Critique : Suits 1.12

Le 13 septembre 2011 à 06:12  |  ~ 8 minutes de lecture
C'est la fin de la saison pour Suits qui nous propose un épisode dynamique dans la prolongation du précédent en s'efforçant de poser des bases solides pour l'avenir.
Par sephja

Critique : Suits 1.12

~ 8 minutes de lecture
C'est la fin de la saison pour Suits qui nous propose un épisode dynamique dans la prolongation du précédent en s'efforçant de poser des bases solides pour l'avenir.
Par sephja

Juste cause 

Harvey Specter reprend l'affaire de Clifford Danner, un jeune homme qu'il avait auparavant envoyé derrière les barreaux sur la base de preuves falsifiées. Seulement, il doit affronter Terrance Wolf, un nouveau procureur particulièrement teigneux qui va lui opposer une demande de prolongation de peine à vie alors que Danner n'a plus que quatre ans à effectuer. Pendant ce temps, Trevor revient avec l'intention de renouer des liens avec Mike Ross.

 

Résumé de la critique

Un final très divertissant que l'on peut détailler ainsi :

  •  une enquête judiciaire intense et l'apparition avec Wolf d'un personnage remarquable
  •  les relations entre les personnages passionnants servies par des dialogues efficaces
  •  un scénario enthousiaste qui propose beaucoup d'idées pour la saison deux
  •  un petit bilan de la saison un  

 

          

 

Se battre pour son honneur

Après les révélations sur le mentor d'Harvey et la façon dont il a triché pour l'aider à gagner certaines de ces affaires, Specter va tenter évidemment pour ce final de se racheter en prenant la défense d'un innocent. Très ambivalent sur le principe (se faire défendre par celui qui vous a condamné), l'épisode va profiter du jeu remarquable des comédiens pour donner de la crédibilité à cette affaire. Plutôt que de miser sur une intrigue partagée entre la recherche du vrai coupable et le vrai procès, Aaron Korsh joue plutôt avec la frustration, celle de voir le héros se battre pour une noble cause et se faire contrer par un Terrance Wolf charismatique. 

Plus qu'un personnage secondaire anecdotique, Chi Mc Bride incarne une nouveauté dans le monde de Suits : un procureur réaliste et efficace doté d'un vrai sens de la justice qui refuse les compromis. Résistant aux assauts de Specter avec un certain dédain, il incarne une vision de la justice qui manquait à la série et offre une opposition de choix à Gabriel Macht. Le négociateur est alors obligé de jouer à l'avocat dans sa forme la plus classique et de convaincre plutôt que de négocier. 

Sortant le héros de sa zone de confort, Suits offre une intrigue intense avec un enjeu fort et un sens de la dramatique qui permet aux créateurs d'offrir un divertissement efficace. Proposant un format plus classique de l'univers des shows judiciaires, la série montre qu'elle peut fournir un épisode solide sur une intrigue de départ simple en misant avant tout sur des personnages dotés d'un vrai caractère. 

 

Lutte d'égo et bataille d'influence 

Pour son season final, Suits mise avant tout sur ces personnages, offrant un contenu impressionnant tant les rapports évoluent rapidement, créant l'apparition de nouveaux rapports de force.  Le plus intéressant sur ce point sera Louis Litt qui profite d'une occasion en or pour tenter de faire pencher la balance en sa faveur. Mais là où les hommes luttent pour le pouvoir et voit dans le geste désintéressé de Specter une marque de faiblesse, les femmes incarnent un besoin de contrôle qui apprécient la nouvelle dimension morale prise par Harvey.

J'avais dit dans la critique 1.08 que cette dimension morale était justement l'une des faiblesses du show, les avocats de Suits se battant toujours avec comme idée le bien du cabinet de Jessica. Cet épisode vient corriger le tir, preuve que Aaron Korsh, c'est sa plus grande qualité cette saison, a parfaitement conscience des défauts de son oeuvre et fait preuve d'un vrai soucis de perfectionnisme. Hélas, tout n'est pas parfait et certaines séquences paraissent légèrement incohérentes, en particulier Donna de plus en plus utilisée comme un couteau suisse par les auteurs.

Tout n'est pas parfait, mais le récit a de l'ambition, proposant une évolution dynamique et impressionnante des rapports entre les différents personnages. Plutôt que de résoudre des storylines, Aaron Korsh mise sur la continuité, ce qui peut paraître frustrant pour ceux qui espéraient un coup de théâtre de fin de saison, mais finalement assez logique au vu de l'importance de l'humain dans la série.

 

        

 

La continuité plutôt que la rupture 

Pourtant, bizarrement, cet épisode qui a tout pour plaire laisse un goût étrange, l'impression d'une légère déception devant un  récit pourtant riche et ambitieux. Le problème vient en fait de la construction de l'épisode qui, au lieu de clore les storylines annexes, comme celle de Trevor, choisit de les recentrer dans le but de préparer une saison deux ambitieuse. Plus qu'un season final, Suits nous offre un épisode de transition qui montre que l'équipe créative ne manque pas d'idées pour la suite.

Certes ce final est frustrant car il ne résout pas la problématique à l'origine de la série, mais il possède un enthousiasme plus que rassurant pour la suite, celui d'un show qui a posé les bases de son univers et semble impatient de poursuivre sa route. L'univers autour de Mike Ross, Jenny et Trevor, après un démarrage maladroit, revient sous une forme nettement plus maîtrisée, la série ayant abandonné le côté un peu brouillon des premiers épisodes dénoncé par Bleak (petit emprunt de ma part) à juste titre pour une forme mieux maîtrisée. 

Evoluant dans le bon sens, Suits nous prouve qu'elle a de la suite dans les idées en proposant un épisode parfaitement maîtrisé qui stabilise l'univers du show tout en le renforçant à l'aide du personnage de Wolf. Pas de mort spectaculaire ou de révolution dans ce final, mais une progression vers une saison deux portée par un enthousiasme particulièrement sympathique. 

 

La scène entre Rachel et Donna 

Pour faire un bilan de la saison un, je vais m'attarder sur une scène symptomatique de la série à mes yeux, une séquence bizarrement introduite qui donne le ton du show. Celle-ci voit Rachel Zane, toujours amoureuse de Mike Ross, discuter de ses sentiments personnels avec Donna, dont la relation avec Harvey continue d'être aussi ambigüe. L'incompréhension entre les deux permet de voir la différence entre les deux héros de la série, Harvey construisant son existence sur le respect mutuel et le contrôle là où Mike cède à la passion et une certaine empathie pour les autres. 

Construisant ces personnages comme deux êtres complémentaires que tout oppose, Aaron Korsh propose à première vue une série tout ce qu'il y a de plus classique, typique de USA Network. Pourtant, très vite, une différence est apparue dans cet univers qui apparait dans cette scène entre ces deux femmes que tout oppose au niveau social, mais qui partagent quelque chose de plus complexe, de hasardeux et de non explicable. De même, la relation entre Ross et Specter relève avant tout d'un certain mystère, celui d'une fascination respective et de ce miracle étrange qu'est la complémentarité. 

Série originale par ses personnages et sa capacité à s'adapter au récit qu'elle nous propose, Suits est une originalité dans l'univers hyper formaté des séries télévisées judiciaires, portée par une écriture remarquable et un visuel qui doit beaucoup au réalisateur Kevin Bray. Au final, un divertissement singulier, efficace, jamais prétentieux et doté d'un enthousiasme qui fait plaisir à voir, celui d'un jeune showrunner qui a su éviter les artifices narratifs du genre pour mieux se concentrer sur le coeur de séries télévisés, à savoir les personnages. 

 

J'aime : 

  •  une histoire intense et plutôt maîtrisée, hormis dans sa conclusion un peu bâclée 
  •  des dialogues assez savoureux et un enthousiasme communicatif des auteurs
  •  le duel Specter - Wolf vraiment convaincant 
  •  les acteurs remarquables 
  •  la réalisation de Kevin Bray impeccable

 

Je n'aime pas : 

  •  la conclusion maladroite 
  •  certaines situations pas totalement bien introduites 

 

Note : 14 / 20 

Un final plaisant et efficace pour une série qui clôt en beauté une saison qui aura permis de poser les bases d'un univers d'une grande richesse. Un épisode imparfait, mais doté d'un vrai enthousiasme qui pose beaucoup d'éléments en vue de la saison deux. 

 

Et comme toujours les remerciements de rigueur : 

  •  merci à SerieAll de m'avoir laissé couvrir Suits 
  •  merci à tous ceux qui l'ont suivi avec moi  
  •  et plus personnellement, merci à Sandrine pour les nombreux coups de mains , à Samy qui est mon Mike Ross à moi et à Puck pour tout son travail.

A l'année prochaine pour la saison deux de Suits.

L'auteur

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