Une histoire de vie et de morts
Eddie est de retour dans les Hamptons pour aider Divya à réconcilier ces deux fils, en profitant pour présenter son nouveau roman tiré de son blog sur la nécessité de faire la paix avec soi-même. Seulement, ses deux fils sont trop occupés, Hank avec un zombie malade et Evan avec un mystérieux docteur vivant dans une maison isolée victime de ce qui apparaît comme des crises de démence. Pendant ce temps, Katdare reçoit la visite de sa mère qui accepte de la rencontrer en secret, son père refusant toujours d'entendre parler d'elle.
Résumé de la critique
Un épisode correct que l'on peut détailler ainsi :
- une réunion familiale inégale, mais plaisante
- les motifs de la colère d'Evan
- un retour à la normale qui reste ambitieux malgré tout
- sympathique et assez original
Réunion de famille
Après un début de saison qui a vu s'opposer les deux frères Lawson, Royal Pains marque son épisode sous le signe de la réconciliation, choix logique vu que la série n'a pas l'ambition de devenir un drame. Pour recréer du lien entre Hank et Evan, les auteurs vont utiliser Eddie qui va servir de médiateur, s'efforçant de recréer autour de lui la base d'une unité familiale. Le début laisse un peu pantois, l'histoire de blog du patriarche des Lawson peinant à intéresser autant qu'elle le devrait, idée étrange qui ne va prendre de sens que dans la seconde partie.
Pourtant, les scènes entre Henri et son père vont vite se révéler particulièrement intéressantes, apportant un nouveau éclairage sur le jeune garçon qu'il était et l'effet que la mort de sa mère a eu sur sa construction personnelle. L'idée d'explorer les racines du malentendu entre lui et Evan se révèle très judicieuse et apporte quelques scènes intéressantes, préparant intelligemment le terrain à une future et inévitable réconciliation. Très bons, les comédiens semblent beaucoup plus à l'aise cette saison, Hank retrouvant un enthousiasme pour son métier de médecin concierge qui s'était malheureusement estompé durant toute la saison trois.
Le cas du jour n'est pas passionnant, mais il donne le ton d'un épisode qui ne se prend pas au sérieux, permettant de marquer la volonté des auteurs de pousser leurs héros à privilégier son sens de l'adaptation. Chaleureuse et sympathique, la série retrouve son statut du divertissement estival efficace, offrant un final à la fois simple et amusant, évitant la surenchère inutile au profit d'une forme plus maîtrisée. Mais surtout, l'occasion de se pencher sur la complexité d'une relation fraternelle, donnant les clés d'une discorde qui prend enfin du sens.
Rancoeur et Jalousie
Après avoir axé le début de saison autour de la rupture entre les deux frères Lawson, les scénaristes de Royal Pains choisissent d'enterrer la hache de guerre en poussant Hank à se remettre en cause. Très vite, il apparaît que cette colère touche avant tout Evan, Henri montrant une volonté appuyée de faire la paix avec son frère en montrant explicitement son refus de jouer le jeu de la concurrence. Bien intégré, le docteur Sacani est utilisé dans un registre moins comique intéressant, montrant un professionnalisme et une efficacité intéressante.
Mais le coeur de cet épisode repose dans la capacité des scénaristes à donner du sens à la colère du cadet Lawson, Evan pouvant passer en définitive comme un enfant trop gâté. Evidemment, sa rage est liée avec un désir d'affirmation de soi refoulé, mais aussi avec la frustration d'avoir vu son frère vouloir porter à lui tout seul le deuil de sa mère. Un rôle de protecteur en rupture avec ce qu'il fut auparavant, laissant apparaître le portrait d'un héros qui renie en partie sa nature, enfant impulsif et casse-cou dont la pugnacité faisait l'admiration de son petit-frère.
En cherchant à lui faire prendre des risques, Evan espère réveiller ce souvenir, celui d'un garçon prêt à tout et capable de prendre des initiatives lorsque tout le monde reste figé à attendre. En plaçant l'origine de cette dispute si loin dans l'enfance, les auteurs réussissent une performance étonnante, donnant du sens à une réconciliation qui serait apparue sans cela comme une facilité. Du coup, les petits arrangements comme cette histoire de blog sont vite pardonnés, élément fabriqué de toutes pièces pour pousser Hank à se redécouvrir lui-même et à comprendre combien il essaie de garder vivante sa mère à l'intérieur de son esprit.
Réconciliation et conséquences
Si certains vont s'insurger contre le choix d'enterrer la hache de guerre entre les Lawson, le choix du thème de la réconciliation se révèle plutôt intéressant, plaçant Divya dans une situation simplifiée qui va s'avérer nécessaire. Moins débordée, elle trouve enfin le temps de renouer des liens avec sa mère, intrigue superficielle au premier abord qui ne prend vraiment son sens que dans le final, virage inattendu et plutôt prometteur. Le départ de Jill a eu le mérite de laisser de l'espace que les scénaristes s'amusent à remplir avec différentes storylines intéressantes.
Ainsi, le retour de Campbell Scott va s'avérer particulièrement réussi, renouant avec le Boris étrange et mystérieux de la saison un tout en mettant à plat son passif avec Eddie. Le final montre que, si les deux frères ont fini par faire la paix, le show conserve toute son ambition, lançant une intrigue intéressante qui fournit un cliffhanger inattendu et plutôt intéressant. Visiblement décidés à se refuser tout temps mort dans cette saison, les scénaristes montrent une volonté de donner à leur intrigue une capacité à rebondir particulièrement plaisante et assez inattendue.
La seule conséquence au retour d'Hankmed concerne la place que vont désormais occuper les docteurs Sacani et Van Dyke, deux personnages que le retour de Hank risque de mettre en retrait, ce qui serait réellement dommage. Après un début de saison plaisant, la série cherche encore sa voie, offrant des scènes inattendues, loin du style poussif et ennuyeux de l'année dernière. Continuant sa transformation, Royal Pains se révolutionne totalement, du générique à l'esthétique de l'épisode qui tente de construire avec le patient du jour une ambiance étrange truffée de références.
D'entre les morts
En exploitant le thème du zombie et du film d'horreur, Royal Pains offre un épisode thématique inattendu, proposant une séquence surprenante qui multiplie les références aux films d'horreurs et à la littérature fantastique. Des références inattendues dans cette série pour une scène bancale, avec un abus du filtre gênant, mais une ambition formelle inattendue et assez nouvelle. Cherchant à se renouveler en profondeur, Royal Pains est à la croisée des chemins, expérimentant beaucoup avec un enthousiasme plaisant, mais avec une certaine incertitude devant les risques qu'un tel changement en profondeur représente.
En conclusion, un épisode sympathique, différent des habitudes de la série, surtout concernant la storyline d'Evan et sa confrontation amusante avec une famille étrange dans les tréfonds des Hamptons. Si l'ensemble n'est pas très original, le choix du thème de la réconciliation semble assez judicieux, ouvrant des perspectives intéressantes pour l'avenir. Sans être brillant, un épisode amusant et sympathique, à l'image de ce que l'on est en droit d'attendre de la part de Royal Pains, confirmant ainsi son bon début de saison.
J'aime :
- la storyline d'Evan originale
- les révélations concernant la nature de Hank
- le retour de Boris
Je n'aime pas :
- la storyline de Divya trop déconnectée
- les patients du jour assez fades
- l'histoire du blog d'Eddie mal mis en valeur
Note : 12 / 20
Un épisode sympathique grâce à des interprètes efficaces et un travail sur l'esthétique indéniable, surtout au travers de la storyline intéressante d'Evan. Léger et plaisant, du bon Royal Pains, confirmant l'impression positive d'un début de saison, parfait divertissement pour cette période estivale.
sephja
