Critique : Terriers 1.02

Le 29 mars 2011 à 16:02  |  ~ 4 minutes de lecture
Après une première enquête aux enjeux assez forts, Terriers revient avec un épisode stand-alone comique et réussi. Mais l'affaire Lindus continue et révèle lentement la nature sombre du show.
Par sephja

Critique : Terriers 1.02

~ 4 minutes de lecture
Après une première enquête aux enjeux assez forts, Terriers revient avec un épisode stand-alone comique et réussi. Mais l'affaire Lindus continue et révèle lentement la nature sombre du show.
Par sephja

Pitch Teckel 

Suite à l'arrestation de Robert Lindus et au gel de ses comptes par la police, Hank et Britt se retrouvent à nouveau totalement à court d'argent. Ils récupèrent alors dans les dossiers de l'inspecteur Gustafson un avis de recherche concernant un fugitif, Mongo et partent à sa recherche. Seulement, rien ne va se passer comme prévu.

 

Un faux épisode stand alone

Aprés un premier épisode plutôt remarquable avec des enjeux forts, Terriers fait le choix de proposer une intrigue moins intense sur un ton volontairement comique, plutôt réussi. Jouant fréquemment sur le décalage entre la posture de héros de Hank et Britt et une réalité bien moins flatteuse, la série montre une réelle capacité à générer une ambiance et des personnages originaux en un laps de temps très court. Trop humain pour camper de véritables chasseurs de primes, les deux héros de Terriers vont prouver encore une fois que leur force vient essentiellement de leur capacité à voir au delà des apparences.

Malgré ses faux airs d'épisode indépendant (stand alone en langage série), le show semble perpétuellement chercher à nous ramener à l'affaire Lindus. Les créateurs insistent beaucoup sur les mensonges des deux héros, comme pour nous forcer à porter un regard critique sur eux. Le message des auteurs est très clair : on ne peut apprécier un personnage que si l'on accepte ses défauts avant tout. Contrairement à d'autres, Terriers ne fait pas dans la facilité, et masque derrière son apparence plutôt légère une tristesse infinie, celle de deux personnages au bord de la rupture.

 

Hank Dolworth ou l'impossibilité de se reconstruire

Superbement interprété par un Donald Logue qui casse totalement son image d'acteur de comédie, Hank est un homme sans moteur, un être à qui l'alcool a tout pris. Devenu sobre depuis peu, il a enfin pu réaliser combien il se détruisait, mais ne possède pas encore l'énergie nécessaire à sa propre reconstruction. Incapable d'accepter le jugement des autres, il s'accroche à son passé avec l'énergie du désespoir en rachetant son ancienne maison à son ex-femme.

Trop faible pour faire face à la réalité, il maintient au mieux l'illusion de son ancien travail avec son associé Britt, vivant avec les fantômes du passé à la recherche de ses erreurs. Sa relation avec Gretchen (Kimberly Quinn, vraiment superbe) est significative de cette incapacité à oublier, Hank semblant tenir tous ses sentiments sous un couvercle par peur de replonger dans l'alcoolisme.

La photo ci-dessus est pour moi la parfaite expression de la nature de Hank, un corps qui s'auto-détruit tout en essayant de maintenir au mieux les apparences.

 

Britt Pollack ou le syndrome de Peter Pan

Britt Pollack (Michael Raymond-James, très bon) possède pour sa part une énergie débordante et semble moins tourné vers le passé que Hank. La vie de cet ancien criminel est partagée entre sa petite amie Katie (Laura Allen étonnante) et un travail qu'il considère comme une sorte de hobby. Incapable de créer une barrière entre vie privée et professionnelle, Britt se plaît à faire preuve d'une irresponsabilité de plus en plus marquée, conscient de sa propre incapacité à s'engager durablement.

Son personnage possède pourtant, derrière une attitude enthousiaste et puérile, une face plus sombre et triste, une douleur que les auteurs laissent par instant poindre sans encore lui donner de vrai développement.

 

Des petits détails qui font les séries réussies

Hormis une réalisation toujours impeccable et un sens du cadrage et de la lumière toujours aussi extraordinaire, Terriers surprend surtout par la maîtrise totale dont font preuve les créateurs du show à travers une multitude de petits détails invisibles lors d'un premier visionnage (l'exemple du réfrigérateur vide dans le pilot qui ramène directement à l'épisode 4). La mythologie de la série est clairement maitrisée, les lignes directrices de l'épisode trois apparaissant déjà ici afin de donner à l'ensemble une véritable cohérence.

Sans utiliser le moindre effet dramatique, le scénario emprunte lentement une pente plus sombre et sérieuse tandis que l'affaire Lindus semble prendre une tournure de plus en plus étrange. Nul doute que l'avenir nous réserve de nombreuses surprises, car Britt et Hank devront alors sûrement payer pour leur mensonge.

 

J'aime:

  • les acteurs, surtout Donald Logue. 
  • la réalisation, l'éclairage et les décors quasi-naturalistes. 
  • le ton, mélange de noirceur et de légèreté, très bien équilibré.
  • un scénario parfaitement maitrisé.
  • un humour plutôt malin.

Je n'aime pas:

  • les dirigeants de FX (d'accord, je me répète, mais bon ...). 
  • des ficelles un peu grosses dans le dénouement.

Note: 14 / 20

L'auteur

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