Critique : Grimm 1.18

Le 17 juillet 2012 à 20:14  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode réussi qui lance une nouvelle mythologie intéressante, obligeant le Grimm à choisir son camp entre l'oppresseur et l'oppressé..
Par sephja

Critique : Grimm 1.18

~ 8 minutes de lecture
Un épisode réussi qui lance une nouvelle mythologie intéressante, obligeant le Grimm à choisir son camp entre l'oppresseur et l'oppressé..
Par sephja

German Hitman

 

A saint-Louis, le corps d'un homme est retrouvé mort dans la chambre d'un mystérieux Ian Harmon, journaliste fuyant des Huntjager qui l'ont pris en chasse. Il arrive à Portland, mais un tueur nommé Waltz l'attend déjà sur place, lui tirant dessus à trois fois reprises pour le laisser blessé à l'épaule. Il trouve alors refuge chez Rosalee, son frère ayant l'habitude de venir en aide aux membres de la résistance en leur fournissant de faux papiers.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  une intrigue qui lance la série dans une nouvelle direction intéressante
  •  l'apport indéniable de Rosalee à la série
  •  une utilisation intéressante du jeu du chat et de la souris
  •  un pari sur l'avenir

 

Une traque sans pitié

 

Après un début de saison qui se limitait à fournir des faits divers au duo de détectives où la présence de monstres servait de justificatif à la violence des crimes, Grimm choisit ici le changement avec un réel succès. Si les premières minutes sont assez confuses à cause d'un background assez complexe, l'histoire revient vite à une intrigue simple qui suffit à rentrer dans cette histoire d'une traque qui lorgne clairement vers les films de guerre portant sur la résistance. Une obsession récurrente dans ce show qui aime à opposer les opprimés et les oppresseurs, donnant ainsi l'occasion à Nick de rétablir l'équilibre en choisissant le camp du plus faible.

La bonne idée de ce scénario est de faire reposer l'intrigue de départ sur Rosalee, offrant l'occasion aux scénaristes de proposer un nouveau schéma assez réussi. Un script qui permet de creuser enfin la mythologie de la série et de sortir du style précautionneux du début de saison en proposant un vrai péril où le héros joue clairement le rôle d'arbitre. Le Grimm devient alors celui qui détermine la frontière entre le bien et le mal, position intéressante pour une série qui se plaît à jouer avec les apparences, au propre comme au figuré, donnant ici un divertissement dynamique et efficace.

Seul problème de cet épisode, l'acte d'exposition est très rapide, essayant de mettre en place beaucoup d'éléments en un temps assez réduit, la part concernant la résistance et la nature de son combat restant assez confuse. Assumant totalement son influence européenne, Grimm est une série à l'identité étrange, présentant clairement l'Amérique comme une terre d'expatriés cherchant à fuir un ancien monde en décrépitude. Cette connexion forte entre les deux côtés de l'Atlantique donne toute sa singularité à ce show fantastique qui cherche moins à opposer les hommes et les monstres.

 

Rosalee en première ligne

 

Si Grimm a commencé avec un duo Nick – Monroe intéressant, l'association limitait la série à Portland, le travail de Monroe ne permettant pas d'amener une vraie variété dans les intrigues. Par son choix de vivre en reclus, l'ami du Grimm ne permettait pas de justifier des interventions extérieures, enfermant la série sur elle-même, incapable d'aller au-delà du simple fait divers local. Heureusement, l'arrivée de Rosalee change la donne, personnage venant de l'extérieur, au passé mystérieux et prise désormais au centre d'une histoire de résistance encore à définir. 

Histoire simple au premier abord, cette intrigue est un pari sur l'avenir, fait par des scénaristes qui cherchent à étoffer leur show en testant plusieurs variétés d'intrigues possibles. Devenue centrale dans l'univers de Grimm, la jeune femme devient le lien entre le reste du monde et l'univers particulier de Portland, laissant poindre de nouvelles possibilités plutôt intéressantes. Plus ambitieuse qu'en début de saison, le show a trouvé en son interprète Bree Turner une bonne incarnation de la touche de féminité qui lui manquait, posant différemment la question assez intéressante du bien et du mal.

Une interrogation au coeur de cet épisode, surtout que le traqueur incarné par un remarquable Sebastian Roché n'hésite pas à se présenter comme l'incarnation d'une certaine vertu, celle d'une société établie et à l'apparence respectable. Malheureusement, les auteurs restent assez flous concernant les motivations de la résistance, même si ce choix parait logique pour ne pas noyer le spectateur sous une quantité excessive d'information. Le choix du bien et du mal se fait donc à partir des réactions de Monroe et Rosalee, en attendant que des développements futurs viennent donner les clés pour comprendre cette nouvelle dimension du récit.

 

Le chat et la souris

 

Ce n'est pas la première fois que Grimm joue sur le registre de l'opposition entre chasseur et chassé, mais cette fois-ci, cette limite paraît assez floue, Ian Harmon n'ayant pas le profil de la simple victime passive. Plus qu'une simple traque, il s'agit ici d'une guerre où le prédateur est celui qui tient l'arme, sortant les monstres du statut de simple animal pour faire apparaître l'idée d'une hiérarchie complexe entre eux. Plus que de simples animaux, les créatures veulent leur liberté, comptant sur Nick pour donner la chance au plus faible contre le plus fort, définissant enfin son rôle clair dans les luttes qui se déroulent au sein de cette société.

L'une des bonnes idées de cet épisode concerne le comportement du Hundjager envers le héros, ne montrant pas l'état de panique habituel, voire même une certaine sérénité face au Grimm. Loin d'être les croquemitaines du début de saison, ils sont juste les gardiens du monde des humains, montrant un sens de la justice plus ou moins développé. Une bonne idée qui confirme l'idée des scénaristes de proposer un héros positif et presque idéaliste, refusant de voir son libre arbitre troublé par une quelconque corruption idéologique ou matérielle.

Par contre, si l'épisode est réussi dans l'ensemble, il montre un goût un peu gênant pour les complots, traînant encore le souvenir de cette image peu inspirée concernant Hitler. L'évocation de la crise, du printemps arabe et d'un lien connectant toutes ses histoires est peut-être ambitieux sur le papier, mais totalement inutile du point de vue de l'intrigue, pour ne pas dire un peu grotesque. Cette réplique du journaliste tombe d'ailleurs totalement à plat, le show n'ayant rien à gagner à développer des histoires de conflit mondial, la série n'ayant pas les moyens d'embrasser une histoire d'une telle envergure.

 

Simplicité et efficacité

 

C'est finalement en s'écartant de toutes ces histoires de complots pour s'intéresser à l'intrigue du jour que Grimm paraît le plus convaincant, offrant une histoire de chasse à l'homme simple et efficace. La qualité des comédiens, des décors et le charme du duo Monroe – Rosalee suffit à assurer un divertissement de bonne facture, avec une fin intéressante et particulièrement bien pensée. Plus feuilletonnante, la série a su évoluer dans le bon sens, même si certaines maladresses persistent, offrant à Nick une place décisive, seul à déterminer la frontière entre le bien et le mal. 

En conclusion, un épisode original et bien construit autour d'une trame suffisamment simple et efficace pour fournir le divertissement attendu grâce à des comédiens particulièrement convaincants. Une chasse à l'homme qui va laisser poindre le début d'une mythologie intéressante tout en justifiant le besoin de Renard de conserver le Grimm vivant, l'utilisant comme une menace pour l'extérieur. Un résultat plaisant et dynamique, loin des maladresses du début de saison avec une mythologie plus ambitieuse, même si je ne partage pas vraiment leur goût pour les complots en tout genre.

 

J'aime :

  •  Sebastian Roché est très bon
  •  une intrigue originale qui redéfinit intelligemment le rôle du Grimm
  •  dynamique et visuellement impeccable

 

Je n'aime pas :

  •  le dialogue où Ian Harmon décrit un complot mondial, hors-sujet

 

Note : 13 / 20

Une vraie série fantastique efficace et divertissante grâce à une intrigue qui tire parfaitement profit du duo Rosalee – Monroe, posant les bases d'un arc assez prometteur. Très intéressante lorsqu'elle mise sur la simplicité de son intrigue policière, Grimm s'égare par instant dans des histoires de complots confuses et déplacées qui évoquent le mauvais souvenir du cliffhanger idiot concernant Hitler.

L'auteur

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