Pitch renaissance
Après plusieurs mois de travail de serveuse, Mildred a enfin réussi à équilibrer son existence, trouvant dans son travail et sa famille un début d'épanouissement. Très vite, elle retrouve une ambition qu'elle croyait perdue et envisage d'ouvrir son propre restaurant. Aidée par son amant occasionnel Wally, elle va commencer à voir se réaliser son rêve.
Le mélodrame comme un art majeur
Après un premier chapitre légèrement trop lent et plutôt abrupt formellement, Mildred Pierce va jouer une musique plus douce, proposant un récit plus dynamique, porté par une Kate Winslet toujours absolument parfaite.
Après avoir longtemps lutté contre son nouveau statut social, Mildred va donc retrouver un début d'espoir, celui du rêve américain des Trente glorieuses, où l'ascenseur social n'était pas qu'un mythe. Emportée par l'enthousiasme de l'héroïne, l'histoire devient plus légère jusqu'à l'arrivée de Monty Beragon, jeune rentier légèrement arrogant, interprété par un Guy Pearce étonnant.
Découvrant pour la première fois une passion qui lui était inconnue, Mildred se coupe un moment du reste du monde et se libère enfin de tout le poids des peines et des souffrances des derniers mois. Sans jamais chercher la facilité, le récit se montre tendre et pudique, esquivant avec talent les mièvreries et les longueurs typiques des mauvais mélodrames.
Car le final de l'épisode est à la fois terrible, abominable, créant avec violence une rupture absolument bouleversante au sein d'un récit jusqu'alors innocent et léger. Irracontable, ce coup de théâtre détruit tout sur son passage et m'a plongé dans le désarroi le plus complet, tant l'oeuvre qui commence à se tisser sous mes yeux dépasse de loin toutes mes espérances. Le mélodrame est un art majeur quand il est fait avec autant d'intelligence et de talent, et rares sont les oeuvres aussi émouvantes et remarquables que ce second acte.
L'importance des scènes d'expositions
La première évidence après cet épisode renversant est que rien n'aurait été possible sans toute la mise en place du premier acte. Car les scènes d'expositions, si lentes ou "ennuyeuses" soient-elles, permettent au réalisateur de donner à l'histoire toute son ampleur. Loin de jouer sur le conflit mère-fille du film de Michael Curtiz (1945, très bon mais peu respectueux du roman) Todd Haynes préfère proposer un récit qui se refuse à être prévisible, créant des difficultés pour mieux entraîner Mildred vers des choix judicieux, un espoir retrouvé et un amour naissant.
Les cadrages, loin de chercher la facilité, sont d'une inventivité et d'une finesse remarquables, la photographie sublime chaque paysage et aide parfaitement à l'immersion dans le récit. Tout le travail accompli au démarrage trouve enfin son aboutissement, jusqu'à un final absolument superbe, transcendé par une musique de Carter Burwell renversante. Peu d'oeuvres peuvent se vanter d'une telle cohérence entre la forme et le fond. Mildred Pierce est une oeuvre qui mérite que l'on fasse preuve de patience afin de pouvoir au mieux ressentir les joies et les peines de l'héroïne.
Car il n'est pas question dans cette mini-série que d'un flot ininterrompu de sentiments d'une force remarquable, comme seuls les grands mélodrames peuvent nous faire partager.
Simplement splendide et immanquable
Après un premier acte qui m'avait certes convaincu mais dont l'austérité pouvait justifier de nombreux découragements, cette suite n'est qu'une immense récompense, un moment de plaisir incroyable pour les amateurs de vrais mélodrames (Je la comparerais à des films comme Quand passent les cigognes de Kalatozov). Dire que je suis emballé est bien trop faible, et je sens déjà que j'aurais le plus grand mal à attendre l'acte III qui, j'en suis sûr, saura atteindre le même niveau d'excellence.
Il est juste regrettable de voir que la mini-série est un échec du point de vue des audiences, et je ne peux que conseiller de ne surtout pas passer à côté. En une heure, cette mini-série m'a totalement convaincu, et je suis fier des deux heures passées devant elle.
"Grandiose est le talent quand il s'exprime avec la sagesse et la maîtrise d'un maître sûr de son art."
J'ai aimé :
- la mise en scène grandiose
- Kate Winslet exceptionnelle
- un final bouleversant
- un vrai mélodrame, digne des plus grands
- une musique vraiment superbe
Je n'ai pas aimé :
- avoir à attendre pour la suite
Note: 17/20