Ceci est une révolution. Dans quelques années, on se souviendra de cette date du 24/09/2013 comme de la première tentative de crossmédia entre films et série TV. Attention, comprenons-nous bien : Firefly, Sex on the City, ou The X Files ont eu des prolongations en film. Ici, c'est différent. On peut supposer que cette série suivra le fil rouge constant de l'univers Marvel au cinéma. Et c'est tout de suite le premier piège auquel est confrontée la série : devenir autre chose qu'un simple bonus DVD, complément aux films.
Marvel Agents's of SHIELD (aka MAoS) raconte la formation d'une équipe destinée à prévenir toutes menaces super-héroiques et extra-terrestes après les événements survenus dans The Avengers. Marvel Agents of SHIELD, c'est ce qu'on appelle un aftermath. Wikipédia l'explique mieux que moi : "Aftermath est un mot anglais signifiant « suites, répercussions », pour désigner les conséquences d'une catastrophe ou l'après-guerre. Il est fréquemment utilisé dans des titres d'œuvres artistiques" . De la même facon que le très mauvais Iron Man 3 mettait Tony Stark face aux conséquences de la bataille de New York, Agents of SHIELD fait pareil avec l'Agent Coulson.
"Welcome to Level 7 !"
Car oui, l'agent Phil Coulson , personnage ultra récurrent dans l'univers ciné de Marvel et mort dans The Avengers, est bel et bien présent, ressuscité. J'ai particulièrement apprécié son apparition et le mystérieux sous-entendu concernant son passé. Il faut dire que Clark Cregg porte sur ses épaules pas mal de la qualité de ce pilote. L'homme est classe, quoiqu'il fasse et chacune de ses apparitions booste l'épisode... qui en a bien besoin. La grande qualité de Joss Whedon (réalisateur ici) c'est sa capacité à très bien choisir son casting. Et ce n'est pas Nicholas Brendon ou Summer Glau qui diront le contraire. Ici, il se plante dans les grandes largeurs. Iain De Caestecker (le geek), Elizabeth Henstridge (la biologiste) et surtout Brett Dalton (l'agent Grant Ward) semblent jouer à l'acteur qui jouent le plus mal. Toutes leurs répliques sonnent faux, à peine rattrapées par la joie communicative de Chloé Bennet (Skye).
Et c'est bien dommage, tant le soin apporté par Joss Wedhon, son frère et sa belle-soeur (si si la famille) aux dialogues transparait constamment. On sent que le scénariste d'un des meilleurs run des X-Men respecte énormement le matériel avec lequel il travaille. Les habiles références (j'ai, pour ma part, particulièrement apprécié celle sur Journey Into Mystery) sont intelligemment glissées dans le récit, sans que cela fasse forcé comme c'est trop souvent le cas. Ces dialogues qui font souvent mouche rattrapent souvent par des pirouettes des situations trop souvent plates.
" With great power comes ... a ton of weird crap that you are not prepared to deal with."
En effet, malgré les meilleures intentions du monde, MAoS peine à convaincre. Il faut dire que, fan de comics, je partais sans doute avec d'assez grandes attentes. Joss Whedon a beau maitriser les codes de la télévison à la perfection, le format télévisuel cadre mal avec l'ambition du projet. Tout fait cheap : du fond vert mal inscrusté, de la faute de faux raccords sur la Tour Eiffel au tout début de l'épisode, en passant sur cette constante impression que ce pilote a été tourné dans un studio de 30m² grand maximum. Même le scénario finit par faire une sortie de route regrettable. Le fait est que la mort de Coulson est supposée être un très grand secret. Celui-ci se balade peinard dans de gros vans avec le logo S.H.I.E.L.D dessus, à travers les Etats-Unis. A ce rythme là, tout le monde en Amérique finira par être "level 7".
Pire, les personnes choisies pour composer cette équipe d'élite semble être de parfaits idiots. Je me demande du coup qui sont les gens qui travaillent sous leurs ordres. On se retrouve constamment bloqué entre une volonté évidente d'impressioner et d'innover et la réalité de ce qui se passe vraiment à l'écran. MAoS ne quitte donc jamais vraiment son statut d'aftermath, en reprenant même l'intrigue toute perrave d'Iron Man 3 sur Extremis. La série ne parvient pas à réussir ce qui était, au fond, son plus gros challenge : devenir une série à part entière.
Au final, on obtient un pilote qui lorgne grandement vers le grand spectacle et l'humour décomplexé qui n'apportent strictement rien de neuf dans l'univers des séries (comme pouvait par exmple le faire l'incompris Dolhouse). Jed Wedhon (qui prend le relais de son frère) devra bien davantage apporter autre chose de plus intriguant pour maintenir notre intérêt jusqu'au bout de cette saison. Par confiance dans l'ensemble du projet, je vais continuer. Mais la vérité, c'est que cela aurait été un comic, je n'aurais pas acheté la suite.
PS : Si vous voulez vraiment voir une bonne série sur le S.H.I.E.L.D, regardez le court métrage Agent Carter centré sur le love-interest de Captain America ou lisez la très bonne série de Brian Micheal Bendis, Secret War.
J'ai aimé :
- Chloé Bennet
- Clark Cregg
- Un sens des dialogues qui ne trompe pas
Je n'ai pas aimé :
- Des acteurs cheap
- Des décors et effets spéciaux cheap
- Bref, une impression de cheap qui ne m'a jamais quitté
Ma note : 11/20.