Critique : Ringer 1.02

Le 22 septembre 2011 à 14:06  |  ~ 7 minutes de lecture
Un second épisode qui abandonne l'univers du thriller pour basculer dans le soap sentimental plus en accord avec le style de la CW.
Par sephja

Critique : Ringer 1.02

~ 7 minutes de lecture
Un second épisode qui abandonne l'univers du thriller pour basculer dans le soap sentimental plus en accord avec le style de la CW.
Par sephja

Un cadavre qui met la série à l'agonie

Bridget a assassiné un meurtrier à la recherche de sa soeur Siobhan et s'efforce désespérement de le cacher, surtout que la circulation se révèle bien plus importante que prévu à cause du chantier. Pour gagner un peu de temps, elle obtient le licenciement du chef de chantier, mais commence à joindre Malcolm pour préparer sa fuite d'une vie devenue impossible. Seulement, elle découvre que son mari a prévu une grande réception censée se dérouler dans la même pièce où elle a dissimulé le cadavre.

 

Résumé de la critique

Un épisode plutôt faible que l'on peut décrire ainsi : 

  •  un cadavre bien encombrant dont le scénario ne sait que faire 
  •  une direction artistique moins ambitieuse
  •  une série qui change totalement d'identité 
  •  une ambition revue à la baisse 

 

 

Un mort qui met le scénario en panne sèche

Le pilote ayant posé les principaux éléments, comme l'échange d'identité des deux jumelles, Ringer n'avait plus qu'à développer son intrigue, entre secret et trahison... s'il n'y avait ce cadavre qui va empoisonner les scénaristes. Si l'agression avait permis de donner une introduction intense à la série, les auteurs se retrouvent désormais avec un poids mort dont ils vont beaucoup peiner à se débarrasser. Devenant le centre de la série, ce cadavre va empêcher totalement l'intrigue d'avancer, offrant au passage à cet épisode une introduction désastreuse sur fond de cache-cache pathétique.

Comme un poids mort qui pèse sur la conscience de Bridget, le mort va surtout déséquilibrer le rythme du script, poussif et lent. Essayant de trouver la solution, les scénaristes orientent toute l'intrigue autour de ce corps, rendant parfaitement crédible la volonté de la jeune femme de fuir cette vie devenue trop encombrante. Centrée sur Bridget, qui est perdue dans un jeu dont elle ignore les règles et subit les exigences de tous ceux qui gravitent autour d'elle, l'intrigue subit son manque de dynamisme, .

Le vrai problème de Ringer vient justement du fait que l'acte fondateur du show est empli de lâcheté, celle d'une femme qui se cache. La seule dynamique dramatique est alors de savoir si son mensonge va tenir ou si la vérité va éclater au grand jour, ce qui nécessiterait une réalisation assez inspirée pour maintenir la tension nécessaire à un tel point de départ.

 

Un changement de visuel complet

Au contraire du pilote où Richard Shepard avait bâti sa mise en scène sur un hommage au thriller, cet épisode revient à une forme classique, abandonnant les hommages hitchcockiens et autres clins d'oeil de cinéphiles. Fini les jeux de miroir, la série retrouve un format classique et ennuyeux, osant seulement quelques cadrages (voir ci-dessous) qui rappellent que Ringer se voulait à la base un hommage au thriller. Cette piste est clairement délaissée par un directeur artistique qui semble avant tout à obéir au cahier des charges de CW, en optant pour une mise en scène fade et sans reflet.

Loin de l'originalité du pilote, l'épisode propose une réalisation plus dans le style de la CW, mais se montre incapable de tirer profit de ce cadavre vraiment encombrant. Si le pilote était une vraie réussite plastique, celui-ci s'avère bien moins intéressant, sans jamais renouer avec le charme rétro d'un premier épisode singulier. Tout n'est pas mauvais, mais l'effet de surprise est déjà parti, la faute à un démarrage désastreux qui va empêcher le reste de l'épisode de trouver son rythme. 

 

 

Flash-backs et motivations 

Maintenant que Bridget s'est placée dans une situation impossible, elle comprend qu'il vaut mieux réintégrer sa vie d'avant et elle s'apprête à mettre fin à cette mascarade. La difficulté consiste donc à donner au personnage une nouvelle motivation -autre que la lâcheté- pour justifier sa présence en lieu et place de sa soeur. Ici, la solution va passer par deux flash-backs moyens, mais efficaces, qui ont pour but de créer un lien entre elle et sa nouvelle famille, en particulier sa belle-fille qui sombre lentement dans la dépendance. 

L'idée n'est pas subtile, elle est même peu crédible, mais elle a le mérite de sortir le personnage de Sarah Michelle Gellar de son attentisme, offrant une scène finale un peu plus forte que le reste. La clé de la série va constituer dans sa capacité à permettre à Bridget d'agir sur un environnement qui lui est étranger, tout en se protégeant aussi de l'invasion d'un Victor Machado plutôt têtu et intrigant. Hélas, en se modifiant ainsi en profondeur, l'histoire change d'identité pour passer du thriller au soap luxueux et policé. 

La nouvelle venue, Jaime Murray, toujours aussi diaboliquement vénéneuse, incarne cette évolution de l'histoire de jumelles vers un récit sur fond d'adultère et de jalousie plutôt ennuyeux, délaissant en grande partie Siobhan qui ne sert qu'à remplir les fins d'épisode. Le fossé entre Ringer et The Lying Game se comble lentement, la petite soeur d'ABC Family étant plutôt en ce moment sur la pente ascendante.

 

Un changement de chaîne qui se voit 

Initialement prévue pour CBS, la série aura été contrainte de revoir ses ambitions à la baisse en se retrouvant sur la CW, délaissant tout l'aspect sophistiqué qui faisait son charme. Loin du style surprenant du pilote, Ringer nous offre un épisode assez ennuyeux, avec une héroïne trop passive. Sarah Michelle Gellar fait de son mieux, mais les ficelles scénaristiques sont vraiment trop grosses pour permettre au show de conserver une vraie crédibilité, laissant l'impression d'être mené en bateau par des auteurs en quête d'inspiration. 

En conclusion, une certaine déception due à un scénario maladroit, une héroïne pas assez réactive et un corps dont les scénaristes ne savent que faire. Les qualités visuelles du premier épisode ont disparu pour laisser place à une réalisation lisse qui fait basculer le show du thriller vers le mélodrame luxueux. Le changement de motivation de Bridget, imposé à coup de flash-backs discutables, marque cette évolution de la fuite coupable vers la compassion facile, un changement brutal qu'il faudra plusieurs épisodes pour digérer. 

 

J'aime : 

  •  la réorientation finale nécessaire bien que maladroite 
  •  Nestor Carbonell et Jaime Murray assez convaincants

 

Je n'aime pas : 

  •  Ringer n'est plus un thriller, mais un soap 
  •  le visuel trop lisse et bien moins ambitieux 
  •  Sarah Michelle Gellar moins impliquée 
  •  l'ambition initiale revue à la baisse 
  •  l'introduction catastrophique

 

Note : 10 / 20 

Si le pilote avait initialement été tourné pour CBS, le retour du show à la CW s'est fait avec une révision des exigences à la baisse, ce qui donne un épisode pathétique et poussif. Empêtrés par un cadavre dont ils ne savent que faire, les scénaristes s'en sortent mal, usant de ficelles vraiment énormes et à la limite du ridicule. De sophistiqué, Ringer est devenu horriblement banale, entamant un virage vers le soap qui pourrait sur la longueur la sauver.

L'auteur

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