Critique : Marvel's Jessica Jones 1.01

Le 23 novembre 2015 à 21:02  |  ~ 10 minutes de lecture
Une introduction très efficace à une série que j'attendais depuis très longtemps.
Par RasAlGhul

Critique : Marvel's Jessica Jones 1.01

~ 10 minutes de lecture
Une introduction très efficace à une série que j'attendais depuis très longtemps.
Par RasAlGhul

Attention. Cette critique comporte des spoilers quant à la fin de l'épisode.


Cette série, je l’attendais depuis son annonce. Je comptais fébrilement les semaines me séparant de son visionnage. En plus, c’était une série Netflix, ce qui veut dire que je pourrais la dévorer en seulement un week-end – ou une journée si j’étais motivé. Vous l’avez deviné – notamment parce que la fiche série est juste au-dessus de cette introduction – je parle évidemment de Jessica Jones.

 

Jessica Jones en mode comics

 

Petite présentation de son personnage, pour que vous puissiez avoir quelques clés d’entrée d’épisode. Jessica Jones est une super-héroïne, ayant participé à de nombreuses batailles avec les Avengers, sous les pseudonymes de Knightress ou Jewel. Costumes colorés, crush monstrueux sur Peter Parker, une super-héroïne normale quoi. Après un évènement traumatisant, on la retrouve luttant contre son PTSD et les souvenirs de l’homme qui l’a abusée mentalement et physiquement pendant près de huit mois. Elle est désormais détective privée, et tente de paralyser ses peines et ses peurs dans l’alcool. L’univers du comics est résolument sombre et cru, et je me demandais comment Marvel – aux films d’habitude si gentillets – allait traiter tout cela. Pour la dernière petite anecdote, c’est le premier comics à avoir utilisé le mot « fuck ».

Mais pour être tout à fait honnête, j’étais surtout impatient de voir Jessica Jones parce que l’héroïne principale est – vous l’aurez compris – une femme ! Et pas seulement une femme, mais également une héroïne qui n’a pas d’homme autour d’elle à qui on pourrait la comparer – telles que Supergirl ou Peggy Carter.

J’étais comme un petit fou devant mon ordi, et AKA Ladies Night se révèle être une très bonne introduction à l’univers de cette détective privée avec des super-pouvoirs, essayant de reprendre sa vie en main.

 

 

Lorsque Veronica Mars rencontre Marvel

 

Jessica en pleine enquête

 

Étant un fan absolu de Veronica Mars, j’ai d’abord pensé que les similitudes entre cette série et Jessica Jones n’étaient que le fruit de mon imagination désespérée de revoir un jour Veronica. Cependant, même en étant objectif, on trouve beaucoup de points communs entre les deux shows.

Une ambiance néo-noir – qui était la caractéristique principale de Veronica Mars – règne sur AKA Ladies Night, et ce dès le générique. Honnêtement, malgré tous les griefs que j’ai pu avoir contre Daredevil, je ne pouvais pas nier que son générique était super classe. Netflix se donne vraiment du mal de ce côté-là, et l’on est tout de suite plongé dans l’atmosphère si particulière de Jessica Jones. On a l’impression de suivre un vieux film noir des années 50, avec un ton résolument jazzy. De plus, l’héroïne est détective privée et boit de l’alcool en quantités impressionnantes.

Qui plus est, le procédé toujours risqué des voice-overs est également utilisé tout au long de l’épisode. Le clin d'œil au comics est appuyé, puisque que la majorité des paroles énoncées par Krysten Ritter sont des bulles du tout premier comics Alias. Pour les connaisseurs, cela prêtera à sourire mais si l’on ne connaît pas l’œuvre de laquelle est tirée la série, il est un peu difficile de suivre tout ce qui se passe. C’est l’un des défauts de ce pilote d’ailleurs, qui n’explique que sporadiquement l’univers dont il est issu.

Enfin, dernier point commun entre Jessica Jones et Veronica Mars – et promis, après, j’arrête – : Krysten Ritter. Je n’ai jamais été convaincu par l’actrice dans tout ce que j’ai vu d’elle, mais après le pilote, je ne peux plus imaginer quelqu’un d’autre dans le rôle. Elle réussit à apporter son timing comique et son sarcasme à Jessica – même si à des moments, cela tombe à plat – mais surtout, elle réussit très bien à retranscrire les épreuves que traverse son personnage.

 

 

Un univers résolument sombre, où les femmes sont au pouvoir (les deux ne sont pas liés, hein !)

 

Le fait que Jessica Jones soit estampillée Marvel ne rend pas automatique le fait qu’elle soit considérée comme une série de super-héros. C’est davantage le récit d’une survivante d’abus psychologiques et – sans aucun doute – sexuels, qui possède également des super-pouvoirs.

L’univers de la série se révèle extrêmement sombre, et cela fait référence au comics. AKA Ladies Night effleure seulement les abus qu’a pu subir Jessica, mais il nous les fait ressentir à travers l’exemple de Hope (Erin Moriarty), une des victimes de Kilgrave, qui représente l’enquête du pilote. Il règne une atmosphère perturbante, malsaine autour de l’épisode, et ce dernier est vraiment efficace lorsqu’il s’agit de nous introduire dans son univers.

 

Jessica et Trish

 

Jessica Jones est une série où les femmes sont au pouvoir. On rencontre Patsy « Trish » Walker (Rachael Taylor), la meilleure amie de Jessica, présentant une émission de radio à succès, et Hogarth (Carrie Ann-Moss), une avocate lesbienne – le premier personnage ouvertement gay du Marvelverse jusqu’à présent – qui trompe sa femme avec sa secrétaire. Dans le cas de cette dernière, l’intrigue ne m’intéresse absolument pas. Néanmoins, c’est marrant de voir que les rôles et les clichés sont renversés, dans la mesure où ce sont normalement des hommes au pouvoir qui ont des relations extraconjugales avec leur(s) secrétaire(s).

 

Luke Cage

 

Du côté masculin, on rencontre Luke Cage (Mike Colter), le grand amour de Jessica dans les comics, l’homme que notre héroïne stalke sans que l’on n'ait plus d’informations pour l’instant. Il aura sa propre série Netflix plus tard, mais pour l’instant il tient un bar dans un Hell’s Kitchen toujours ravagé par la bataille de New-York. Les deux se rencontrent, flirtent et finissent par coucher ensemble – comme dans le comics. La scène est triplement révolutionnaire :

  • Le Marvelverse n’a jamais eu de scènes de sexe jusqu’à présent.
  • Les scènes de sexe interraciales ne sont pas légion dans l’univers des séries télévisées.
  • La scène suggère un passage de sexe anal.

 

En elle-même, la scène joue toujours dans la même ambiance que l’épisode ; Jessica cherche à se débarrasser de ses démons, et elle veut montrer à Luke – qui se retient clairement – qu’elle est largement capable de tenir la cadence. La gêne est même présente entre les deux personnages à la fin de l’acte, comme si aucun des deux n’osait se lâcher entièrement. Ce que l’on doit retenir, c’est que l’alchimie entre Ritter et Colter est excellente, ce qui rend la possibilité de leur couple réjouissante.

 

 

Un méchant qui promet

 

L’autre homme important de Jessica Jones n’est pas présent au sein d’AKA Ladies Night. Ce n'est pas pour autant qu'il ne fout pas les jetons : j’ai nommé le grand méchant de cette saison, celui qui ressemble comme deux gouttes d’eau au dixième Doctor : Kilgrave (David Tennant). Il possède le pouvoir de manipuler les gens à faire ce qu’il souhaite. Ses apparitions restent fugaces, comme des visions dans l’esprit de Jessica. Le procédé est efficace, puisqu’il instaure la menace que représente le personnage, sans jamais que ce dernier soit physiquement présent. On voit le résultat de ses actions, et inutile de dire que ce n’est pas joli joli. La scène où Hope est en lingerie, ne pouvant pas bouger du lit, regardant l’heure et baignant dans sa propre urine, dérange et trouble.

 

Hope, la jeune fille enlevée par Kilgrave, retrouve ses parents

 

Kilgrave fonctionne comme l’incarnation du manipulateur, de l’abuseur de jeunes femmes. Il possède une fascination morbide pour Jessica, et essaye à tout prix de l’attirer à nouveau dans ses filets, qu’importent les moyens – et les personnes – utilisés. C’est réellement perturbant à regarder, mais également résolument efficace. Kilgrave est clairement mauvais jusqu’à la moelle, mais on ne connaît pas encore sa réelle personnalité, qui devrait réserver de nouvelles – et horribles – surprises. Pour l’instant, c’est l’homme qui oblige une jeune fille à tuer ses parents, puis à regarder Jessica d’un air vide, et à lui demander de sourire. Brrh...

 

AKA Ladies Night se révèle être une introduction très efficace à l’univers sombre de Jessica Jones. S’il peut paraître difficile au début de rentrer totalement dans l’action – surtout si on ne connaît pas le matériel-source – l’épisode prend bien le temps d’installer son ambiance et son ton. La série se démarque de tout ce qui a été fait sur les super-héros jusqu’à présent, et le fait qu’il est possible de la binge-watcher rend encore plus impatient quant au fait de dévorer la série. Néanmoins, comme dans de nombreuses œuvres Netflix, il faudra lui donner le temps de s’installer.

 

J’ai aimé :

 

  • La maturité de l'univers.
  • La place des femmes dans la série.
  • Le personnage de Jessica.
  • Le côté malsain, appuyé par l'innocence, du personnage de Hope.
  • Tout ce qui concerne Luke et Jessica.

 

Je n’ai pas aimé :

 

  • La storyline entre Hogarth et sa secrétaire.
  • Le sous-développement de Trish.

 

Mise(s) en garde :

 

  • Attention à ne pas trop prendre son temps. Mais c'est là où Netflix triche, en proposant toute sa série d'un coup.
  • Il faudra faire attention à rendre Jessica crédible dans les scènes d'action.
  • Le sujet d'abus psychologiques et sexuels est compliqué à traiter. Attention à ne pas tomber dans les clichés.

 

Ma note : 17/20.

L'auteur

Commentaires

Avatar MembreSupprime2
MembreSupprime2
J'avais déjà pas mal envie de voir cette série mais alors là, tu m'as sur-hypé ! Ça me fait chier de ne pas avoir, pour l'instant, le temps de la voir, avec tout ce que je regarde en ce moment...

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