Allo maman, ici la bouteille d’alcool !
Mom nous présente la vie d’une mère qui a plus d’un problème dans sa vie. Dressons rapidement le tableau : Christy est une mère célibataire ayant deux enfants. Elle est serveuse, couche avec son patron marié, va aux alcooliques anonymes où elle y retrouve sa mère avec qui elle a des relations compliquées. Cerise sur le gâteau, son ex-mari (Badger de Breaking Bad) semble terriblement stupide. Voilà, vous avez tous les éléments pour comprendre l’univers fantastique et original de Mom. La série est bourrée de clichés et stéréotypes, mais bizarrement cela ne choque pas plus que cela, à croire que l’on commence à avoir la fâcheuse habitude aux situations aseptisées dans les sitcoms.
Je dois bien concéder que l’actrice qui joue Christy, Anna Faris (Scary Movie), livre une prestation plus qu’honorable. Elle est convaincante dans le rôle de la mère totalement paumée dans sa vie de merde. En réalité, le problème vient du personnage en lui-même : il est tellement mal écrit et caractérisé que n’importe quelle actrice ne pourrait pas redresser la situation. Quel dommage de voir un talent gâché de cette manière ! Le reste du casting n’est pas mémorable en revanche, en particulier l’actrice qui joue la mère de Christy qui manque cruellement de charisme et de naturel.
Car comme son nom l’indique, Mom traite des relations mère-fille. Christy joue les deux rôles et dans les deux cas, sa situation n’est pas évidente. Elle n’arrive pas à pardonner à sa mère son enfance désastreuse alors que cette dernière semble avoir changé. Les réunions aux alcooliques anonymes leur permettront sûrement de renouer des liens assez forts, mais pour le moment c’est raté. Tout comme la relation entre Christy et sa fille dont on s’en contrefout au bout de quelques secondes. Il y a une absence de crédibilité et de sincérité dans ce que nous propose le show. Pas une seule fois, le spectateur ressent une quelconque émotion pour cette famille en difficulté. Les notions de pardon et d’acceptation sont en principe les points centraux du récit. Dans ce pilot, ils sont malheureusement travaillés à la tronçonneuse et sans aucun relief.
Je fais à peu près la même tête durant tout l'épisode...
Le drama qui s’est pris pour une comédie
Le principal problème de ce pilote (et de la série ?) réside dans sa narration. Quand on désire faire une comédie, il est nécessaire d’avoir des situations drôles ou des punchlines réussies et piquantes. Ici rien de tout ça, je cherche encore où étaient les blagues dans ce pilote. En témoigne la première scène de l’épisode où on suit Christy complètement en pleurs en train de travailler et lançant des répliques style « vous voulez du vin ? ». La gêne dans cette scène est la présence insupportable de la boite à rire toutes les dix secondes. Non mais sérieusement, où est l’aspect comique d’une femme qui chiale en disant des trucs bateau ? Finalement cette scène est le reflet de cet épisode et donne parfaitement le ton au spectateur pour les très longues dix neuf minutes restantes.
Car ce n’est pas la suite qui va changer la donne. J’ai eu la sensation pendant tout l’épisode qu’un stagiaire avait été embauché avec pour mission d’actionner la boite à rires régulièrement. C’est bien simple, aucune situation n’est drôle et plus d’une fois on s’interroge sur la présence de rires enregistrés. La mère de Christy tente tant bien que mal de sortir la tête de l’eau, mais c’est peine perdue. En effet, les scénaristes n’ont pas créé Mom dans une optique de comédie. C'est en fait un drama !
En y réfléchissant tous les ingrédients du drama familial sont là : une mère et grand-mère anciennement alcooliques, des enfants aux problèmes standards (grossesse d’adolescente…) et des personnages masculins stéréotypés et unidimensionnels qui servent juste à faire quelques interactions avec le personnage principal. Et c’est pour cela que la pilule ne passe pas : on nous vend le show comme une comédie, c’est au mieux un drama assez terne.
Et il y a de quoi être étonné par ce résultat ! Le créateur de Mom n’est autre que Chuck Lorre. Oui oui, Chuck Lorre, le papa des excellentes Two and a Half Men et The Big Bang Theory. Alors Chuck, peux-tu m’expliquer, avec tout le talent que tu as, comment as-tu pu créer ce navet ? J’espère que ce n’est pas le début de la "Abramisation" (Lost) pour lui (définition de Abramisation : se contenter de mettre le nom d’un gars qui a fait de bonnes choses sur les merdes les plus obscures). Je gage davantage sur l’accident de parcours ou sinon le monde de la comédie aura du souci à se faire…
So hilarious !
A l’image de son homologue masculin, Mom ne démarre pas de la meilleure des façons. La faute aux scénaristes qui nous vendent la série comme une comédie alors qu’elle n’en possède aucune caractéristique. Chuck Lorre nous a habitués à tellement mieux, mais personnellement je ne pense pas que cette sitcom redressera la situation.
J’ai aimé :
- Anna Faris qui montre qu’elle est une bonne actrice
Je n’ai pas aimé :
- Regarder une série qui prétend être ce qu’elle n’est pas
Note : 07/20
alanparish
