Critique : Ringer 1.07

Le 06 novembre 2011 à 04:45  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui s'embourbe par instant à cause d'une dispersion à laquelle ce scénario va remédier.
Par sephja

Critique : Ringer 1.07

~ 7 minutes de lecture
Un épisode qui s'embourbe par instant à cause d'une dispersion à laquelle ce scénario va remédier.
Par sephja

Le prix du mensonge

Siobhan Martin et son mari sont entendus par la police concernant la disparition de Gemma, l'inspecteur Machado participant à l'enquête concernant ce meurtre. Andrew et Henry vont alors être interrogés sur Bridget Kelly, principale suspecte dans cette disparition, à la veille de l'ouverture de sa galerie d'art. Pendant ce temps, Malcolm parvient à s'échapper des mains de ses geôliers et se dirige droit vers New-York.  

 

Résumé de la critique

Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :   

  •  un récit qui utilise le mensonge comme une arme efficace 
  •  le thriller qui prend le pas sur le soap 
  •  des flashback un peu trop pratique 
  •  les faiblesses de Bridget 

 

 

Jeux de dupes et révélation 

Depuis le début de cette saison, les auteurs de Ringer se sont fréquemment amusés à pousser Bridget au bord de la révélation de son mensonge, faisant de nous au passage les témoins de sa manipulation. La série sait jouer avec les nerfs du spectateur et créer des coups de théâtre très efficaces, utilisant le mensonge avec une vraie adresse. Voir Bridget se démener pour couvrir ses arrières est intéressant, les spectateurs cherchant la faille qui va pousser l'héroïne au plus près d'un précipice, créant cette sensation de vertige plutôt délectable. 

C'est vers ce néant que se dirige lentement Bridget, malgré ses nombreux efforts pour maîtriser un destin capricieux d'une histoire très dispersée dans l'espace. Conscient que cette éclatement jouait contre la série, les auteurs trouvent une excuse efficace pour ramener Machado, augmentant fortement la pression sur Bridget. La tension étant le moteur de Ringer, le script choisit avec intelligence de replacer tous les personnages au même endroit, rendant les mensonges de Bridget encore plus intenables et la vérité de plus en plus inéluctable.

Seulement, à force de jouer ce jeu du mensonge, le scénario perd par instant en clarté, avec un manque de subtilité flagrant dans certains changement d'orientation du scénario (Henry qui regrette Gemma) et certaines ellipses (l'arrivée de Malcolm). Si le jeu de dupes mélangé à un hasard capricieux reste le point fort du show, il est aussi sa principale faiblesse, embrouillant par moment inutilement une intrigue pas suffisamment maîtrisée pour rester parfaitement cohérente.  

 

Ringer en mode thriller 

Depuis la mort de Gemma, la série a totalement abandonné son aspect soap au profit d'une enquête certes intéressante, mais qui avance plus par révélation que par l'exploitation de pistes qui permettrait d'offrir une meilleure exposition à Machado. Si l'esthétique de la série gagne beaucoup dans ce changement de ton, le manque d'élément fourni pour permettre de résoudre le meurtre de Gemma ne joue pas en faveur de la construction d'un vrai suspens, surtout que l'argument Siobhan semble servir aux auteurs à fournir une explication à chaque renversements incohérents. 

Le seul élément "soapesque" qu'il reste à la série repose sur Juliet, fille toujours aussi capricieuse qui s'efforce de se mettre chaque épisode dans une situation épineuse. Totalement à l'extérieur de l'intrigue, la petite mijaurée devient un élément comique involontaire, chacun de ses actes se transformant fatalement en catastrophe. Là où elle va, un accident ou une catastrophe pousse son père à intervenir, sans que jamais cette storyline n'apporte la moindre matière à la série, hormis revoir Jason Dohring pour les anciens fans de Veronica Mars (d'accord, j'avoue, j'ai chez moi un poster géant de Kristen Bell) 

Devenu un thriller adulte à rebondissements, Ringer donne l'impression de s'épuiser, abusant de coups de théâtre qui reposent fréquemment un peu trop sur la même dynamique. A la recherche du juste équilibre, les auteurs peinent encore à bien ajuster un récit qui doit réussir à assumer les deux identités.

 

 

L'abus de flashback est mauvais pour la santé 

A la différence de Revenge qui construit ses flashback comme une représentation des souvenirs des personnages, Ringer l'utilise pour justifier, par exemple, la scène choc où Andrew et Henry révèlent connaître le nom de Bridget. Seulement, cette façon de construire un flashback pour justifier un tel coup de tonnerre n'est vraiment pas très crédible, donnant l'impression que les auteurs cherchent surtout à créer un évènement artificiel avant la première coupure publicitaire. Le même procédé sera utilisé pour révéler ce qui est réellement arrivé à Gemma, parachutant l'identité du coupable sans faire le moindre effort de construction.

Se servir des flashback comme un moyen de réécrire l'histoire est un des tics les plus agaçants du polar, un artifice de mise en scène chic en toc, montrant le manque de confiance et de maîtrise des auteurs. S'ils ont de bonnes idées et un concept de base intéressant, les auteurs risquent de tout gâcher en cherchant à tout prix à surprendre le spectateur. Par exemple, le twist final concernant Bridget est l'exemple même de la bonne idée, excitante et bien amenée, qui montre la capacité du show à placer son héroïne dans des situations inextricables.

Celui concernant Gemma sonne plutôt faux, comme un ajustement de dernière minute moyennement crédible dont le véritable objectif est de redonner une place à Siobhan au sein de l'intrigue. Toujours aussi flou, le plan de la jumelle de Bridget reste inexistant à l'image, privant Ringer d'une partie de son identité.

 

Exploiter les faiblesses des autres

Si Siobhan reste la grande absente du début de saison, quelques éléments commencent à apparaître à son sujet, avec en premier lieu sa capacité à tirer profit des faiblesses de son ennemi. Il apparaît clairement que personne ne connait mieux Bridget tant elle sait utiliser ses faiblesses contre sa meilleure ennemie, prouvant son talent pour la manipulation. Le point intéressant pour la suite de la série est que, si l'une paraît connaître sa soeur sur le bout des doigts, l'autre semble découvrir jour après jour une personne totalement différente de ce qu'elle imaginait.

En conclusion, un épisode inégal, qui propose quelques coups de théâtres intéressants et a surtout la bonne idée de ramener tous ses personnages au même endroit. Prise au piège de son mensonge, Bridget essaie de ne pas perdre pied, surtout face à un Machado visiblement décidé à découvrir toute la vérité. Si certaines intrigues comme celle de Juliet sont clairement hors sujet, l'intrigue parvient à installer une tension forte sur le personnage de Bridget, la poussant à commettre des erreurs.

 

J'aime :

  •  la sensation de vertige lorsque le mensonge de Bridget semble ne plus tenir 
  •  Machado qui sert à maintenir la pression 
  •  une intrigue moins dispersée 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'intrigue autour de la fille d'Andrew 
  •  les flashback explicatifs comme autant de mauvaises excuses 
  •  Malcolm qui débarque un peu trop au bon moment 

 

Note : 12 / 20 

Un épisode qui alterne le bon et le moins bon, délaissant le côté soap du show au profit d'un thriller qui monte d'intensité maintenant que les personnages se regroupent tous à New-York. Alternant maladresses et bonnes idées, la série fournit un divertissement correct, mais qui aurait gagné à un peu plus de simplicité. 

L'auteur

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