Critique : Scott and Bailey 1.02

Le 20 juin 2011 à 07:08  |  ~ 6 minutes de lecture
Episode assez moyen où Scott et Bayley vont être confrontées à un meurtrier qu'elles vont (trop) vite attraper. Au programme, un meurtre, la question de l'avortement et un message politique très discutable.
Par sephja

Critique : Scott and Bailey 1.02

~ 6 minutes de lecture
Episode assez moyen où Scott et Bayley vont être confrontées à un meurtrier qu'elles vont (trop) vite attraper. Au programme, un meurtre, la question de l'avortement et un message politique très discutable.
Par sephja

Pitch man is evil 

Le corps d'une femme est retrouvé dans sa voiture et un profil du suspect est vite mis en place grâce aux différentes caméras vidéo de la ville. Très vite, Bailey met la main sur un suspect, un jeune homme qui ne possède aucun alibi au moment du meurtre et correspond à l'identification. Mais d'autres preuves vont apparaître, mettant en cause la mère de la famille qui aurait caché les traces des précédents crimes de son fils.

 

Le difficile équilibre entre réalisme et fiction

Après un pilote plutôt décevant par son manque de caractère et son rythme empesé, Scott and Bailey revient avec une enquête un peu plus prenante, avec une victime assassinée de sang-froid. Mieux rythmé que le précédente, l'intrigue commence plutôt bien, proposant une première scène poignante et réaliste qui laisse supposer que l'épisode va s'arrêter sur le traumatisme lié au meurtre de la mère au sein de la cellule familiale.

Hélas, la série va vite s'orienter vers un suspect idéal et au bout de dix minutes, l'affaire parait définitivement close, le fil des preuves désignant sans le moindre doute le coupable. Aussitôt, l'épisode s'arrête pour naviguer dans des intrigues fil rouge moyennement intéressantes car très mal mises en valeur par un scénario qui semble hésiter sur la marche à suivre. La conclusion tragique sera parachutée brutalement, avec une froideur clinique qui ne permet pas de vraiment participer à l'histoire, servant avant tout la cause d'un message particulièrement étrange.

Certains passages semblent totalement inutiles, la série traitant le coupable avec un mépris total, tout comme sa mère qui subit une leçon de morale à la limite du nauséeux. Pourtant agréable à la base, cet épisode s'avère frustrant et bizarre. Il creuse seul sa tombe en proposant une intrigue trop mince, où la vie des deux inspectrices prend encore une fois le pas sur une histoire policière vite pliée. Marque de fabrique de la série ou volonté délibéré des auteurs de mettre en avant le quotidien des deux femmes ? Difficile à dire, mais la recette ne prend pas, malgré ce personnage fascinant qu'est Janet Scott. 

 

Deux inspectrices entre travail et vie privée

Pour le détective Bailey, les problèmes avec son menteur d'ex-fiancé se poursuivent avec une histoire de grossesse trop prévisible et pas très bien exploitée. Très passive, elle subit fréquemment les assauts de sa supérieure, et semble bien moins intégrée que Scott dans l'univers du show. Toujours en reconstruction après un premier épisode peu réussi, son personnage va faire preuve d'une certaine adresse en trouvant assez rapidement l'assassin et se montrer plus à son avantage, sans pour autant convaincre.

Du coup, une bonne part de l'enquête et de l'histoire est entre les mains de Scott, permettant à Lesley Sharp de nous offrir un numéro fascinant, incarnant avec une froideur glaciale une détective étonnamment crédible. Son rythme de jeu plutôt lent se mettant parfaitement en symbiose avec le reste de l'épisode. Toujours dans un rapport de domination vis-à-vis de la gente masculine, elle fait preuve d'un total mépris pour eux, à la différence de Bailey. Plus intéressante et mystérieuse, le détecive Scott s'avère être un excellent moteur pour le show, apportant une certaine intensité dans la plupart de ses scènes avec une interprétation à la limite du minimalisme.

 

La tentation de l'idéalisation féminine

Bon, je tiens à prévenir que ce chapitre tient avant tout à faire part d'une impression et ne constitue en aucun cas un jugement de nature idéologique. Car durant tout l'épisode, un élément me dérange, me perturbe, comme si quelque chose manquait à cet épisode, sur lequel j'étais incapable de mettre le doigt. J'ai finalement trouvé la raison de la polémique et j'ai découvert rapidement que je n'étais pas le premier à soulever ce lièvre qui saute assez rapidement aux yeux. 

Aucun personnage masculin n'est jamais développé, ils ne sont dans cette histoire que des pions sans caractère, sans motivation, des esclaves de leurs pulsions, qu'elles soient érotiques ou meurtrières. Les femmes ne sont que les victimes de leur jalousie, de leur rage meurtrière ou de leur égoïsme et la seule femme qui couvre leurs actes meurtriers est pointée du doigt comme la responsable de tous les maux... STOP ! 

C'est quoi cette mentalité malsaine ? Depuis quand les séries télévisées se font-elles le véhicule d'un discours aussi rétrograde et qui se retrouve dans une réplique de Scott : "daughters are easy, sons break your heart" ? Ce n'est plus de féminisme qu'il est question, juste d'une profonde stupidité qui appauvrit horriblement le récit en traitant chaque personnage masculin comme un vulgaire stéréotype. Personnellement, j'ai la même réaction dès que je vois, dans d'autres séries, une femme réduite par des scénaristes fainéants à de tels clichés. Je m'agace.

Hors de question pour moi de parler de politique, mais ce traitement réducteur et sexiste du scénario appauvrit toute l'histoire, ne laissant que l'ennui s'installer. Je persisterai pour encore un épisode, mais si ce genre de discours démagogique se répète, ce sera adieu Scott and Bailey et sans le moindre regret. 

 

J'aime : 

  •  Lesley Sharp formidable 

 

Je n'aime pas : 

  •  une intrigue bâclée 
  •  une approche très superficielle des personnages masculins
  •  un manque cruel de rebondissements 
  •  la vie privée des héroïnes qui semble servir avant tout à faire passer un message.

 

Note : 06/20 

Si le ton réaliste et le jeu parfait de Lesley Sharp donne à la série un aspect attractif, le scénario reste trop mince, ne servant avant tout qu'à mettre en avant des personnages féminins victimes d'icônes masculines présentés comme mauvaises et diaboliques. Trop simpliste pour être vraiment passionnant. 

L'auteur

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