L'importance d'avoir confiance
Allison Burton est retrouvé morte, étouffée avec un oreiller durant la nuit et sa fille de trois ans est portée disparue, poussant la police à fouiller à la recherche d'un délinquant sexuel. Les soupçons se posent alors sur Chris Hugues, coupable d'agression sur une petite fille et qui est sorti de prison et tente de refaire sa vie. Pendant ce temps, Jane Timoney va suivre une autre piste en parallèle, la menant tout droit à un autre suspect.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- un style visuel assez immersif pour une série qui a du style
- des comédiens impeccables, mais une gestion des personnages discutables
- une histoire de rapt d'enfant qui ne fait pas dans la subtilité
- une intrigue fil rouge qui tourne en rond
Prime suspect, un cop show naturaliste
Adaptée d'une série anglaise, Prime Suspect est une particularité, car elle parvient à faire le pont entre un récit à l'architecture très classique et un visuel très particulier, avec un grain assez sale à l'écran. Moins propre et lissé que les cop show habituels, cette série se révèle très immersive grâce à des décors superbes et une mise en scène très nerveuse. Sans être révolutionnaire, le show possède une vraie identité, avec un rendu à l'écran qui sort du cadre classique des séries policières.
Refusant le politiquement correct, les auteurs essaient de construire leur enquête comme une opposition entre masculin et féminin, préférant la confrontation à l'analyse, le style direct au maniérisme. Dans Prime Suspect, les rapports humains sont avant tout des rapports de force, surtout entre Jane et ses collègues, même si l'affrontement se fait de manière moins directe que dans l'épisode précédent. Loin de faire dans la finesse, la série fait de Duffy une vrai tête à claque, les scénaristes reprenant la construction du pilot.
Des comédiens qui appuient le côté immersif du show
Omniprésente, Maria Bello continue de tenir une bonne partie du show sur ses épaules, écrasant les autres par sa performance remarquable. Seulement, si son personnage possède une vraie présence et un style indéniable, ses collègues masculins ne bénéficient pas du même traitement et manquent cruellement de profondeur. Même si la distribution des tâches est moins confuse que le pilote, Prime Suspect peine toujours à faire exister tout le commissariat en se refusant de faire travailler Jane en duo.
Dans le rôle du suspect idéal, David Meunier est particulièrement bon, apportant la touche d'émotion qui permet de donner toute sa force à une scène finale un peu trop théâtrale, cherchant visiblement à marquer les esprits. Refusant toute idéologie sécuritaire, Prime Suspect parle de confiance comme le seul moyen de lutter contre l'enfermement sur soi et d'éviter le jugement à l'emporte-pièce. Seulement, à force de vouloir appuyer son propos, la série verse inutilement dans le larmoyant, offrant une conclusion qui donne un côté pamphlétaire agaçant à cet épisode.
Une intrigue particulièrement discutable
S'il n'y a rien à redire sur le contenu moral de l'épisode, la manière dont ce message nous est imposé est bien plus discutable, surtout devant l'aveuglement dont fait preuve Duffy pourtant en charge de l'affaire. Visiblement fasciné par l'idée d'attraper un pervers, il oublie de garder une certaine distance avec l'affaire et se focalise sur son suspect en oubliant d'explorer toutes les éventualités. Au contraire, Jane Timoney a suffisamment de distance pour discerner la bonne direction à prendre, cet épisode reprenant en grande partie la structure du pilote.
Si la distribution des tâches est mieux organisée que dans le pilote, la série ne peut se retenir de contraindre Duffy à provoquer Jane, permet de justifier son opération en solo. Trop présente, elle semble n'obéir à aucune hiérarchie ce qui ne fait qu'augmenter le trouble concernant les rapports entre elle et ses collègues. Loin de faire dans la subtilité, Prime Suspect martèle une idéologie certes plutôt juste, mais desservit pas l'acharnement avec lequel les auteurs appuient leurs propos.
Un fil rouge mince et pas vraiment excitant
Après deux épisodes, il devient évident que les scénaristes de Prime Suspect ont des convictions idéologiques fortes, seulement à force de la marteler à tous les niveaux du récit, les auteurs ont perdu de vue leur intrigue de départ. Celle autour de Matt qui veut obtenir le droit de garder son fils pourrait être attachante si elle ne s'acharnait pas inutilement sur un ex-femme qui remplit ici le rôle de cible passive pour Jane. Plutôt que d'insister sur l'aspect humain des personnages secondaires, Prime Suspect se concentre essentiellement sur un message de tolérance qui manque cruellement de finesse.
En conclusion, une série qui a du style, avec une qualité de mise en scène indéniable et un travail sur les décors impressionnants. Hélas, le besoin de la série de matraquer son opinion politique se fait au détriment de la profondeur des personnages, certains comme Duffy se montrant beaucoup trop prévisible. Il reste heureusement la qualité des comédiens pour donner un peu d'humanité à ce cop show beaucoup trop focalisé sur son héroïne.
J'aime :
- la réalisation très immersive
- les comédiens très bon, en particulier David Meunier
- des décors d'un réalisme étonnant
Je n'aime pas :
- une intrigue fil rouge mal exploité
- une idéologie assénée à coup de marteaux
- des personnages secondaires sous-employés
Note : 12 / 20
Si Prime Suspect possède des qualités visuelles indéniables, sa tendance à utiliser les personnages secondaires pour marteler l'idéologie des scénaristes est plutôt désagréable. Au final, un cop show qui possède les décors et la mise en scène pour être très bon, mais qui gâche tout par une écriture qui manque cruellement de subtilité.