Critique : Prime Suspect (US) 1.08

Le 27 novembre 2011 à 10:24  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode extraordinaire qui prouve combien Prime Suspect possédait un réel potentiel. Un scénario simple et efficace doté d'une ambiance unique et d'un final vraiment surprenant.
Par sephja

Critique : Prime Suspect (US) 1.08

~ 7 minutes de lecture
Un épisode extraordinaire qui prouve combien Prime Suspect possédait un réel potentiel. Un scénario simple et efficace doté d'une ambiance unique et d'un final vraiment surprenant.
Par sephja

Timoney and Duffy on a trip 

Un couple est assassiné dans leur chambre d'hôtel, égorgé au couteau par un assassin qui a laissé une seule survivante, leur fille unique retrouvée dans les couloirs de l'hôtel. Timoney et Duffy sont chargés par leur patron de se rendre à Pellum Lake, la petite bourgade où se trouve le domicile familial. Seulement, une fois sur place, elle va découvrir que le couple trempait dans une histoire de trafic d'ocytocine qui peut être la cause de ce double meurtre. 

 

Résumé de la série 

Un épisode superbe que l'on peut détailler ainsi : 

  •  quarante minutes de vrai polar et de pur plaisir 
  •  une réalisation superbe et des dialogues fins et ciselés 
  •  la féminité de Timoney 
  •  un épisode qui laisse de lourds regrets 

 

 

Du vrai polar à l'américaine

Au début de l'année, j'avais choisi de parler de Prime Suspect tant la série paraissait avoir du potentiel, des qualités esthétiques indéniables et un vrai caractère. Si le début de saison a été fréquemment inégal, cet épisode est une réussite éclatante, prouvant qu'un série policière peut produire de réelles perles, des épisodes de pur polar absolument renversant. C'est le cas ici, avec un scénario au cordeau porté par des comédiens formidables qui ont pris totalement la mesure de leur personnage.

Tout commence comme un classique du genre avec une enfant aphasique, seul témoin du meurtre de ses deux parents que Duffy et Timoney doivent ramener dans sa famille loin de New-York. Aussitôt, on se surprend à ricaner en voyant arriver le récit habituel où l'enfant ne donne qu'au dernier moment l'information cruciale pour résoudre l'enquête, son mutisme ne servant qu'à faire du remplissage. Et c'est là que le scénario marque les premiers points en prenant totalement à revers le spectateur, renversant les clichés pour fournir une histoire particulièrement forte et intense.

Au lieu d'étendre l'intrigue dans le temps, les auteurs de Prime Suspect resserre le récit autour d'une scène où la chambre de la jeune fille est brutalement prise d'assaut. Nerveux, intense, au réalisme confondant, l'intrigue ne vous lâche plus à partir de ce point, la petite fille recevant une balle qui la place en danger de mort. La tension est constante et les quelques courtes respirations permettent de gagner un peu plus en intensité avant un final sombre et poisseux d'une froideur clinique visuellement remarquable.

Avec un talent et une audace, les auteurs de Prime Suspect esquivent les pièges scénaristiques et nous offrent quarante minutes de vrai polar et de pur plaisir. Impressionnant et intense, l'épisode est surtout le fruit d'un travail du directeur artistique très impressionnant, évoquant dans son final et par certains aspects "Assaut" de John Carpenter.

 

Un niveau de réalisation surprenant

Pour appuyer ce scénario particulièrement malin, les auteurs peuvent compter sur une réalisation impeccable signé Stephen Williams qui choisit lui aussi de miser sur le réalisme avant tout. Les images sont simplement superbes, avec une photographie étonnante lors d'un final silencieux au climat terriblement angoissant. Entre ombre et lumière, proie et chasseur, une réalisation très dynamique qui vient appuyer l'aspect abstrait d'un final intense qui oblige Timoney à jouer au chat et à la souris avec le meurtrier. 

Dans les films de John Carpenter (et les Western en général), la force des méchants vient de leur silence et de leur absence d'identité. C'est ce type de créature que va affronter Timoney, un personnage à première vue anecdotique qui se dissimule derrière son silence, créature abstraite et du même coup particulièrement terrifiante. L'épisode ne justifie rien, abandonne toute morale inutile pour raconter l'histoire simple d'une enfant qu'il faut protéger d'un meurtrier cruel qui semble vidé de son humanité. 

Sombre, glauque, avec un final vraiment prenant et angoissant, Prime Suspect joue avec succès sur les codes du film de siège, offrant une structure assez originale et dynamique sur un concept de départ très minimaliste. Très réaliste, le travail des décorateurs est spectaculaire, transformant un simple couloir d'hôpital en un lieu claustrophobique et angoissant.  

 

 

Timoney et le dilemme de la féminité 

Seule femme au milieu d'un commissariat de garçons, Jane a toujours eu tendance à refouler sa féminité, cherchant à pallier son complexe d'infériorité par un comportement consistant à ne jamais baisser sa garde. Son association avec son meilleur ennemi,  l'inspecteur Duffy, va permettre aux auteurs de lui prouver que ce sentiment de défiance est en fait la source de tous ses maux. Sorti de sa routine, Duffy apparaît moins méprisant, déversant sa bile contre le sheriff local et son manque de moyen, montrant que son sale caractère  est avant tout un moyen de défense.

Lors de la scène du bénédicité, elle baisse enfin la garde et laisse apparaître un visage un peu moins dur, là où Duffy reste égal à lui-même. Moins sec et cassante, elle va établir une vraie relation avec la victime, surtout lors d'une scène de la piscine vraiment très réussie. C'est en montrant sa vraie nature compatissante que Jane gagne la confiance de la cible, acceptant enfin de laisser transparaitre sa véritable nature. L'affaire dépasse alors le cadre habituel du show et prend une dimension mythologique, Timoney et Duffy formant un duo très convaincant.

Un épisode qui prouve que Jane est capable de compassion, découvrant au passage les points de convergence entre elle et Duffy une fois sortis de leur univers habituel. Bien organisé, le récit propose une bonne répartition des tâches, Brian O'Byrne étant toujours aussi extraordinaire dans son rôle de flic bourru, râleur et méprisant.

 

Un épisode de joie et de peine

Difficile de donner un vrai sentiment à la fin de cet épisode, du plaisir devant le niveau de qualité de l'épisode, mais aussi la déception que la série n'ait jamais réussi à trouver son public malgré ses nombreuses qualités. En misant sur la simplicité et la force des sentiments, les créateurs de Prime Suspect nous offre un épisode sombre et intense, exemple de polar glauque et minimaliste devenus trop rare à la télévision. L'occasion de signaler que cet épisode peut être vu indépendamment du reste, pour ceux qui voudraient découvrir le meilleur épisode de Prime Suspect et l'un des meilleurs de l'année en cours. 

En conclusion, une très grande réussite avec ce récit très prenant qui propose une intrigue simple et efficace où une petite fille devient la cible d'un meurtrier froid et insaisissable. Portée par une mise en scène et des dialogues remarquables, un épisode très réussi au final fascinant d'une noirceur étonnante portée par une direction artistique irréprochable. Et le regret qu'il ne reste plus que quatre épisodes avant de dire adieu à Jane Timoney et ses hommes, nous offrant au passage une scène de brainstorming à base de "maybe" vraiment brillante.

 

J'aime :

  •  la réalisation superbe 
  •  les acteurs remarquables 
  •  la séquence finale très intense 
  •  une ambiance captivante 

 

Je n'aime pas :

  •  rien, celui-là est parfait 

 

Note : 15 / 20 

Un épisode épatant doté d'une ambiance incroyable et d'une qualité de réalisation remarquable, qui prouve que Prime suspect possédait les moyens d'être un des meilleurs cop show du moment. Une vraie réussite, portés par des acteurs impeccables et une qualité de dialogue indéniable, esquivant tous les clichés habituels pour fournir un vrai polar sombre et captivant comme je les aime. Epatant, tout simplement.

L'auteur

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