Des hommes soumis par la force
Jane Timoney est envoyée pour enquêter sur le meurtre d'un homme dans sa chambre d'hôtel, se faisant au passage dérober tout son matériel. La seule piste est une femme mystérieuse, une prostituée l'ayant accompagnée dans sa chambre avant de ressortir quelques minutes plus tard. Pendant ce temps, la nouvelle sur la liaison passée entre Jane et Costello arrivent aux oreilles de Duffy qui cherche à en tirer profit.
Résumé de la critique
Un épisode assez moyen que l'on peut détailler ainsi :
- des idées intéressantes, mais non développées
- une enquête trop mince qui manque de richesse
- un rapport à la morale intéressant
- des comédiens qui font le métier
Un épisode embryonnaire
Difficile de donner un avis objectif sur cet épisode tant les bonnes idées sont présentes, mais ne trouve jamais d'écho au sein du scénario. La scène de crime, très pauvre, manque significativement de contenu, entraînant une enquête qui va se focaliser sur une seule piste, une prostituée que rien ne permet d'identifier. Plutôt que de développer tout un background pour remettre en cause cette culpabilité trop évidente, Jane et ses hommes se limitent à organiser une chasse à la femme qui doit faire avec des témoins peu bavards et peu intéressants.
De nombreuses idées vont fleurir tout le long de l'épisode, comme la conversation entre Timoney et son père, permettant de comprendre la nature de sa relation avec son petit-ami Matt Webb. Malheureusement, ce point ne sera jamais repris, l'épisode se développant de manière trop chaotique pour trouver la moindre cohérence. De même, l'évocation de la liaison de Jane avec Costello reste à l'état de rumeur, la confrontation entre elle et Duffy étant finalement assez décevante à l'opposé des habitudes de la série.
Mal construite, l'enquête du jour va poursuivre cette approche, incapable de trouver un vrai rythme à cause d'un manque de conviction inhabituel. Pris dans le tourment d'un problème d'audience récurrent, Prime Suspect se cherche, perdant de vue ses vraies qualités et nous offre l'épisode le moins abouti de la saison.
Une enquête qui brasse de l'air
Le plus gros défaut de cet épisode reste incontestablement l'enquête du jour dont le seul intérêt est de nous montrer une meurtrière qui tire profit des hommes en abusant de leurs faiblesses. L'occasion en or pour Jane de jouer sur la susceptibilité de mâle du quatuor qu'il accompagne ... hormis que les auteurs vont refuser de développer cet aspect. La série préfère à l'opposé aligner les témoins récalcitrants pour faire du remplissage, obligeant Jane et ses hommes à combler un vide narratif inquiétant.
Mais le vrai problème vient du suspect principal qui n'est jamais remis en cause, plaçant le spectateur dans le rôle de simple témoin d'une investigation à laquelle il ne peut pas participer. Les interrogatoires se ressemblent tous, portrait pathétique de victimes volontaires d'une femme plutôt ennuyeuse au final, dont le principal crime est simplement l'inconscience. Heureusement, quelques numéros des comédiens viennent donner le change d'un épisode pas totalement désagréable, mais particulièrement vain.
Pour cet épisode, les scénaristes nous fournissent une intrigue qui se limite à produire un indic providentiel pour faire avancer une histoire totalement au point mort, montrant une baisse des ambitions particulièrement inquiétantes. Heureusement, la série possède un rapport à la moralité qui lui permet de se démarquer de la médiocrité ambiante et d'un scénario sans saveur.
L'ordre sans la morale
Dans les séries américaines, le rapport à la morale du héros est un élément indispensable du caractère d'un policier, d'une conception karmique et vertueuse à la Lily Rush à une vision individualiste et corrompue à la Vic Mc Cay. Chaque personnage a son point de vue sur ce qui est juste ou bien, donnant ainsi le ton de son propre univers, froid et rigide pour Cold Case ou chaud et en perpétuel mouvement pour The Shield. Dans le cas de Jane Timoney, ce rapport à la morale n'a rien de dogmatique, Jane adaptant ses exigences morales à la situation où elle se trouve.
La scène de la morgue est la plus représentative de cet état d'esprit particulier, avec une séquence marquante (la seule hélas de l'épisode) où la femme de la victime frappe le corps sans vie de son mari pour punir son infidélité. Pendant ce temps, Jane reste impassible, ce cadavre incarnant pour elle un homme infidèle qui sert à évacuer la colère de cette femme et non un acte de profanation d'un corps sacré, privé d'identité. Pour Jane, la morale est une histoire de point de vue, construisant son rapport à la justice non pas sur des idéaux, mais sur une conception instinctive du bien.
Très réussie, cette scène de la morgue est indéniablement la meilleure de l'épisode, posant encore un peu mieux le rapport de Timoney avec les coupables. Une conception qui s'adapte à l'environnement, lui permettant de prendre, à plusieurs reprises, le contre-pied des attentes de ses suspects.
Un casting qui fait la différence
Si l'histoire manque de saveur et de caractère, optant pour du remplissage fréquent, les acteurs profitent de cet espace de liberté pour nous offrir quelques séquences assez amusantes, reposant beaucoup sur leurs talents individuels. De son côté, Maria Bello incarne parfaitement Timoney et son duo avec Bryan O'Byrne laissait espérer le meilleur, surtout lorsqu'il transforme leur collaboration en défi. En se lançant dans une guerre des sexes qu'il est seul à mener, Duffy prouve qu'il est l'homme qui saura remettre l'héroïne à sa place, personnage indispensable qui poussera Jane à être meilleure.
En conclusion, un épisode moyen qui vaut avant tout pour son casting et quelques scènes bien pensées qui ne permettent pas de masquer les nombreuses faiblesses d'un scénario trop pauvre. Une enquête sans surprise, hyper prévisible à laquelle il manque la touche de surprise ou de drame que Prime Suspect nous offrait d'habitude. Dommage que les quelques bonnes idées qui apparaissent en cours d'épisode ne soient finalement que peu exploitées par des scénaristes peu inspirés.
J'aime :
- la scène de la morgue
- la direction artistique
- le casting
Je n'aime pas :
- le scénario trop mince
- le contenu particulièrement pauvre
- la vie privée de Jane trop anecdotique
- Duffy décevant par rapport à la rumeur sur Jane et Costello
Note : 11 / 20
Un scénario vide et sans saveur qui vient ruiner un épisode à la réalisation impeccable porté par un casting royal, mais mal exploité. Sans nul doute l'un des épisodes le plus faible du point de vue du contenu cette saison.