Platane n'est pas une sitcom
1. Il n'y a pas d'unité de lieu.
L'unité de lieu est pratique dans une sitcom :
- Cela permet de diminuer les coûts (on pourra se dire alors que "Platane" est une série ambitieuse).
- Cela permet aussi de tester les gags en public (comme ils le faisaient pour "H" et comme le font pratiquement toutes les séries américaines). Cela dit, "Police Squad" n'était pas non plus filmé en public et les gags étaient très réussis. Mais, il s'agissait là d'un tout autre humour, à savoir d'un humour absurde. Ce n'est pas le choix de la série "Platane", qui a un humour beaucoup plus classique (loin de la "tour Montparnasse infernale").
- Cela permet surtout d'avoir une réalisation efficace. En effet, une des règles du cinéma est que l'action doit aller dans le cadre et non le cadre dans l'action. Cette règle a été remise en cause dans les films et les séries d'actions par la réalisation de "24" notamment. Mais, si pour les films d'actions, cela permet d'augmenter la tension du téléspectateur, dans les comédies cela risque de faire perdre l'efficacité au gag. J'ai donc eu beaucoup d'appréhension en voyant la réalisation pratiquement "caméra à l'épaule". Heureusement, la caméra est fixe lors des gags visuels (lorsque Eric Judor essaye d'aller dans le bureau, alors que la chaise roulante est trop large, par exemple).
2. Il n'y a aucun "stand alone"
Une des règles des sitcoms comiques (surtout les sitcoms d'animation), c'est qu'à la fin de l'épisode, on est au même point (pour l'essentiel) qu'au début; et si ce n'est pas le cas dans l'épisode suivant, on fait comme si de rien n'était (c'est ce qu'on pourrait appeler la technique du "they killed Kenny", utilisé par "South Park"). Et du coup, le téléspectateur peut rater un épisode et suivre facilement. Ici, il n'en est rien. Nous sommes plus dans le mini-feuilleton comique qu'affectionne particulièrement les Anglais (comme avec "La pire semaine de ma vie" par exemple). En général, ce genre là ne se compose en général que des 7 ou 8 épisodes maximum. "Platane" se compose lui de 12 épisodes. N'est-ce pas un peu long pour un feuilleton comique ? Cela condamne-t-il l'éventualité d'une saison 2 ?
Platane, une autofiction
L'écrivain français Iegor Gran se moque de la nouvelle vague d'écrivain tel que Frédéric Beigbeder ou Michel Houellebecq en qualifiant leurs ouvrages d'autofiction; une autofiction étant un genre pour les écrivains qui n'ont pas assez d'imagination pour raconter des histoires et du coup racontent la leur en la romançant. Ce reproche pourrait être fait à Eric Judor.
Mais, L'autofiction est faite ici avec tellement d'autodérision que ça passe. Il y a même une mise en abîme de l'autodérison. Eric Judor se moque d'Eric Judor dans la partie avant l'accident. Puis, Eric Judor se moque d'Eric Judor qui se moque d'Eric Judor après l'accident. Et puis, l'histoire dans une comédie n'a que très peu d'importance. L'important, ce sont les gags. Et, ici le talent de Eric Judor (c'était mon personnage préféré dans Lost) fait qu'ils fonctionnent. Par contre, les personnages secondaires n'apportent pas grand chose (pour l'instant du moins) niveau humour, et ne servent que de faire valoir. Je dis bien les personnages secondaires, parce que les "guests stars" sont bons dans ce pilote (mention spécial à jean-Luc Bideau (dont je suis fan depuis "Et la tendresse ? Bordel !") toujours excellent).
Ce que j'ai aimé
- Le jeu d'Eric Judor
- Les blagues déplacés (qui sont drôles parce que pas drôles)
- Revoir l'équipe de "H"
Ce que je n'ai pas aimé
- La scène de l'accident (bâclé)
- Le "lana" qui devient "anal" (trop facile)
- Le parti pris d'un humour classique
Ma note: 13/20