Critique : Suits 2.02

Le 26 juin 2012 à 05:14  |  ~ 9 minutes de lecture
Un épisode réussi qui permet de montrer l'importance d'équilibrer politique et séduction dans la lutte de pouvoir qui se prépare au sein de Pearson - Hardman.
Par sephja

Critique : Suits 2.02

~ 9 minutes de lecture
Un épisode réussi qui permet de montrer l'importance d'équilibrer politique et séduction dans la lutte de pouvoir qui se prépare au sein de Pearson - Hardman.
Par sephja

Raison et sentiment 

 

Jessica Pearson essaie de s'assurer la fidélité envers elle des différentes branches de la compagnie, s'efforçant d'obtenir leur vote de confiance contre Hardman. Elle charge Harvey de venir apporter son soutien au département des faillites tenu par Paul Porter, lequel charge Specter de convaincre un de ses clients de céder son projet immobilier sur le point de le mettre sur la paille. Pendant ce temps, Mike fait comprendre à Rachel qu'il a compris son message et qu'il a fait son choix en quittant Jenny. 

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode réussi que l'on peut détailler ainsi : 

  •  le jeu complexe et délicat de la séduction 
  •  une histoire entre orgueil et ambition 
  •  la place très intéressante des femmes dans l'univers de Suits
  •  réussi et parfaitement maîtrisé  

 

 

Faire de l'autre son allié

 

La crise commence au sein de Pearson - Hardman, obligeant Jessica à commencer le décompte de ses alliés et ses ennemis au sein de la compagnie. L'épisode va donc se centrer sur ce jeu particulier entre séduction et négociation, valse élégante qui va permettre à Aaron Korsh de mettre en avant les rapports de force au sein du cabinet. Conçu comme un univers vertical très hiérarchisé, Pearson - Hardman va voir se confronter l'orgueil des étages supérieurs avec l'ambition de ceux qui attendent en bas l'opportunité, trouvant avec le retour de l'associé de celle-ci l'occasion de prendre leur revanche. 

Mais plus que de séduction, il est question pour Paul Porter de voir si Harvey est capable d'accepter de se mettre au même niveau que lui, de nier ce qui le rend unique pour révéler ses propres faiblesses. Le jeu de l'amitié et de la fidélité nécessite d'accepter d'avouer ses défaillances, de montrer son humanité pour laisser à l'autre la possibilité de nous humilier, mais aussi de percevoir la vérité par-delà les apparences. Un aveu de faiblesse dont le héros de Suits est incapable, transformant son champion auprès des clients en un point faible au sein du cabinet, sa réussite et son arrogance lui valant le mépris des étages inférieurs.

Pour Mike, le jeu de la séduction est plus difficile envers Jessica de part sa position, celle-ci voyant en lui l'incarnation du caractère imprévisible et incontrôlable de Specter. La première scène de l'ascenseur est intéressante tant elle révèle le mur qu'il existe entre les employés de ses grandes firmes, mépris empli d'autorité de celle qui refuse de s'abaisser au niveau de la maladresse de l'assistant d'Harvey. C'est pourtant cette capacité à s'abaisser dont Hardman fait semblant de disposer, n'ayant pas à maintenir une main de fer sur un cabinet où la majorité des employés le considèrent comme un nouveau visage. 

Cette nécessité de garder ses employés fidèles va contraire la jeune femme à faire des choix, sacrifiant son attention envers Louis Litt au détriment d'autres membres du cabinet. Une façon élégante pour Aaron Korsh de montrer que la politique est avant tout l'art de choisir ses ennemis et ses alliés, mais aussi celui de savoir interpréter les expressions et les non-dits pour conserver le contrôle de son destin. Un domaine de la gestuelle et du double discours parfaitement maîtrisé par les auteurs, s'appuyant sur des comédiens très convaincants et des personnages d'une grande profondeur qui donne toute sa saveur à Suits. 

 

Faire de l'autre son égal 

 

Pour Mike, l'arrivée de Hardman est un évènement secondaire dont il profite globalement, cherchant avant tout à montrer son affection à Rachel après sa séparation avec Jenny. La série joue sur du velours et le charme légèrement maladroit de Patrick Adams fonctionne à plein, offrant la perspective de mettre fin à un triangle amoureux qui donnait au jeune avocat l'image d'un parfait goujat. Une correction élégante, surtout que l'assistant d'Harvey montre son désir de jouer carte sur table, de révéler son mensonge à la jeune femme afin de construire leur relation sur la sincérité. 

La place de la vérité dans les histoires d'amour est finement exposée, l'enthousiasme de la jeune femme se révélant touchant, laissant apparaître un historique intéressant tout en révélant une fragilité nouvelle et intéressante. Seulement, les temps de guerre ne sont pas propices aux histoires d'amour et le risque envisagé par Mike Ross de tout lui dire possède un potentiel explosif trop grand pour sacrifier la cause commune au bonheur d'une seule personne. La question de la loyauté de Mike se pose alors clairement, entre raison et sentiment, pris au piège de sa propre loyauté envers Specter.

Avec talent, les scénaristes montrent combien le sentiment amoureux repose sur la capacité à ne pas juger l'autre, de rester sous le charme afin que le partenaire puisse se confier sans aucune restriction. En avouant son péché originel, Mike voulait faire d'elle son égal, lui donner le moyen de le détruire comme un serment de fidélité et de l'importance de ce qu'elle représente à ses yeux. Mais il condamnerait alors sa position au sein de Pearson - Hardman, le plaçant dans une situation conflictuelle bien pensée où la décision juste n'existe plus, obligé de sacrifier sa faiblesse pour elle au profit de sa propre carrière.

Rien n'est plus difficile que d'accepter de faire de l'autre son égal, tant il s'agit d'un geste qui implique une confiance totale envers l'élu, qu'il soit ami ou amant. Un geste qu'Harvey a fait envers Mike en se plaçant au même niveau que lui devant Jessica, geste symptomatique d'un personnage qui n'obéit à aucune hiérarchie et construit un univers à son image. Mais aussi une façon de constater qu'Harvey Specter est bien une création collective, le fruit d'une association de talents qui donne à Harvey le devoir d'être le meilleur.

 

 

Faire de l'autre son amie

 

Si la série possède deux personnages principaux masculins, la place des femmes y est importante, celle-ci possédant une influence forte sur la vie des deux héros. Ainsi, la secrétaire d'Harvey est devenue un personnage incontournable du show, Sarah Rafferty confirmant à chaque épisode sa position de bouclier pour Harvey, le protégeant de ses ennemis comme de lui-même. Influente et respectée pour cela, elle représente une vraie source d'informations par sa capacité à gagner la confiance des autres, oreille attentive aux divers bruits de couloir. 

Mais en secret, elle reste un ancien coeur brisé, se reconstruisant en prenant part à la création de l'illusion Harvey Specter, trouvant dans le travail la solution à sa propre frustration. Seulement, la frontière entre la raison et le coeur est toujours ténue et ambiguë, permettant de pardonner certaines trahisons si elles sont exécutées au service d'une conviction sincère. Une raison pour laquelle Jessica pardonne à Harvey ses excès d'orgueil, appréciant chez lui cet idéalisme, ce besoin de refuser toute soumission et de ne pas s'abaisser à la moindre compromission. 

Dans l'univers impitoyable de Pearson - Hardman, les femmes occupent une place prépondérante et leur soutien est la seule garantie de la possibilité de succès. Plus qu'une lutte entre Jessica et son prédécesseur, c'est un combat pour garder le pouvoir qui s'amorce entre un homme qui n'a rien à prouver et une femme qui a tout à perdre. Prometteur, une saison deux qui démarre pour le mieux, laissant apparaître les différents pouvoirs existants à l'intérieur du cabinet tandis que les premiers camps commencent à apparaître. 

 

La maîtrise du récit avant tout 

 

Toujours impeccable, l'épisode surprend surtout par sa gestion du timing, très soigné avec une accélération lors des scènes comiques qui viennent contrebalancer le rythme plus lent de séquences plus subtiles. Rarement maladroit, les auteurs maîtrisent totalement leur univers, montrant une gestion très intéressante des silences par un casting impeccable. Toujours maître dans l'art des confrontations, Aaron Korsch offre un bel exemple de son talent lors des séquences entre Donna et Louis, avec un sens indéniable dans la gestion de la négociation. 

En conclusion, un épisode dans la continuité du premier, avec une exploration intéressante de la situation de Jessica à l'intérieur de son propre cabinet. La guerre n'a pas encore commencé, mais chacun cherche encore à se préserver en renforçant ses positions dans une histoire qui laisse apparaître l'incapacité d'Harvey à faire de la politique. Construit sur le principe du jeu de la séduction, un épisode intéressant qui laisse apparaître toute la profondeur d'une galerie de personnages subtilement construite.

 

J'aime :

  •  la qualité des dialogues et de l'interprétation 
  •  le thème de la séduction 
  •  la confrontation entre Louis et Donna 
  •  un récit parfaitement maîtrisé 

 

Je n'aime pas : 

  •  non, désolé 

 

Note : 15 / 20 

Un second épisode parfaitement maîtrisé qui confirme toute l'ambition d'un début de saison réellement séduisant et bien pensé. Préparant le terrain avant le combat à venir, une intrigue qui laisse entrevoir les différents rapports de force tout en concluant pour un certain temps une intrigue romantique qui n'avait plus vraiment sa place. 

L'auteur

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