Teen Coyote
La fille de Jarod Kempfer a disparu et cet ami d'enfance de Hank se présente au commissariat de Portland pour lui demander son aide, n'ayant aucune idée de l'endroit où elle pourrait être détenue. Seulement, le détective Griffin est particulièrement à cran, hanté par sa découverte de l'existence des monstres au point de suivre une thérapie. De son côté, Nick doit faire face à l'amnésie singulière de Juliette qui semble se souvenir de tout, sauf de son existence.
Retour aux affaires courantes
Après une rentrée mouvementée avec la réapparition de la mère de Nick, Grimm connaît ici une baisse d'intensité et revient à la routine d'un simple fais-divers qui a la bonne idée de donner une position centrale à Hank. Conscient que le manque d'implication de Griffin fut une lacune du show l'année précédente, les scénaristes jouent la carte de la filleule qui a le mérite d'empêcher le héros de l'écarter de l'enquête. L'intention est bonne tant le partenaire de Burkhardt donnait l'impression de ne plus avoir sa place dans le nouveau format de cette saison deux.
L'épisode se révèle plutôt plaisant, offrant un récit dynamique et bien maîtrisé grâce à une histoire qui justifie pleinement le recours aux éléments surnaturels. Grimm montre qu'elle est capable de produire un standalone efficace et bien rythmé tout en tirant profit d'un style plus affirmé, les auteurs se montrant bien moins hésitants que l'an passé dans la progression. Malgré tout, la série propose encore quelques ficelles grossières comme cette scène où Hank va chercher un café pour laisser Nick et son ami seul à seul, astuce peu subtile pour laisser le Grimm prendre tout en main.
Il faut avouer qu'au fur et à mesure de la première saison, le détective Griffin était devenu une épine dans le pied des auteurs surtout lors des dénouements, obligeant l'équipe créative à justifier à chaque fois son absence. La scène chez le psychiatre est le révélateur de la position intenable qui est devenu la sienne, son ignorance le rendant assez pathétique. Il semblait donc urgent de faire évoluer ce personnage de manière décisive en l'intégrant à la dimension fantastique du récit, un changement que cet épisode va plutôt bien réussir à amorcer.
L'occasion pour les auteurs de réaliser les derniers ajustements nécessaires pour placer cette saison deux sur de bonnes bases tout en recentrant toute la mythologie pour l'instant autour de la situation particulière de Juliette. Son amnésie est d'ailleurs assez originale, évitant le piège de la perte totale de mémoire pour opter pour une forme qui évoque à sa manière Eternal Sunshine of the Spotless Mind. A ses yeux, Nick n'a jamais existé, le laissant impuissant à retrouver ce réconfort que le personnage lui apportait l'année passée et qui lui assurait un minimum de stabilité.
Seul face aux montres qui rodent
La cible du jour est une demoiselle en détresse, reprenant pour le coup un principe de base du conte avec une histoire classique, celle d'un père qui a choisi de refuser le dictat de la meute et sa barbarie en reniant sa nature pour intégrer le monde des hommes. Bien que cela ne soit pas dit explicitement, l'idée de viol est bien présente, histoire de séparer l'univers des bêtes et celui des hommes par la place particulière réservée aux femmes. La tonalité assez sombre se mêle plutôt bien à l'univers de Grimm, en particulier grâce à un Mark Pellegrino impeccable qui tient sur ses épaules toute la dramatique de l'épisode.
Son amitié avec Hank va prendre une importance décisive lorsqu'il décide de lui montrer son vrai visage, instant décisif d'un épisode construit autour de cette prise de conscience. Un évènement qui permet de redonner une place centrale au duo vedette, le rôle de Griffin se limitant l'an dernier à la collecte d'informations menant au dernier acte. Le rôle du grand naïf revient désormais à Wu, excellente nouvelle tant la force comique de Reggie Lee est indéniable ce que confirme une scène finale assez amusante.
Après un démarrage entièrement tourné vers le fantastique, la série revient à une forme classique où l'imaginaire prend un peu moins le pas sur l'aspect policier avec une séquence consistant à déterminer le bon suspect et sa motivation. L'investigation reste un peu trop facile, une lacune qui se retrouve dans le dernier acte et permet de voir les limites d'un scénario pas vraiment abouti avec des vilains mal mis en valeur lors d'un final bâclé. Malgré tout, le divertissement est bien assuré grâce à une réalisation de qualité, même si on a déjà connu l'équipe créative et artistique de Grimm un peu plus inspirée.
Un point qui m'a gêné dans cet épisode concerne la position de Monroe, principale victime de la révélation de Hank qui lui vole clairement sa place dans le dernier acte. Que son seul apport se limite dorénavant à des scènes dans la caravane est un peu inquiétant, surtout que le potentiel de sympathie de Silas Weir Mitchell reste toujours intact. Une redistribution des rôles qui reste encore à éclaircir pour une saison deux qui avance dans la bonne direction, cherchant à s'inscrire dans une continuité.
Bilan positif, mais mitigé
Après une première saison timide, Grimm poursuit son retour gagnant avec cet épisode solo qui fournit le divertissement espéré grâce à un casting impeccable et à une histoire bien rythmée. L'affrontement entre Mark Pellegrino et John Pyper-Ferguson aurait gagné à être un peu mieux mis en valeur, mais cette histoire de coyotes est avant tout une mauvaise excuse pour placer Hank face à la vraie nature des monstres. L'histoire se concentre alors un peu trop à préparer cette révélation, quitte à simplifier un peu trop le travail du Grimm dans le final.
Une conclusion qui manque d'un vrai climax digne de ce nom et perd ce sentiment d'urgence sur lequel reposait toute la dynamique de l'épisode, optant pour la conclusion la moins pire possible. Un progrès pour une série qui avait toujours du mal à se finir correctement, les auteurs perdant trop de temps à chercher des mauvaises excuses que le détective Burkhardt pourrait fournir à son coéquipier et à la police de Portland. Seulement, à trop se concentrer sur Griffin, les auteurs oublient de développer la situation d'une victime du jour un peu trop absente.
La scène finale manque de force et les antagonistes du jour paraissent assez pathétiques face à un héros sûr de sa force et un acolyte particulièrement déterminé. Sans panache, le show accomplit son travail, à savoir redistribuer les cartes afin de changer la dynamique de la série et d'offrir au détective Burkhardt en nouveau renfort en remplacement de Juliette. Du bon Grimm, sans fioritures.
Un épisode qui aura su séduire 4,6 millions de spectateurs en première diffusion avec un taux de 1,7, score qui baisse certes, mais reste stable et dans la moyenne de l'année précédente. La preuve que le show dispose d'une fanbase assez solide et de la confiance des décideurs de NBC, en rappelant que la série regagnera la terrible case du vendredi dans deux semaines.
J'aime :
- Hank qui passe enfin du côté obscur
- la storyline de Juliette et son évolution
- une intrigue bien rythmé et plaisante
Je n'aime pas :
- une résolution beaucoup trop facile
- l'astuce grossière de la tasse de café
Note : 13 / 20
Un épisode centré sur Hank qui a la bonne idée de résoudre l'un des plus gros problèmes de la série en optant pour un virage décisif concernant son personnage. Le reste est plus anecdotique, mais fournit un bon divertissement malgré une conclusion qui joue un peu trop la carte de la facilité.