Critique : Magic City 1.07

Le 21 mai 2012 à 04:15  |  ~ 9 minutes de lecture
Un épisode qui offre une première partie un rien inégale avant de décoller brutalement lors d'une confrontation remarquable entre Ben et Isaac.
Par sephja

Critique : Magic City 1.07

~ 9 minutes de lecture
Un épisode qui offre une première partie un rien inégale avant de décoller brutalement lors d'une confrontation remarquable entre Ben et Isaac.
Par sephja

"Jamais âme innocente en ces lieux ne s'embarque"

 

Danny annonce à Stevie qu'un inconnu a récupéré les polaroids le montrant avec Lily, demandant une forte somme d'argent contre leur restitution. Pendant ce temps, Meg rejette une nouvelle fois la demande d'Isaac de se mettre en affaire avec elle, tandis que le Miramar commence à subir les conséquences néfastes de l'arrivée au pouvoir de Castro. Surtout que Ben Diamond découvre au cours d'une partie de poker que le sénateur à qui Isaac était sensé verser des pots de vin en son nom n'a strictement pas reçu un centime.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  un épisode qui utilise Diamond pour faire monter la pression 
  •  l'art de la survie en milieu hostile
  •  un scénario séduisant, mais inégal 
  •  un season final qui annonce une féroce redistribution des cartes  

 

 

La fin du paradis

 

Après une saison à avoir tenu à flots le Miramar, Isaac commence à perdre le contrôle et son charme qui lui avait ouvert les portes vers le succès a perdu son efficacité. A force de jouer double jeu avec Diamond, il se retrouve totalement pris au piège de ses mensonges, à devoir rendre des comptes sans véritable porte de sortie. Loin des lumières et de l'univers paradisiaque du début de saison, c'est une lente descente en enfer que propose l'épisode, où les personnages sont guidés par un seul sentiment : la peur du "boucher". 

Meg apparait comme la dernière bouée de secours de Ike, mais ses hommes de confiance se rendent bien compte de la créature immonde caché dans les entrailles du Miramar. Dans ce casino qui ne dit pas son nom, où les mensonges sont masqués par la lumière des néons, la peur va s'abattre sur toute la famille Evans, celle d'une mort lente et violente. Le plus inquiet reste Stevie en recevant les photos compromettantes par le biais de Danny, premier à voir toute la gravité de la situation. La première scène est à l'image de tout l'épisode, esthétiquement superbe grâce à un travail sur le cadrage étonnant, où la peur vient servir de révélateur des forces et faiblesses de chacun d'entre eux.

Steven Strait est très bon, son insolence face à la menace qui pèse sur lui révélant une foi irréaliste dans sa bonne étoile, cette conviction dans sa capacité à trouver quoi qu'il arrive une porte de sortie. La scène avec Lily révèle sa nature profondément irresponsable, alors que la peur pousse Lily à tomber le masque, métamorphose surprenante où Jessica Marais révèle une fragilité totalement inattendue. L'épisode monte ainsi en puissance jusqu'à une confrontation finale remarquable entre un Isaac minéral et un Diamond flamboyant, offrant à Danny Huston l'occasion de faire étalage de tout son talent. 

La séquence clé de l'épisode est celle où le procureur présente les nombreux cadavres des anciens associés de Ben, brisant l'imaginaire invulnérabilité d'Isaac. Le mirage s'arrête, les lumières du Miramar s'éteignent et Vera aussi commence à entrevoir l'hôtel pour ce qu'il est, un piège séduisant qui l'enferme dans un rôle qui ne lui convient pas. Pour survivre dans Magic City, il faut ne montrer aucune fragilité, être une reine dont la beauté permet de masquer une nature simplette et excessivement fragile. Un monde cruel et glacial où, empli de nostalgie, elle découvre la nature dysfonctionnelle d'une famille et d'un mari qui l'aime pour ce qu'elle représente à ses yeux et non pour ce qu'elle est. 

 

Le purgatoire et son silence

 

Mais si l'enfer s'abat sur Isaac dans le dernier acte, l'épisode a l'intelligence de prendre le temps de laisser les personnages faire leur introspection, offrant de jolis instants de solitude. De nombreuses solutions se présentent alors à Isaac en particulier, mais il fait le choix de les rejeter, privilégiant la seule qui lui permette de conserver le Miramar, malgré sa nature profondément risquée. Son association avec Meg est très ambiguë, reposant sur un désir inavoué de son ancienne belle-soeur, celle-ci n'hésitant pas à écraser Véra qui paraît à ses côtés assez insignifiante, peinant de plus en plus à assumer son rôle de mère de famille. 

Trop faible, elle peine à exister, son mari lui refusant son souhait de la laisser organiser un spectacle de danse, occasion pour elle de retrouver un peu d'orgueil et de fierté. L'idée est intéressante, mais arrive un peu tard dans la saison, laissant une sentiment étrange qui souligne les hésitations de Mitch Glazer concernant ce personnage. Manquant de soin dans les détails, cet épisode reste une belle réussite formelle, redistribuant les cartes au sein de la famille Evans où Stevie se retrouve en position de faiblesse, là où Danny devient le fils providentiel. 

Evidemment, la scène majeure de l'épisode est celle qui oppose un Jeffrey Dean Morgan totalement sur la défensive à un Danny Huston à la fois furieux contre lui et triste pour son associé. La façon dont celui-ci varie le ton, ses "you" hurlés à la manière d'un chien qui aboît sont autant d'idées brillantes qui donnent à cette scène une force indéniable. Totalement fragilisée, Ike révèle le secret caché derrière le Miramar, le sacrifice majeur qu'il a dû accepter pour bâtir son paradis, sacrifiant l'âme de sa famille dans le seul but d'atteindre son rêve. 

A un épisode de la fin, le show de Mitch Glazer se concentre totalement la nature de la relation entre les Evans et leur hôtel, révélant la faute originelle d'Isaac à l'origine de son propre malheur. Devenant vulnérable, les personnages de Magic City perdent leur superbe, en particulier Jessica Marais lors d'une confrontation avec Stevie où l'érotisme de la jeune femme s'évanouit brutalement pour laisser voir tout son désarroi. De femme fatale, elle devient fragile, la peur de la mort lui enlevant tout son pouvoir de fascination, comme un mirage balayé par le souffle froid du démon. 

 

 

L'enfer comme dernière étape 

 

A un épisode de la fin, le show de Mitch Glazer ne marque pas la montée en puissance espérée malgré la qualité d'écriture de l'épisode et les bonnes idées de mise en scène qu'il contient. La faute à quelques éléments mal exploités comme la partie concernant Castro et le personnage de Victor Lazaro qui n'aura pas eu le temps d'exister pleinement durant cette première saison. Manquant par instant de maîtrise, ce premier acte n'est clairement qu'une simple mise en place, l'intrigue possédant le potentiel et la richesse pour se développer sur plusieurs années. 

De même, le personnage de Vera aura été un des maillons faibles du show, connaissant une évolution inégale, portrait complexe et difficile d'une épouse qui découvre qu'elle ne pourra pas trouver le bonheur au sein du Miramar. Devenue reine trop vite, elle aura la proie de la force de séduction de cet endroit qui exacerbe les illusions et les espoirs, se donnant des faux airs de paradis où le péché serait roi. Seulement, le miroir se craquelle lentement et la magie commence à s'estomper, révélant un monde stérile et froid, un royaume indifférent construit sur la mort et l'alliance avec l'un des pires criminels. 

Le palace mirobolant des premiers temps s'efface pour laisser apparaître depuis la maison de Meg Bannock une bâtisse vulgaire et provocatrice qui dénature totalement le paysage. Perdant son brio, le Miramar devient la métaphore de l'esprit d'Isaac, petit voyou devenu le roi d'un royaume artificiel bâti sur la trahison et le mensonge. Lentement, l'auteur nous questionne sur notre rapport à son héros, posant la question de la morale de ce Faust des temps modernes cherchant une nouvelle fois à doubler le diable.

 

Un season final ouvert

 

Le plus étrange avec cette saison de Magic City est le choix d'une structure en huit épisodes, format beaucoup trop court qui ne permet pas à Mitch Glazer d'exploiter tout le potentiel du show. De nombreux éléments n'ont pas été assez développés et cette première saison apparaît comme une simple introduction pour une série indéniablement ambitieux. Mal maîtrisé par instant, l'univers vaste et complexe de Magic City échappe légèrement à son créateur, en espérant que le season final dans quinze jours marque une redistribution forte des cartes pour la saison deux à venir 

En conclusion, un épisode qui offre de très bonnes scènes grâce à une écriture élégante et des comédiens particulièrement impressionnants. Si la confrontation entre Isaac et Diamond reste le point d'orgue de l'épisode, l'intrigue propose une progression intéressante, la peur du Boucher révélant la vraie nature de plusieurs personnages. Le changement brutal concernant Lily vient confirmer que la série a encore beaucoup de secrets à dévoiler, série ambitieuse et tellement foisonnante qu'elle oblige Mitch Glazer à faire le sacrifie de certaines sous-intrigues.

 

J'aime :

  •  la scène où Lily révèle enfin sa vraie nature 
  •  la confrontation entre Diamond et Isaac 
  •  la scène finale entre Ike et Meg 
  •  la réalisation impeccable et la bande-son envoutante

 

Je n'aime pas : 

  •  certaines storylines pas assez exploitées 

 

Note : 14 / 20 

Un épisode intense dans son deuxième acte où la peur de Diamond pousse les personnages de la série à révéler leur vrai visage. Malheureusement, certains points du récit comme l'histoire de Victor Lazaro sont trop peu exploités, laissant l'impression d'un manque de maîtrise malgré les qualités indéniables du scénario de Mitch Glazer. 

L'auteur

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