient, je voudrais juste revenir sur les derniers points forts de cet épisode. Ce sont peut-être des détails pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup. Il y a, d’abord, le court passage à Winterfell. En une scène, Bran montre ses qualités de seigneur, une grande capacité de décision, tandis que Rickon, lui, se délecte d’une rage qui devient de moins en moins maîtrisable. Un joli et très efficace parallèle. Enfin, au delà du mur, les paysages deviennent plus réalistes, plus désolés, plus saisissants, et comme l’a souligné Altair dans son avis, le poing des premiers hommes a une sacrée gueule quand il prend place en Islande. Et puis il y a Fantôme, le loup, et ces fantômes des glaces, insaisissables et pour le moment invisibles, qui collent de plus en plus les miquettes au fur et à mesure que l’on en entend parler. Du côté des vivants et de la Garde de Nuit, les personnages sont désormais posés, ils existent en quelques répliques et tout fonctionne.

 

GoT poing des premiers hommes

 

Et du côté de Tyrion et Cersei, c’est évidemment un sans faute : lumière, dialogues, interprétation, tout est au poil... Mais ça devient une habitude !Ah oui, et puis un épisode sans scène de cul aucune, mais avec des plans sur Gendry le forgeron sans sa chemise, c’est un joli cadeau sur lequel on ne va pas mégoter...

Pas vrai les filles ?

 

Nigaud et grouillots sont sur un bateau, qui mène qui ?

 

Alors qu’est-ce-qui ne va pas ? Ben deux storylines en fait. Celle de Theon d’abord. Trop nigaud, trop geignard, ce personnage me sort par les yeux. Il est bête à manger du foin, il se laisse mener par le bout du nez, c’est pathétique. Et pour le moment, Pyke et les fer-nés me semblent trop cheap, trop caricaturaux, trop vulgaires pour m’intéresser.

Blondie et le dragon GoTEt l’autre, c’est évidemment Blondie. Daenerys a beau enfin faire trois pas hors du désert et enfin avancer dans sa quête d’un lisseur à cheveux, Emilia Clarke a beau porter à merveille les robes de princesse comme les tenues cuir, elle joue comme une bûche dotée de sourcils. Elle a deux expressions au total, et ça ne suffit pas à m’émouvoir ou me convaincre. Quant à la tension sexuelle avec Jorah Mormont, et bien ça ne fonctionne pas. J’attends donc avec impatience qu’il se passe quelque chose à Quarth -une visite chez les non-morts par exemple- et que les dragons grandissent.

Mais ça, ça devrait être pour les prochains épisodes...

 

 

J’ai aimé :

  • Le “anyone can be killed” mis en pratique
  • Les relations maîtres-valets et les dialogues qui en découlent
  • Le preux chevalier Brienne et le (mauvais) génie Jaqen

 

Je n’ai pas aimé :

  • Theon le nigaud
  • Blondie la bûche

 

Et au final ? Ca sera 15.   

L'auteur

Commentaires

Avatar Koss
Koss
Une critique totalement excellente qui reprend (en partie) l'argumentaire d'Anonyme dans son avis en y ajoutant un double combo : Molière + la question de ce qui fait un bon gouvernant. J'avoue que sur Scapin, tu m'as tué. Par contre, depuis quand Rickon est-il censé être à demi-fou ?

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Puck
Rickon, il est vraiment jeune. Et les "départs" successifs de son père, sa mère et ses aînés l'ont laissé un peu livré à lui-même. Il en devient, comment dire, sauvage !

Avatar Puck
Puck
Je viens de relire l'avis d'Anonyme. On se rejoint effectivement sur la vengeance, mais je pense que sur la magie, on n'est pas sur le même axe. Pour moi, elle vit dans les personnages, et surtout dans les mots qu'ils prononcent. Ce sont les serments et les voeux de Brienne, Cat et Jaqen qui me donnent l'impression d'évoluer dans un monde légendaire, davantage que les ors de Qarth ou les étendues glacées du Grand Nord (que j'ai trouvées très bien par ailleurs). Bref, pour moi, la plongée dans le mythe vient beaucoup plus des gens et des situations...

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Altaïr
juste une petite correction : c'est Bran qui règne à Winterfell, pas Bronn :)

Avatar Taoby
Taoby
Toujours aussi agréable à lire Puck et d'accord avec toi sur presque tout. En revanche je ne suis pas d'accord du tout avec Blondie, je ne sais pas si tu te réfère au bouquin où quoi mais son jeu correspond pour moi au personnage que l'on nous montre depuis le début. La tension sexuel dont tu parles, ça me semble logique qu'on ne la ressente pas, puisque pour moi, elle n'a rien a foutre là, Jorah en pince pour elle évidemment, mais elle non. Et tant mieux si on a plus ressentis le côté embrassant de la chose pour Blondie qui le considère limite plus comme un père où un grand frère que comme un amant potentiel. Car personnellement c'est comme ça que je vois leur relation (tant pis si ce n'est pas ainsi dans le bouquin) Le personnage de Daenerys j'y crois complètement grâce à elle, son personnage à de mauvais côté mais j'y crois beaucoup plus que l'acteur qui joue LittleFinger et qui n'est qu'une caricature du félon avec ses doigt sur la bouche et ses petit sourires de merdes. Pour moi Daenerys c'est une très jeune fille qui découvre l'univers dans lequel elle vie, tantôt arrogante, tantôt humble, capricieuse, extrêmement fier , certes se sont souvent des sentiments ambivalent (d'ou peut être ton ressentis) mais pour moi ça correspond plutôt bien à son personnage qui dégage pas mal de convictions. Et concernant l'autre con qui casse des cacahuète à Winterfall, arrêtez de nous lancer des pistes car pour moi , c'est juste un con qui casse des cacahuètes. PS: Et oui Bran déchire.

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CaptainFreeFrag
Excellente critique, en effet, quelle plume ! Et le coup du théâtre classique, c'était juste brillant. Juste trois trucs où je ne te rejoins pas totalement : 1 - J'ai beaucoup aimé les scènes de Daenerys, moi, et je trouve que l'actrice a un jeu assez intense : j'ai regardé l'épisode deux fois, et rien à dire, je trouve que son interprétation s'améliore au fil du temps. Là c'était très juste, avec ce mélange d'ambition, de fascination et de doute bien palpable. Et puis la série arrive à rendre intéressants des passages qui sont chiants à mourir dans le livre, c'est un vrai tour de force ! 2 - J'aime bien la scène de Théon aussi : ça montre bien (même si on l'avait compris) que chez les Fer-Nés, suffit pas d'être bien né pour se faire respecter, faut aussi avoir des cojones de taureau ! Et il faut de tout pour faire un monde, même des niguedouillles comme Théon ; ouais, je l'apprécie bien, et ses scènes sont vraiment réussies à mon sens. 3 - Stannis ne se laisse pas guider aveuglément par une ambition dévorante ou un sentiment de frustration, nondidiou ! Il se fait peut-être broyer la quéquette par Mélisandre, mais c'est avant tout un sens du devoir démesuré qui le guide : dans l'état actuel des choses, c'est bien à lui que le Trône revient de droit, alors arrêtez tous de défendre votre pauvre petit Renly, ce sale traître, et suivez votre roi légitime ! Pas possible, ça...

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burt
N'importe quoi les dragons.

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Taoby
@Captain: Merci @Burt : Va te faire enculer.

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Anonyme
Très bonne critique. Avec deux trucs qui m'ont particulièrement plus, les références au théâtres classique, ainsi qu'à la peinture pré-préraphaélite. Sur ce second point je m'étais aussi fait la réflexion. Pour la storyline de blondie je suis pas tout à fait d'accord. En effet la tension avec Mormon ne fonctionne pas, pour autant j'ai trouvé assez passionnant de voir sur un autre continent une vie totalement différente, une civilisation étrange et exotique. Ca nous en apprend pas mal sur l'univers global et ça fait relativiser les enjeux de Westeros. Ca ne reste qu'une guerre au

Avatar Anonyme
Anonyme
oups mal posté. Je termine mon commentaire : ... Ca ne reste qu'une guerre au sein d'un royaume parmi d'autres.

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