S.E.T.I.
James Kanack est en apparence un scientifique brillant, ayant repris avec succès l'entreprise de son père spécialisé dans l'aéronautique grâce à plusieurs brillantes découvertes. Seulement, il est avant tout un menteur, volant ses idées à de jeunes chercheurs en posant son nom sur leurs brevets. Seulement, après avoir vu son projet de nouveau réacteur pour fusée subtilisé devant ses yeux, Oren Metz décide de récupérer son bien en s'adressant à Nate Ford.
Résumé de la critique
Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :
- une intrigue simple, efficace et bien construite
- des personnages bien employés
- une arnaque qui laisse la place à l'imagination
- 2 good old boys, behing the wheels, chasing down bad guys with Lucille
Mission accomplie
Quelqu'un m'avait demandé il y a peu de temps quel intérêt je pouvais trouver à regarder un show comme Leverage, simple divertissement qui puise ses références dans les séries populaires des années 80. Ma réponse fut simple : parce qu'un bon épisode de cette série permet de renouer avec un plaisir enfantin, celui d'apprécier l'efficacité et la fluidité d'un scénario consistant à punir de la plus cruelle des façons ceux qui le méritent. Le show a beau être fréquemment invraisemblable et plusieurs fois à la limite de l'absurde, il reste capable de donner le sourire par sa naïveté assumée, comme par exemple avec cette histoire réjouissante à la Carl Sagan.
C'est donc à un usurpateur que les auteurs s'attaquent, un dénommé James Kanack qui cherche à devenir une étoile dans le monde de la science malgré ses capacités plus que limitées. Pas étonnant de le voir alors traquer un signal étranger dans l'espoir de découvrir une vie intelligente en dehors de notre système solaire tant cette recherche d'une trace de vie dans les étoiles étant la plus passive qui soit. Sans nous embrouiller dans des détails techniques inutiles, le show joue avec les références cinématographiques tout en s'appuyant sur un très bon Neil Hopkins, habitué avec Castle et Skyline aux attaques venus du ciel.
Mais plus qu'une série stérile de clins d'oeil, le show propose un plan simple et efficace qui propose une parfaite distribution des rôles, avec un rythme particulièrement rapide et un scénario sans temps mort. L'intrigue propose des rebondissements réguliers et ingénieux, offrant des séquences comiques particulièrement réussies sans aucune lourdeur significative. Après une histoire décevante la semaine passée, le show retrouve sa bonne humeur communicative et nous fournit une attaque extra-terrestre suffisamment crédible grâce à quelques astuces ingénieuses comme l'utilisation des bottes.
Men and Women in Black
En passant sur la scène Lucille sur laquelle je reviendrais un peu plus tard, le show de Dean Devlin offre quelques associations amusantes qui font clairement le charme de cet épisode. Ainsi, le couple Hardison - Parker reste le duo le plus complémentaire de la série, offrant des scènes de comédie efficace qui confirment l'intérêt d'officialiser la nature de leur relation. Une nouvelle fois, les scénaristes insistent sur la nouvelle tendance de Parker à jouer avec les références culturelles, en particulier son running gag autour d'E.T. certes facile, mais qui témoigne de la bonne ambiance de l'épisode.
Elliott va évidemment être la victime de ce petit jeu, héritant d'une position centrale inattendue dans le rôle d'un geek passablement obsédé par les enlèvements et les théories du signal. L'occasion pour Christian Kane de sortir de son numéro habituel en jouant à copier à sa manière Hardison, élément inattendu qui va s''avérer permettre aux scénaristes d'éviter le sentiment de routine qui empoisonne habituellement le show. En sortant les acteurs de leur routine, l'équipe créative prend des risques payants renouant avec les promesses du début de saison sur le développement des personnages secondaires.
Un plan simple signifie quelques imprévus mineurs qui vont venir à plusieurs occasions relancer l'intrigue, offrant l'occasion à Ford et Sophie de venir jouer les personnages providentiels. Mais, au-delà de la routine du show, le duo prend une dimension mythologique bien pensée lors de la première scène où Nate se montre sourd aux suppliques de la victime du jour qu'il croit seulement intéressé par l'argent. Les auteurs ont bien compris de l'erreur que représente dans Leverage le choix d'une victime motivée uniquement par la compensation financière, Oren cherchant avant tout à retrouver sa crédibilité.
L'imagination de l'arnaqueur
Après un vilain raté et assez idiot la semaine dernière, les auteurs reviennent au format du début de saison avec un vrai mégalomane essayant de lier son nom à une découverte scientifique majeure. Seulement, ne disposant pas du savoir et de la capacité de travail pour réaliser une percée dans le domaine théorique, il se tourne vers la grande inconnue, l'univers et ses trilliards de systèmes solaires, un univers qui fut depuis toujours le refuge de l'imagination des auteurs. L'occasion pour les arnaqueurs de Leverage de lui vendre son propre fantasme, parfait point de départ pour une arnaque particulièrement soignée.
Grâce à leur mise en scène, la fascination tourne à l'obsession, cette excitation typiquement scientifique où on s'imagine avoir percé un mystère insoluble, rêvant à la gloire que cela induirait. Par sa nature, Kanack n'est pas une mauvaise personne, son principal défaut résidant dans la manière dont il se saisit des idées des autres pour se les approprier, profitant de son aisance financière pour attirer les plus marginale d'entre eux. L'histoire se limite à proposer un simple retour à l'envoyeur, l'équipe de Ford lui volant sa crédibilité en exploitant sa propre ambition.
Pour vendre cette histoire digne de "Contact", il faut un vrai travail de metteur en scène, soigner les détails pour que l'ensemble paraisse crédible sans empêcher quelques improvisations de dernières secondes comme autant d'effets de surprise. Toute l'équipe participe à sa manière au plan de Nate, amenant la sensation d'un vrai travail collectif qui permet à l'intrigue de rebondir sans attendre un twist final sans surprise. Plus qu'une simple équipe d'arnaqueurs, Leverage compare la création de cette arnaque à l'élaboration d'une oeuvre artistique, manipulant la réalité avec assez de finesse pour laisser apparaître les signes qui vont pousser l'imagination à prendre le pouvoir sur la raison.
Lucille et ses deux hommes
Au-delà des qualités narratives, ce qui fait le charme de cet épisode réside dans la spontanéité de l'ensemble, les scénaristes vendant les ajustements du récit comme des improvisations de dernières secondes. Evidemment, la scène de Lucille entre Hardison et Elliott est l'exemple type de la bonne synergie entre les comédiens, les deux associés se mettant à chanter sur une ligne droite une chanson affreuse et improvisée. Un moment de comédie brillant où l'amitié entre les deux devient très tangible, profitant de la mise en scène impeccable de Jonathan Frakes.
En conclusion, du Leverage comme on l'aime, drôle, inventif et très divertissant qui s'amuse à créer l'hypothèse d'un premier contact qui va très mal tourner pour la cible du jour. Un divertissement très satisfaisant, à l'opposé de l'histoire de la semaine précédente, avec une scène de Lucille particulièrement irrésistible. Si les acteurs sont tous bons, le duo Elliott - Hardison reste le point fort d'un épisode malin et bien écrit, renouant avec ce charme particulier à la série consistant à rendre le sourire en jouant avec l'âme d'enfant du spectateur.
J'aime :
- la scène de Lucille absolument hilarante
- simple, précis, très efficace
- Christian Kane dans un rôle inattendu
Je n'aime pas :
- prévisible surtout dans sa conclusion
- l'absence d'écoute de Ford mal exploitée
Note : 13 / 20
Un divertissement très agréable et particulièrement bien construit qui prouve que l'équipe créative de Leverage est encore capable de surprendre dans le bon sens. Une intrigue qui exploite parfaitement les comédiens et efface le mauvais souvenir d'il y a quinze jours, en particulier grâce à la réalisation impeccable de Jonathan Frakes.