Critique : Magic City 1.08

Le 17 juillet 2012 à 20:28  |  ~ 10 minutes de lecture
Un season final étrange qui laisse un sentiment mitigé, ne parvenant à proposer une intrigue aussi intense qu'espérée.
Par sephja

Critique : Magic City 1.08

~ 10 minutes de lecture
Un season final étrange qui laisse un sentiment mitigé, ne parvenant à proposer une intrigue aussi intense qu'espérée.
Par sephja

Sympathy for the Devil

 

Jack Klein tient Judi Silver et décide de lui mettre la pression afin d'obtenir la tête d'Isaac Evans tout en ne masquant pas que son véritable objectif est Diamond. Pendant ce temps, Stevie parvient à remettre la main sur les négatifs des photos le montrant avec Lilly et les brûle, sûr d'avoir détruit la totalité des exemplaires. Seulement, il ignore que la petite-amie de Dave dispose d'un dernier exemplaire qu'elle dépose dans la boîte à lettre de Ben.

 

Résumé de la critique

 

Un épisode plaisant que l'on peut détailler ainsi :

  •  un procureur qui prend une nouvelle dimension
  •  les failles de l'univers du Miramar  
  •  un season final trop anecdotique 
  •  un bilan de la saison un

 

Le bras autoritaire de la justice

 

Fin de saison étrange pour Magic City tant cet épisode ne marque qu'une simple étape ans une histoire qui a heureusement bien l'intention de se développer au-delà de cette seule saison. Dépassée par son ambition, Mitch Glazner se retrouve aux prises du piège des nombreux arcs narratifs qu'il doit achever, ne parvenant pas à proposer une conclusion à la hauteur des enjeux de départ. Pourtant, l'épisode est loin d'être ennuyeux, offrant quelques rebondissements bien pensés en mettant en avant le personnage le moins exploité jusqu'ici du show, le procureur Jack Klein.

Habitué jusqu'ici à n'apparaître qu'en coup de vent, Matt Ross joue un rôle décisif dans cet épisode, sa première scène avec Elena Satina marquant les esprits par sa brutalité froide et directe. Jusqu'ici légèrement transparent, le policier prend une envergure inattendue, se montrant digne de baigner dans les mêmes eaux qu'Evans et Diamond. Une révélation qui est l'évènement d'un épisode qui va s'efforcer avant tout de générer un nouveau rapport de force entre lui et le patron du Miramar, le créateur de Magic City s'efforçant d'équilibrer la balance.

Rééquilibrer les pouvoirs, voici la tâche que s'est donnée Mitch Glazner ce qui s'avèrerait être une bonne idée si cet épisode n'était pas le dernier de cette saison. Au lieu de monter en puissance, le show poursuit son chemin, plaçant Evans à la merci d'un procureur qui a bien l'intention de montrer son pouvoir et sa capacité de nuisance à la mafia de la ville de Miami. La façon dont il vient interrompre la présentation de Jeffrey Dean Morgan permet de cerner sa volonté d'imposer son autorité en soignant le timing de ses apparitions et l'ampleur médiatique de ses faits et gestes.

La scène où il quitte le casino avec Ike est un moment remarquable où la fidélité des employés d'Evans apparaît pleinement, intervenant pour protéger l'image de leur patron et de l'hôtel. Une façon de rappeler combien Isaac est l'âme et le coeur de ce bâtiment, son absence engendrant un instant de grande fragilité au sein des employés. L'occasion pour les auteurs de se pencher sur le petit microcosme du Miramar, symbole d'une série à la fois réjouissante par ses qualités esthétiques et terrassée par son incapacité à se montrer à la hauteur de ses ambitions.

 

 

Révélation et révolution

 

Alors que Ike est détenu en prison pour meurtre, l'hôtel se retrouve décapité en plein présentation pour l'acquisition d'un spectacle télévisé décisif pour les finances de l'établissement. Une occasion que va saisir Vera qui se révèle brutalement une femme opportuniste et ambitieuse, s'arrachant à l'emprise de son mari sans pour autant le trahir, loin du portrait fragile de la femme passive du début de saison. Une évolution positive pour un personnage qui trouve enfin sa place, sortant de son rôle de simple épouse pour retrouver la flamme de la danse, cette passion qui l'anime.

Pourtant, malgré ses qualités, une faille apparait concernant Victor Lazaro et la gestion de l'intrigue autour de ses tentatives pour faire revenir sa femme de Cuba. Si la scène d'ouverture de ce point de vue est esthétiquement remarquable, elle inspire une frustration chez le spectateur tant l'absence de développement autour de Maria laisse un vrai sentiment de gâchis. Une absence de mise en valeur qui donne à ce démarrage des accents pathétiques, Mitch Glazner n'ayant jamais réussi à gérer convenablement cette part de l'intrigue.

Il en va de même pour Mercedes dont le rôle parait un peu trop décoratif et déconnecté de l'intrigue principale pour intéresser vraiment, peu mise en valeur par la personnalité trop discrète de Danny. En concentrant une bonne part de l'épisode au drame touchant des Lazaro, les auteurs de Magic City laisse paraître un certain manque d'efficacité dans la gestion des intrigues secondaires, ne parvenant pas à faire exister l'univers du Miramar, à lui donner la richesse et la profondeur que l'on serait en droit d'attendre de ce show.

En résumé, si cette série a su maintenir l'illusion d'être une grande série grâce à une forme élégante et une mise en scène séduisante, ce season final agit comme un révélateur du travail qui attend Mitch Glazer pour venir à la hauteur de ses ambitions. L'intrigue des Lazaro apparaît comme une faute regrettable et étrange, tout comme cet épisode bizarre qui semble hésiter sur la voie à suivre sans parvenir au crescendo dramatique attendu. Un épisode mineur sans être raté, mais qui expose beaucoup trop les défauts de la série pour permettre d'en percevoir toutes les qualités.

 

This is not the end

 

Après un début de saison ambitieux, Magic City était parvenu à créer une intrigue passionnante autour de l'opposition entre Ike Evans et Ben Diamond, une histoire sombre et tendue jusqu'au climax de la semaine précédente. Au coeur de ce conflit, les tentatives de celui-ci de s'extraire d'un pacte qui apparaissait de plus en plus comme une damnation, cherchant à duper son associé qui se révèle un fin stratège en repérant ses différentes magouilles. Pourtant, la tentation de jouer avec le feu de Lilly et Ike les ramène tous deux à la même situation, à savoir l'obligation de trouver un pacte pour pouvoir sauver leurs têtes.

Ainsi, la relation adultère se transforme en un spectacle grotesque, offrant l'occasion à Ben Diamond de jouir du spectacle de son propre pouvoir, celui de vie ou de mort sur Stevie et sa femme adultère. Une conclusion qui possède un certain potentiel, mais parait assez frustrant, tant cette conclusion n'exploite pas les secrets concernant Lilly apparus dans l'épisode précédent. Un peu terne, cette conclusion aboutit à un statut quo frustrant, montrant la difficulté pour Mitch Glazer de mêler ses exigences artistiques avec celles de la chaîne.

En conclusion, un season final plaisant, mais bien loin de ce que l'on était en droit d'attendre de la part d'un show comme Magic City. Sans climax particulier, un épisode de transition qui propose quelques bonnes idées, mais laisse apparaître plusieurs défauts par le biais d'une intrigue Lazaro totalement déconnectée du reste de la série. Sans être mauvais, un épisode assez standard qui impose avant tout le personnage féroce de Jack Klein, sorte d'Elliott Ness prêt à tous les moyens pour abattre ses ennemis. 

 

Un paradis au milieu des crocodiles et des requins

 

Comparée à ses débuts à Mad Men ou à d'autres séries de gangsters, le show de Mitch Glazer aura su imposer cette saison une identité forte, celle de l'histoire d'un hôtel paradisiaque, le Miramar, construit en plein milieu des marais du Miami des années cinquante. A l'intérieur, son roi, Isaac Evans, un homme à mi-chemin entre le bien et le mal, architecte d'un gigantesque mirage cachant dans ses fondations même un pacte avec une entité démoniaque, Ben Diamond. Entre la surface éblouissante noyée sous la lumière de la Floride et les fonds marins où séjournent les cadavres, Magic Citypossède une ambiance étrange, entre le rêve et la réalité. 

Utilisant les femmes et le vice du jeu, Evans soigne ses clients, mettant toute son énergie à satisfaire une clientèle venue se couper de la réalité dans un univers de luxe et de prestige, de corruption et de mensonge, entre les flammes d'un soleil brûlant et le froid glacial de l'océan. Vivant dans le luxe de ce décor, la famille Evans aura occupé une bonne part de l'intrigue, donnant un ensemble inégal, la storyline de Danny se révélant la plus pauvre. En effet, si le soin apporté à la réalisation reste impressionnant, sa gestion des intrigues secondaires se révèle plutôt frustrante, certaines s'achevant sans évolution significative. 

Les comédiens ont beau être impeccable, la photographie admirable et l'intrigue rondement menée, le manque d'achèvement de cette saison laisse une impression globale plus mitigée que prévu. Polar vénéneux, cérébral et complexe, Magic City aura raconté l'histoire d'un homme qui montre une foi insolente dans sa bonne étoile, n'hésitant pas à se compromettre tout en lui laissant la marge de manoeuvre d'Ike très limitée par rapport à ses partenaires. Avec son histoire sombre et tragique, la série raconte l'histoire d'un homme pris entre le paradis et l'enfer, vivant dans l'illusion d'un palais aux fondations fragiles. 

Au milieu des crocodiles et des requins, Isaac sait que l'instinct de survie est le meilleur des atouts, celui qui permet d'échapper aux mains qui tentent de vous soumettre, aux concurrents qui veulent vous abattre. Donner aux uns, prendre aux autres, jouer un numéro de funambule permanent, voilà le quotidien d'Ike Evans dans un polar passionnant sur un homme perpétuellement  au bord du néant, trônant au sommet d'un hôtel construit sur des sables mouvants et un pacte écrit en lettre de sang avec Diamond.

 

J'aime :

  •   la première scène entre Klein et Judi
  •  la réalisation impeccable
  •  la scène de la négociation de Vera   

 

Je n'aime pas :

  •  l'absence d'un véritable climax
  •  la mauvaise mise en valeur de la storyline des lazaros  

 

Note : 13 / 20 

Un season final légèrement décevant à la vue du potentiel de départ, la faute à une storyline autour des Lazaro trop coupée de l'intrigue principale pour intéresser vraiment. Une conclusion qui manque d'intensité, offrant une scène entre Lilly et Ben Diamond qui déçoit quelque peu.

L'auteur

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