Critique : Suits 2.07

Le 06 août 2012 à 11:37  |  ~ 9 minutes de lecture
Un épisode très réussi qui marque un tournant décisif pour toute la suite de la saison.
Par sephja

Critique : Suits 2.07

~ 9 minutes de lecture
Un épisode très réussi qui marque un tournant décisif pour toute la suite de la saison.
Par sephja

Le procès d'Harvey Specter 

 

Lors d'une audience préliminaire concernant son procès pour dissimulation de preuves, Harvey réagit à une provocation de Tanner en le frappant violemment au visage. Daniel décide alors d'organiser une simulation de procès devant tous les partenaires seniors de Pearson - Hardman où Louis tiendrait le rôle de l'accusation. Seul problème, Donna utilise le cinquième amendement pour garder le silence et accuse son ancien patron de l'avoir trahie.

 

Résumé de la critique

Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi :

  •  une fausse simulation de procès ingénieuse 
  •  Harvey Specter vue par les autres 
  •  un contexte particulièrement riche 
  •  le point faible d'Harvey Specter 

 

 

Faux procès / Vraie accusation

 

Après un épisode de remplissage assez frustrant, Suits revient au combat opposant Tanner et Specter au travers d'une première scène qui laisse percevoir la faiblesse d'Harvey face à un adversaire prêt à tous les coups bas. Il ne s'agit donc pas de juger de l'existence ou pas de ce mémo, mais de déterminer le niveau de moralité de l'associé de Pearson - Hardman et sa capacité à dissimuler des preuves pour son propre profit. Le coup de poing vient marquer sa frustration, Harvey s'efforçant de protéger ses collègues des dommages collatéraux de ce dossier, surtout après le licenciement de Donna.

Pour la première fois dans le box des accusés, Harvey doit faire face à ce qu'il craint le plus, l'accusation s'efforçant de prouver sa défaillance en posant la question aux jurés de sa propre moralité. Si le début de la série avait présenté Specter comme un gagnant arrogant et cynique, le show d'Aaron Korsh prend un malin plaisir à écorner cette image, à la détruire peu à peu pour le ramener à l'état d'être humain. Ce faux procès se focalise essentiellement sur un travail consistant à montrer le peu de valeur de sa parole en réduisant en miettes sa réputation et en prouvant qu'il peut être capable de faiblesse.

Pourtant, malgré son impassibilité apparente et son ironie mordante, le héros de Suits va se faire déstabiliser par son meilleur ennemi, à savoir Louis Litt qui va transformer ce procès en un vrai règlement de compte. Excellant dans l'écriture de scènes d'affrontement, les auteurs de Suits se régalent avec ce simulacre à l'enjeu étonnant, posant la question de l'intégrité et de la crédibilité de Specter. Petit à petit, son masque se fissure, en particulier lors de l'interrogatoire de Donna où Louis va se montrer particulièrement odieux, cherchant la faille dans le jeu d'Harvey, le petit élément qui viendrait briser la confiance des partenaires à son égard.

Lorsqu'un super-héros laisse tomber le masque et révèle sa nature humaine, il gagne en humanité, mais perd cette touche de mystère qui le rend invulnérable aux yeux de ses ennemis. Harvey s'efforce de rester insaisissable, tandis que chaque personnage de Pearson - Hardman trouve l'occasion de dire ses sentiments à son égard, révélant des visions diverses d'un homme qui aime à troubler les lignes. Seul Rachel Zane peine une nouvelle fois à trouver sa place, son seul lien avec cette histoire se limitant à son amitié avec Donna.

 

Le coeur d'Harvey Specter 

 

Pour Mike, ce procès est l'occasion de remettre en cause son mentor et son ami, celui qui a su lui ouvrir les portes de Pearson - Hardman en mettant sa carrière en jeu pour le conserver. Cherchant à défendre des causes juste avant tout, Ross se pose la question de la moralité de Specter, cherchant à découvrir s'il est bien motivé par l'idée de faire le bien ou s'il est un être froid qui joue uniquement pour gagner. Un débat qui est le coeur de cette affaire et de cette saison, tous les personnages de Suits se trouvant quelque part sur la large frontière qui sépare le bien et le mal.

A la différence de Ross, Jessica ne voit pas en Harvey le costume impeccable et n'est pas dupe de ses manières, convaincue de pouvoir voir au travers des barrières qu'il dresse pour se protéger. Capable d'une réelle duplicité, elle montre combien Harvey symbolise pour elle un idéalisme, la foi dans l'existence d'une solution juste, d'un accord parfait qui satisfait tout le monde. Ce procès devient l'occasion parfaite de montrer le regard particulier que les femmes portent sur Specter, à la fois exaspérée et fascinée par cette capacité à toujours masquer son jeu en toutes circonstances.

Pour appuyer ce propos, les scénaristes ont l'idée de nous introduire au personnage de Zoe, une femme qui va s'efforcer de mettre en avant ce rapport particulier d'Harvey avec les femmes de caractère. Le choix de Jacinda Barrett est assez troublant pour tenir ce rôle, l'actrice étant à la vie l'épouse de Gabriel Macht, appuyant le sentiment d'intimité qui s'installe entre les deux. Suits joue alors à poser la question de la frontière entre l'interprète et son personnage, montrant que le but du show n'est pas de fournir un simple divertissement, mais de parler de la fragilité humaine dans un monde moderne agressif et hyperconcurrentiel.

Ce refus de laisser paraître ses faiblesses se retrouve dans le regard de Donna qui essaye fréquemment de détourner ses yeux d'Harvey sans pour autant pouvoir lui échapper. La performance de Sarah Rafferty est, une nouvelle fois, impeccable, les coups assénés par Louis détruisant sa défense surtout que les apparences sont clairement contre elle. La question de l'amour n'aura évidemment pas de réponse tant leur relation est plus complexe qu'une simple romance, partageant une complémentarité qui dépasse le cadre d'un simple attachement romantique.

 

 

Les apparences sont toujours trompeuses 

 

Dans le rôle du juge, Hardman mène la danse de ce jeu aux règles subtiles, cherchant à faire apparaître la faille chez Specter qui pourrait lui permettre d'atteindre Jessica. Le faux procès pour l'affaire du mémo est en fait un voile pour masquer la volonté de Daniel de remettre en cause la gestion de Pearson et en particulier sa volonté de faire de Harvey un associé senior. Il va alors exploiter la principale fragilité du héros de Suits, à savoir son incapacité à affronter un groupe, son numéro de charme légèrement insolent ne fonctionnant pas face à un jury.

C'est là que le personnage de Zoe est particulièrement intéressant, incarnant cette opinion collective qui connait trop les effets de manche de Specter pour y être encore sensible. Harvey se heurte alors à son principal problème, à savoir son incapacité à plier à affronter un jury dans son ensemble, son comportement s'adaptant avant tout à la personne qu'il affronte. Adepte de la confrontation, le personnage joué par Gabriel Macht est conçu pour affronter un seul adversaire, justifiant sa passion pour la boxe et les sports individuels, mais aussi son refus perpétuel d'aller jusqu'au procès.

Si Specter est le meilleur pour trouver des arrangements, c'est avant tout parce qu'il sait ne pas pouvoir assurer sa victoire face à un groupe de plusieurs personnes sur lesquels il n'a aucun contrôle. Un point faible qui devient évident lors de cet affrontement avec Louis et justifie son choix final, révélant le point faible d'une carapace qu'il croyait imperméable, mais qui ne résiste pas à son besoin de protéger ses collaborateurs. Une défaillance qui est celle de tout ceux qui se rêve super-héros, Donna tout comme Mike étant parti prenante de l'entité Harvey Specter.

La scène des toilettes entre Louis et Harvey est la plus impressionnante de l'épisode, marquant la qualité remarquable des interprètes de Suits tout en laissant le héros seul face à son propre reflet. L'occasion pour lui de se fait remettre à sa place par son meilleur ennemi, découvrant combien son pêché d'orgueil le mène lentement à mettre ses proches dans une grave détresse.

 

Une faiblesse pour les autres 

 

L'expression dit souvent que "nul homme n'est une île" ce qui est le cas pour Harvey qui ne serait pas devenu ce qu'il est sans son entourage professionnel né de certaines rencontres comme Donna ou Chloe. En posant la question du bien de ses actions par le biais de Mike Ross, Aaron Korsh aura passé cette première moitié de saison à remettre en cause de l'invulnérabilité de Specter. En conclusion, le point faible principal d'Harvey reste Mike Ross, seul garçon assez brillant pour l'obliger à se remettre en cause et révéler ses failles en l'obligeant à montrer une conscience morale.

En conclusion, un épisode très réussi, confirmant que Suits est bien plus qu'un simple divertissement estival, série forte et élégante qui raconte l'histoire d'un homme qui cherchait à être parfait. A partir d'un simple procès d'entrainement, les auteurs parviennent à faire passer l'intrigue de Tanner au second plan pour redonner l'avantage à Hardman qui vient marquer la fin de l'épisode en révélant enfin son jeu. Parfaitement maîtrisée, une intrigue riche et bien rythmée à qui je reprocherais uniquement une scène du détecteur de mensonges qui crée un suspense gratuit et un peu trop facile.

 

J'aime : 

  •  les acteurs sont impeccables 
  •  la scène d'interrogatoire de Donna 
  •  la confrontation entre Louis et Harvey dans les toilettes 
  •  la profondeur des différents personnages
  •  le twist final très judicieux 

 

Je n'aime pas : 

  •  rien 

 

Note : 15 / 20 

Un épisode impeccable, intense, bien rythmé qui oblige Harvey à se dévoiler malgré lui dans un faux procès qui va prendre une importance bien plus grande que prévue. Une intrigue bien pensée qui confirme toute la force des personnages d'un show qui prouve une nouvelle fois qu'elle est bien plus qu'un simple divertissement.  

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