Critique : Harry's Law 1.03

Le 29 août 2011 à 17:36  |  ~ 6 minutes de lecture
Un épisode qui cherche avant tout à créer une dynamique au sein du cabinet d'Harriet sans encore vraiment y arriver.
Par sephja

Critique : Harry's Law 1.03

~ 6 minutes de lecture
Un épisode qui cherche avant tout à créer une dynamique au sein du cabinet d'Harriet sans encore vraiment y arriver.
Par sephja

Trouver les raisons de se battre

Jeffrey Rollins a passé vingt-cinq ans en prison pour un meurtre qu'il n'a pas commis et son seul espoir réside dans une demande de libération conditionnelle qui lui est refusée, car il refuse de reconnaître sa culpabilité. Harriet, après avoir reçu le témoignage d'un prêtre qui certifie de son innocence, se laisse convaincre de prendre sa défense. Pendant ce temps, Malcolm Davis, l'assistant juridique, reçoit la visite d'Yvonne Morris qui désire porter plainte contre une chaîne de fast-food. 

 

Résumé de la critique 

Un épisode très moyen et hésitant que l'on peut détailler ainsi : 

  •  une série qui cherche à donner une vraie justification au comportement d'Harriet et à sa motivation
  •  une volonté d'inscrire le scénario dans une certaine continuité avec le retour de Christopher Mc Donald 
  •  une dynamique de groupe qui ne marche pas et un scénario qui manque d'idées 
  •  une scénario girouette qui tourne beaucoup en rond 

 

 

Donner de la consistance aux personnages 

Série judiciaire utopique, Harry's Law fait face à une difficulté de taille qui concerne son personnage principal et le point de départ assez vague de la série, ces deux éléments l'empêchant d'acquérir une vraie identité. Les intentions sont là, les acteurs aussi avec un duo Kathy Bates et Steve Harris très convaincant, mais le tout au profit d'une histoire qui patine horriblement. Si le caractère un peu bulldozer d'Harriet aide une fois de plus à retourner des situations improbables, ces renversements de situations se font clairement en dépit de la crédibilité du show. 

Bien qu'elle essaye, à chaque épisode, de renverser tout le système judiciaire américain, Harriet ne nous a pas encore vraiment donné les raisons profondes de sa révolte. En fait, le changement de carrière de cet ancien ténor du barreau relève presque de la crise de nerfs ou de vocation, celle-ci refusant de se battre pour des causes qui ne sont pas justes. Devenir une avocate signifie pour elle être indépendante et se battre jour après jour pour imposer ses convictions, et défendre ceux qui méritent à ses yeux de l'être.

Le show tombe fréquemment dans l'excès et se tient aux frontières du ridicule, ne devant son sauvetage qu'aux talents de Kathy Bates et de quelques comédiens comme Christopher Mc Donald.

 

Mettre en avant ce qui fonctionne

Harry's Law arrive à son troisième épisode et n'est pas encore parvenu à imposer vraiment son univers, beaucoup de personnages se montrant encore particulièrement inactifs. Sans dynamique, ni idées, le show possède un seul atout, à savoir une capacité à générer des personnages hauts en couleur dont elle va tirer profit, par exemple en ramenant sur le devant de la scène l'avocat Tommy Jefferson qui continue d'affronter Adam dans l'affaire Lao. Le fait de voir David Kelley proposer un prolongement de l'intrigue de l'épisode précédent laisse un temps espérer le meilleur avant qu'il ne devienne évident que les scénaristes ne font que du remplissage.

Les individualités qui composent Harry's Law sont sa force, les avocats ayant par nature un comportement très théâtrale qui donne ses meilleures scènes à la série. Mais en considérant l'usage de la loi comme une gigantesque scène, David Kelley parvient péniblement à faire rire, le comportement de goujat de Jefferson devenant au bout d'un instant franchement répétitif. Si les individualités ont une vraie place au sein du show, la dynamique de groupe est inexistante, chaque membre du cabinet de Harry semblant travailler pour lui-même sans tenir compte des autres.

 

Beaucoup de bruit pour rien

La série arrive à un quart de la saison et le charme des débuts s'est vite évaporé pour ne laisser qu'une impression de vide très agaçante. Chaque scène avec Adam est à l'image de la série, hésitante, tâtonnante, à la recherche d'une idée qui ne vient pas, d'une énergie qui a disparu. Si une fois dans les tribunaux, les héros de Harry's Law ne manque pas de bravoure, en dehors il erre sans véritable but, aucun ne possédant vraiment de profondeur. De Jenna à Malcolm, tous ses personnages sont des prototypes non aboutis et paraissent ne pas exister. 

Entre le rêve d'un cabinet d'avocat marchand de chaussures et la réalité, Harry's Law semble incapable de jouer sur les deux tableaux, n'offrant un vrai divertissement qu'une fois les portes du tribunal franchies. Le reste du temps, l'histoire traîne des pieds, comme si les auteurs n'avaient strictement aucune idée de ce qu'ils font et des raisons de l'existence de ce show. David Kelley, lui-même, donne l'impression de beaucoup hésiter tout en constatant la réalité de Harry's Law, celui d'un divertissement constitué de solitudes qui refuse de prendre vie.

 

Un scénario qui change fréquemment d'avis

Tout commence par un prêtre qui se présente dans le bureau d'Harry pour lui demander de rouvrir le dossier de Jeffrey afin de témoigner de sa non-culpabilité. Seulement, les auteurs comprennent vite que cette trajectoire est une impasse et délaisse ce personnage pour s'intéresser à une procédure de demande de liberté surveillé très manichéenne et plutôt médiocre. Très limitée dans ses actions, Harriet se montre trop passive et agit à plusieurs reprises en bafouant les règles de conduite les plus élémentaires pour mieux révéler son impuissance 

En conclusion, un épisode qui tente de donner une certaine énergie à son récit sans vraiment y parvenir, offrant toute une série de scènes pathétiques et peu inspirées qui prouve la faiblesse d'un show construit sur des bases trop fragiles. Seul la qualité des comédiens et le côté théâtral du milieu judiciaire permet à David Kelley de construire des personnages assez réussis, mais trop individualistes pour générer une vraie synergie. Un épisode inquiétant qui montre trop vite les limites d'une série qui stagnent sans laisser apparaître un quelconque potentiel pour l'avenir. 

 

J'aime : 

  •  des comédiens formidables 
  •  les scènes de duo entre Kathy Bates et Christopher Mc Donald 

 

Je n'aime pas : 

  •  une intrigue assez vide 
  •  un univers peu crédible et assez pauvre 
  •  beaucoup d'éléments narratifs qui ne servent finalement pas à grand-chose 
  •  une évacuation de l'affaire Lao légèrement honteuse 

 

Note : 10 / 20 

Un épisode qui confirme les lacunes d'une série mal construite, incapable de trouver son identité à cause d'une héroïne pas suffisamment développée. Seules les scènes entre Harriet Korn et Tommy Jefferson, empreins d'une certaine mélancolie, parvienne à sortir le show d'une triste médiocrité. Inquiétant.

L'auteur

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