Critique : The Borgias 1.07

Le 10 mai 2011 à 13:22  |  ~ 6 minutes de lecture
Episode de transition plutôt mineur, il permet de replacer les différents personnages en vue d'un final qui s'annonce particulièrement dramatique. Au programme, une armée contre une civilisation, un portrait du Cardinal Della Rovere et un pape à la recherche de l'aide de Dieu.
Par sephja

Critique : The Borgias 1.07

~ 6 minutes de lecture
Episode de transition plutôt mineur, il permet de replacer les différents personnages en vue d'un final qui s'annonce particulièrement dramatique. Au programme, une armée contre une civilisation, un portrait du Cardinal Della Rovere et un pape à la recherche de l'aide de Dieu.
Par sephja

Pitch invasion

Tandis que l'armée Française pénètre les Terres du duché de Milan, le pape Alexandre VI tente d'ordonner l'excommunication de quiconque accepterait de laisser passer sur ses terres l'armée Française. De l'autre côté, le Cardinal Della Rovere va faire l'amère expérience de la vraie nature de la guerre, découvrant la brutalité de l'armée Française, qui organise un massacre dans la ville de Lucca. La terreur fait son oeuvre et toutes les portes d'Italie s'ouvrent pour la conquête de Naples.

 

Préparer le terrain avant le combat  

 

D'un contenu plus pauvre que d'habitude, cet épisode des Borgias tente de replacer chaque personnage au sein de l'histoire, commence à clore les storylines les moins prometteuses. Il s'agit ici d'un épisode de transition classique, mais qui n'est pas artistiquement du niveau de ses prédécesseurs, les scènes de bataille n'étant pas très inspirées. Même si les comédiens sont toujours excellents, la tentative de mise en lumière des forces en présence traîne en longueur et peine à convaincre.

L'attente était assez haute, l'invasion des Français constituant un évenement à la portée dramatique majeure, tandis que le pape se retrouve de plus en plus isolé. La famille Borgia semble condamnée par la puissance de feu des envahisseurs, l'Italie étant trop divisée pour proposer une riposte efficace. Incapable de trouver une stratégie de défense, le Pape se retrouve de plus en plus isolé et seul, ne pouvant compter que sur ses proches pour le défendre.

Les intrigues concernant Cesare et Lucrèce s'avère assez moyennes, ne servant qu'à clore les arcs romantiques qui avaient été développés lors des épisodes précédents. Seule Lucrèce connaitra une vraie évolution, avec une révélation forte sur son état, révélation qui aura des conséquences dramatiques. Fuyant pour cacher sa trahison, elle fait disparaître avec elle l'espoir d'une union avec la famille Sforza, qui semblait de toute façon peu encline à combattre les français. 

 

Une armée à l'assaut d'un royaume 

 

Car si Guerre il y a, elle possède un statut particulier: l'Italie est divisée et la France connaît  peu d'opposition à son passage. Héritiers d'une civilisation prospère, les Italiens préfèrent la politique à la Guerre, et ne possèdent pas les moyens de se défendre contre la barbarie Française. Michel Muller incarne un roi réaliste, mélange crédible de cruauté et de cynisme, tandis que L'Italie tente de se défendre en négociant sa reddition.

Le massacre de Lucca, censé constituer l'événement majeur de l'épisode, est réussi, mais ne remt pas assez en cause l'image de Della Rovere. L'image que le réalisateur veut nous vendre, celle d'un homme qui découvre l'atroce réalité de la Guerre, ne passe pas, c'est un point de vue trop mélodramatique sur ce personnage. Loin de faire preuve de la noirceur attendue, les auteurs donnent la mauvaise impression de vouloir dédouaner le cardinal des évènements dramatiques de Lucca.

Une civilisation, si puissante soit-elle, ne peut lutter contre la barbarie. Et le  peuple de Florence va même aller jusqu'à réserver à l'armée Française un accueil assez chaleureux. Les passages avec Machiavel sont un exemple remarquable de finesse, qui montre comment le politique peut jouer sur de petits détails pour sauver les apparences. La série retrouve alors toute sa force dans cette description de la lutte d'un royaume contre une armée, du politique contre la brutalité.

 

Les péchés du Cardinal Della Rovere

Exemple parfait que l'enfer est pavé de bonnes intentions, le Cardinal Della Rovere incarne parfaitement la façon dont la corruption peut se parer de vertu. Aussi corrompu que la pape qu'il tente de renverser, il aura découvert tout le long de son voyage une Italie à l'image de son chef spirituel, divisée et égoïste. Loin du Vatican, il découvre une terre où la charité chrétienne laisse la place à la corruption, au blasphème et à la barbarie.

En effet, si l'église a fréquemment pointé du doigt les Borgias comme les seuls responsables de l'affaiblissement de l'influence de l'Eglise, l'idée de montrer que cette corruption existait avant l'arrivée du Pape Alexandre VI vient intelligemment remettre en cause la thèse officielle. L'influence moderne d'un Machiavel montre que le règne des politiciens approche, l'Eglise ne possédant plus l'influence nécessaire pour empêcher les barbares de venir tout détruire. 

En traversant les royaumes de la future Italie, Della Rovere fait surtout l'expérience de nombreux péchés, agissant sous l'effet de la colère et de l'envie. Pris au piège de sa propre faiblesse, il apprend à faire usage du mensonge tout en s'efforçant de maintenir l'illusion d'une certaine droiture qui s'effondre définitivement à Lucca, salissant son nom du sang des nombreuses victimes. Même s'il parvient à renverser la Pape Borgia, Della Rovere est définitivement souillé et ses quelques négociations pour racheter son honneur auprés des Florentins seront particulièrement vaines. 

 

Un pape seul, abandonné de tous 

Tandis que l'armée Française s'approche, le Pape voit tous ses alliés lui tourner le dos ou se retourner contre lui, Giulia Farnese devenant la seule étrangère à lui apporter son aide. La révélation de sa totale absence de pouvoir pousse Rodriguo Borgia à une confession finale superbe, une confession remarquablement filmée qui sonne comme un aveu d'impuissance. Pris dans la fureur d'une histoire qui s'accélère, il ne peut plus compter que sur sa seule famille pour pouvoir espérer sauver son règne au sein du Vatican. 

L'histoire des Borgias semble prête à toucher à sa fin tandis que le voile du mensonge se déchire, laissant paraître un homme perdu, incapable d'être à la hauteur de sa haute fonction. Un rôle dans lequel Jeremy Irons est remarquable. Rodriguo Borgia sait qu'il va devoir sortir de son rôle de Pape pour pouvoir retrouver sa combativité et le sens de l'intrigue qui lui a permis de survivre toutes ces années.

 

J'aime : 

  • Della Rovere face aux conséquences de ses actes 
  • l'action de Machiavel contre l'envahisseur 
  • la confession finale du pape

Je n'aime pas : 

  • un épisode de transition 
  • Juan Borgia inexistant 
  • une réalisation moins splendide qu'à l'accoutumée

Note : 13 / 20 

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L'auteur

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