Critique : Harry's Law 1.02

Le 22 août 2011 à 07:23  |  ~ 6 minutes de lecture
Un épisode assez moyen qui met parfaitement en évidence les qualités du show, mais aussi des défauts assez inquiétants
Par sephja

Critique : Harry's Law 1.02

~ 6 minutes de lecture
Un épisode assez moyen qui met parfaitement en évidence les qualités du show, mais aussi des défauts assez inquiétants
Par sephja

Nécessité fait loi

Adam se fait intercepter dans la rue par Fung Lao, un blanchisseur qui se fait poursuivre pour le licenciement abusif d'une de ses anciennes employées. Charmé par l'élégance de sa fille, le jeune avocat accepte l'affaire avant de se rendre compte que son client a licencié la plaignante pour être tombé enceinte d'un second enfant. Harriett, quant à elle, hérite d'Anna Nicholson, une octogénaire poursuivie par le procureur pour attaque à main armé. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode assez moyen que l'on peut décrire comme suit : 

  •  un casting extraordinaire qui donne à cet univers un côté très théâtral 
  •  deux affaires perdues d'avance qui obligent Harriett et Adam à faire preuve de conviction 
  •  un discours politique à peine masqué assez pénible et une tendance à la répétition alourdit le récit 
  •  une recette qui ne fonctionne pas vraiment et une série qui cherche son identité 

 

                      

 

Le monde est un théâtre 

Cet argument, applicable à toutes les séries de David E. Kelley, prend ici tout son sens tant chaque décor semble avoir été construit comme une scène où évolue les comédiens. En effet, la principale qualité de Harry's Law vient de son casting impeccable, les comédiens s'amusant visiblement à incarner des personnages hauts en couleur, que ce soit les premiers comme les seconds rôles. Exemple le plus marquant, Christopher Mc Donald est irrésistible en avocat prétentieux et poseur, mélange se servant de grands discours pour diffuser son profond mépris. 

De son côté, Paul Mc Crane est encore une fois formidable dans le rôle du procureur insensible, tenant le choc face à une Kathy Bathes égale à elle-même. Porté par sa bonne connaissance du milieu des avocats, David E. Kelley nous offre une série de séquences au tribunal assez cocasses, tout en offrant une place centrale à une Irma P. Hall parfaite en mamie braqueuse. Théâtraux et excessifs, les personnages de Harry Law permettent à leur interprète de surjouer avec délice, offrant quelques instants particulièrement délicieux dans des procès cousus main pour entraîner des situations de polémiques. 

 

L'humour par la discorde 

Conscient que la principale qualité de cette série vient de son esthétique théâtrale, les créateurs choisissent pour leur duo vedette des procès perdus d'avance et sujets à polémique, permettant aux comédiens de se lancer dans de grandes disputes sans fin. Nathan Corddry tire en particulier son épingle du jeu dans ces scènes de débordement, offrant le spectacle d'un avocat teigneux et acharné en décalage complet avec son comportement au quotidien. Le but de Harry's Law est de construire une utopie, un monde impossible qui véhicule une idéologie généreuse, mais aussi horriblement naïve.

Entre légèreté et misérabiliste, le scénario a tendance à verser dans l'excès de compassion, associant une musique sirupeuse détestable là où elle pourrait compter sur la qualité des acteurs pour donner de la crédibilité à ces histoires particulièrement naïves. Hors le problème de Harry's Law va justement venir de sa tendance à verser dans le pamphlet, transformant un simple verdict en leçon de morale agaçante. Tout comme Harriett, le spectateur en vient souvent à se demander dans quel monde ces personnages vivent, un univers improbable et imaginaire où les cabinets d'avocats côtoient les marchands de chaussures. 

 

Un message asséné à coups de marteaux

Le vrai soucis avec cet épisode vient de son message profond, surtout lors d'un final discutable et d'une mauvaise foi détestable dans le procès Nicholson. En s'installant en plein ghetto, la série veut donner la parole à la misère d'une Amerique qui voit désormais d'un mauvais oeil l'univers des décideurs. Le message politique consistant à opposer les citoyens et le gouvernement fédéral est dangereux, surtout en associant la misère à un angélisme des plus détestables. Progressistes, les auteurs veulent donner une tribune à un idéal socialiste dont l'échec cuisant dans les années 90 a prouvé l'incontestable naïveté.

Mais plus grave qu'un discours politique malvenu, la série donne l'impression de se répéter, cet épisode n'étant que la version améliorée du pilote. Les personnages, les recettes, tout est identique, jusqu'au comportement d'Harriett à la barre, parfaite dans le rôle de la victime d'un système oppresseur. Incapable de développer de vraies pistes pour l'avenir, Harry's Law reste un objet sympathique par son casting éblouissant, mais manque de profondeur et semble incapable de proposer plus qu'un concept de base bancal et mal inspiré. 

 

Une héroïne sans saveur

Le vrai soucis de Harry's Law vient finalement des personnages en tant que tels, aucun ne possédant de vrais personnalités ou de motivation vraiment identifiée. Difficile de dire ce qui motive Harriett tant le personnage s'avère froid et cynique, hormis lors de l'ultime séquence prévisible certes, mais nécessaire pour lancer le show. A croire que les scénaristes comptent uniquement sur Kathy Bates et son talent indéniable pour combler les vides d'un personnage dont l'existence se résume à une scène d'introduction paresseuse dans le pilote. 

En conclusion, la série emballe autant qu'elle énerve, passant fréquemment du très bon au médiocre en ratant l'occasion de corriger les erreurs d'un pilote maladroit. Le combat est loin d'être gagné pour Harriett, surtout qu'elle-même ne sait pas contre quoi elle se bât, ni dans quel objectif. Certes, la qualité des comédiens est un vrai régal, mais le manque de crédibilité et de profondeur laisse apparaître la vacuité d'un script qui s'acharne à concevoir le monde avec une naïveté particulièrement agaçante. 

 

J'aime : 

  •  des comédiens incroyables et un univers théâtral qui leur permet de s'exprimer 
  •  un ton léger et assez innocent 
  •  deux affaires perdues d'avance qui donnent du fil à retordre à nos héros 

 

Je n'aime pas : 

  •  une tendance au pamphlet simplement insupportable 
  •  un épisode identique en tout point au pilote 
  •  des personnages qui manquent cruellement de profondeur 
  •  une absence de mythologie agaçante

 

Note : 10 / 20

Episode assez moyen qui se limite à nous proposer un pilote amélioré, reprenant les mêmes problématiques et dynamiques que celui-ci. Si le côté théâtral du show et le talent des comédiens assurent à la série un charme indéniable, le manque de profondeur et de construction risque de faire apparaître un sentiment de lassitude qui commence déjà à poindre. Très moyen.

L'auteur

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