Critique : Leverage 5.02

Le 06 août 2012 à 17:18  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode très médiocre et assez absurde qui cherche à exploiter avec un succès mitigé l'univers du hockey.
Par sephja

Critique : Leverage 5.02

~ 7 minutes de lecture
Un épisode très médiocre et assez absurde qui cherche à exploiter avec un succès mitigé l'univers du hockey.
Par sephja

Hockey et trahison

 

Peter Rising est le propriétaire d'un club de Hockey de ligue mineure connu pour son jeu physique avec une star, Craig Marko,  spécialisé dans l'intimidation et des bagarres assez violentes. Seulement, son fils observe un comportement étrange chez son père, symptôme typique de blessures cérébrales qui devraient lui interdire la pratique du Hockey. Nate découvre que le patron de ce club paye les joueurs adverses pour agresser sa vedette, espérant échapper ainsi au bonus qu'il doit lui verser en fin de saison.  

 

Résumé de la critique

Un épisode décevant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un gros problème d'enjeu
  •  l'importance de soigner le portrait de la victime
  •  un épisode de remplissage qui n'apporte rien
  •  le fantasme de la collectivisation

 

 

Une mission beaucoup trop bancale 

 

Rarement une ouverture d'épisode m'aura laissé aussi mal à l'aise que celle-ci, tant la mission du jour relève clairement du grand n'importe quoi. Je vous laisse juge : un jeune adolescent va voir Nate Ford pour lui présenter le cas de son père, joueur de hockey professionnel, qui choisit volontairement de mettre sa vie en danger en provoquant des bagarres lors des matchs de son équipe. Si les héros de Leverage sont toujours prêts à défendre la veuve et l'orphelin, leur choix de s'impliquer dans cette histoire de famille parait assez peu crédible et même assez difficile à comprendre. 

Une défaillance du premier acte que la suite de l'épisode va traîner comme un boulet, en particulier Elliott dont la tâche semble assez impossible, à savoir empêcher un joueur de défier ses adversaires sur la glace. Avec un pitch aussi bancal et invraisemblable, Leverage semble tourner en roue libre, surtout concernant la justification de l'intégration de Spencer à peine expliquée. Une histoire conçue seulement pour séduire les amateurs de mélodrame sportif, genre typiquement américain et particulièrement agaçant dont les auteurs s'inspirent, cherchant à attendrir devant l'amour de son fils pour son père plein de courage.

La violence physique devient alors un élément respectable du sport et chacun admire la force de conviction de Marko qui est prêt à défier la mort pour une prime rondelette. Malheureusement, le méchant patron veut garder l'argent et paye des joueurs pour l'envoyer à l'hôpital, apportant un enjeu très artificiel à une finale trop opportune. Une intrigue idiote, assez niaise, prévisible où seule les interprètes apportent un peu de divertissement dans une seconde partie un peu moins grotesque qui revient à une simple histoire de braquage.

 

Une victime doit-elle être un idéaliste ?

 

La question peut sembler inintéressante, mais elle est cruciale pour comprendre combien cet épisode s'est fourvoyé dans la plus mauvaise des directions. En effet, les bons épisodes de Leverage commencent avec l'arrivée d'un client, un homme démuni face à la puissance et l'impunité des puissants. En défendant des idées ou une certaine notion du bien, le show fait perdurer une idéologie qui veut croire à l'existence d'un contre-pouvoir au matérialisme et à la loi du plus fort, permettant aux faibles d'obtenir gain de cause.

Seulement, la victime est ici un joueur de Hockey qui a choisi volontairement de signer un contrat qui met sa vie en danger, son fils allant voir Ford de son propre chef. Ne défendant ni cause, ni valeur, le héros apparaît comme son propre fossoyeur, surtout que le scénario peine à construire un vilain digne de ce nom, donnant à la mission de l'équipe une finalité confuse et décevante. Au fil de l'intrigue, le plan change à plusieurs reprises de forme, avant d'aboutir à une histoire de valise d'argent certes peu inspirée, mais qui propose un objectif concis reposant sur un bon duo Parker - Hardison. 

Difficile de voir les raisons qui ont poussé Nate à accepter ce job vu que rien ne force Marko à aller provoquer ses adversaires, entraînant une scène grotesque où Elliott fait la morale aux joueurs de l'équipe adverse. Peu concernés, les scénaristes ne soignent pas les détails, ruinant toute la crédibilité d'une histoire particulièrement bancale. Un épisode de remplissage, loin des ambitions annoncées en début de saison avec une absence totale de mise en valeur des membres de l'équipe de Ford. 

 

 

La routine, peut-être même un peu trop 

 

Pour mieux souligner leur manque d'ambition, les scénaristes ne cherchent même pas à surprendre, à l'exception des qualités de patineur d'Elliott. Spencer va donc jouer les gros bras en protégeant le client du jour, position intéressante pour développer habituellement le portrait des victimes, mais qui se heurte ici au refus de collaborer de Marko. La scène finale, où les autres joueurs refusent ses provocations, est dramatiquement intéressante, mais mal mis en valeur par un scénario particulièrement désastreux. 

De son côté, Nate Ford fait son numéro habituel et reçoit le renfort grâce à Sophie d'un champion de hockey pour rendre crédible son histoire de ligue mondiale sportive. Un piège simpliste et trop classique qui échoue heureusement, seul moment où les scénaristes font le choix de nous surprendre en sortant d'un pitch de départ inefficace et mal inspiré. L'occasion de confirmer le charme du duo Hardison - Parker, le couple montrant une familiarité nouvelle particulièrement sympathique, de bon augure pour la suite.

Personnage clé du show, la voleuse du groupe est la seule à sortir un peu de sa routine en montrant une culture inattendue, poursuivant son évolution en affichant une curiosité nouvelle pour le monde. Une nouvelle étape à creuser pour la suite et qui montre toute l'importance prise par Parker dans la progression de la série. Un épisode décevant qui ne sort jamais du lot, reposant sur une mauvaise idée de départ et qui aboutit à une conclusion peu satisfaisant, reprenant le thème à la mode ces derniers temps de la collectivisation des biens.

 

L'usine aux ouvriers

 

C'est un élément anodin et un spoiler honteux de ma part, mais les scénaristes montrent de plus en plus un désir de proposer comme solution aux patrons voyous une collectivisation de l'outil de travail. Dans Blackout, il s'agissait d'offrir l'usine aux ouvriers ; dans Leverage, la gestion du club de Hockey ; le tout définit une tendance de plus en plus récurrente à critiquer l'idée du patron comme une entité unique. Une idée qui émerge de plus en plus, fruit d'une situation économique trouble et qui montre le souci des auteurs de s'inscrire dans l'histoire contemporaine.

En conclusion, un épisode médiocre et peu inspiré, reposant sur un concept bancal montrant la limite du système consistant à bâtir les épisodes autour d'une thématique au détriment du récit. Les comédiens rattrapent un peu l'ensemble, mais ne suffisent à masquer les nombreuses invraisemblances d'une intrigue bâclée et particulièrement peu soignée. Peu divertissant, un épisode démagogique qui reprend le format du mélodrame sportif pour cacher le travail très approximatif des auteurs. 

 

J'aime : 

  •  les acteurs plutôt bons 
  •  quelques répliques amusantes 

 

Je n'aime pas : 

  •  le scénario ridicule 
  •  le format du mélodrame sportif agaçant 
  •  prévisible et ennuyeux 
  •  le plan de Nate cliché 

 

Note : 09 / 20 

Un épisode à oublier qui ne parvient pas à tirer profit de l'univers du hockey et propose une intrigue peu crédible et à peine soignée. Un mélodrame sportif faible et prévisible, loin des ambitions affichées par l'équipe créative lors du season premiere.

L'auteur

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