Critique : The Borgias 1.08

Le 17 mai 2011 à 16:33  |  ~ 5 minutes de lecture
Episode très réussi où chaque personnage va devoir faire face à son destin, entre combativité et désespoir. Au programme, une guerre qui prend un tour plus politique, un portrait de Charles VIII tandis que le Pape se retrouve seul dans un Vatican déserté.
Par sephja

Critique : The Borgias 1.08

~ 5 minutes de lecture
Episode très réussi où chaque personnage va devoir faire face à son destin, entre combativité et désespoir. Au programme, une guerre qui prend un tour plus politique, un portrait de Charles VIII tandis que le Pape se retrouve seul dans un Vatican déserté.
Par sephja

Pitch déroute 

Tandis que l'armée Française progresse en direction de Rome, Giulia Farnese et Lucrece Borgia s'enfuient de la maison des Sforza et sont faites prisonnières par les envahisseurs. L'armée du Pape, dirigée par Juan Borgia, choisit l'affrontement sur un terrain à découvert, afin de limiter l'efficacité de l'usage des canons français. Seulement, les forces sont tellement déséquilibrées que l'issue du conflit ne fait pas le moindre doute.

 


Fuir son destin ou accepter d'y faire face 

Tandis qu'à Rome, les cardinaux comme les nobles se préparent à fuir devant la menace Française, le Pape Borgia va décider de rester à sa place, voyant en cet instant historique l'occasion de rentrer dans l'histoire. Porté par un Jeremy Irons omniprésent et remarquable, Rodriguo fait le choix de l'abnégation, voyant dans cette invasion Française le symbole de son propre échec à faire taire son principal opposant : le cardinal Della Rovere.

Tandis que Juan découvre, comme toute l'Italie, la réalité d'une guerre violente et brutale, l'armée du Pape se retrouve confrontée à une armée supérieure en nombre et en force. La bataille contre l'armée Française nous épargnera les ralentis et autres cris de ralliement, préférant largement un réalisme cru où Lucrece Borgia apportera une touche de poésie bienvenue au milieu de cette barbarie.

Certes, la vérité historique est loin d'être respectée ici, mais The Borgias possède un grand souffle romanesque et atteint une certaine grâce lorsque Lucrèce traverse les lignes Françaises pour rejoindre son frère. Cette scène, totalement irréaliste, possède une certaine poésie et prouve que Neil Jordan privilégie une certaine fluidité narrative plutôt qu'un réalisme strict et figé (je parle ici de la version de Tom Fontana qui passera bientôt sur Canal +). 

L'histoire s'accélère et l'heure de l'affrontement approche entre Della Rovere et Rodriguo Borgia, le Pape n'ignorant pas qu'il s'agit du seul combat qu'il peut encore remporter. Après le sang et l'affrontement par la force, la politique reste la dernière arme des Borgia contre un ennemi qui n'a finalement pas grand intérêt à renverser un Pape. Della Rovere, pour avoir amené le sang et la mort aux portes de Rome, devra lui aussi payer le prix de ses péchés. 

 

Entre violence et politique 

Alors que le combat s'annonçait peu équilibré, prémisse d'une boucherie sans grand intérêt, l'arrivée de Lucrèce Borgia au sein du camp Français va apporter une touche de subtilité bienvenue à cette histoire de poudre et de sang. Le lien qu'elle parvient à tisser avec le roi de France est certes ténu mais parfaitement crédible, les scénaristes ayant remarquablement préparé le terrain durant l'épisode précédent. 

Rien n'est plus agréable que de voir des éléments inutiles prendre enfin tout leur sens, donnant à voir un scénario soigné et particulièrement bien préparé. Michel Muller s'avère un excellent choix de casting, et son duo avec Holliday Grainger particulièrement réussi, la jeune femme parvenant à trouver la seule faille dans la carapace de ce roi au physique ingrat. Le bruit des canons s'éteint pour laisser la place à un jeu plus fin, mélange raffiné de politique et de séduction. 

En montrant la supériorité de la politique sur l'usage des armes, The Borgias propose un récit moderne qui insère l'image d'une féminité libre et actrice plutôt que spectatrice. En intervenant dans la bataille qui se déroule sous ses yeux, Lucrèce gagne un statut d'héroïne, confirmant l'orientation assez moderne de l'histoire des Borgias voulue par Neil Jordan. Nul doute que ce que la série perd en réalisme et en violence, elle le gagne en poésie et en cohérence narrative.

 

Charles VIII, entre barbarie et noblesse

 

Charles VIII est un roi assez jeune et ambitieux qui convoite depuis longtemps le royaume de Naples, comptant avant tout sur une logistique impressionnante et une brutalité froide et impitoyable. D'apparence rustre, son goût pour les romans de chevalerie ainsi que l'influence de sa soeur Anne de France font de lui un être sensible au charme féminin, un barbare en quête d'une certaine forme de noblesse.

Si je dois reconnaître n'avoir jamais été un grand fan de Michel Muller (même si je pratique aussi les mathématiques alimentaires), sa prestation dans The Borgias est étonnante et remarquable, l'acteur faisant preuve d'une sincérité étonnante dans son rapport avec Lucrece. Très diffus et jamais forcé, son jeu enrichit le caractère de ce roi rude, sans posture, d'une ambigüité qui laisse entrevoir une soif de noblesse que la jeune femme saura subtilement exploiter.

 

Un final qui promet de nombreux revirements

Maintenant que la guerre est quasiment achevée, la vraie bataille commence pour le Pape Alexandre VI qui se prépare à accueillir son véritable ennemi, le cardinal Della Rovere. Leur affrontement sera sans nul doute le point d'orgue de ce final et ouvrira les portes vers une seconde saison bien méritée, au vu de la qualité du spectacle fourni tout au long de ces neuf épisodes. 

Impuissant, les deux fils Borgias ne peuvent plus que regarder, tandis que Lucrece est visiblement prête à tout pour sauver son père. Le jeu des alliances et de la politique ne fait que commencer.

J'aime : 

  • Lucrèce Borgia en héroïne moderne. 
  • une direction artistique toujours superbe
  • Jeremy Irons remarquable
  • La scène où Lucrèce traverse le champ de bataille, irréaliste et donc très poétique 

 

Je n'aime pas : 

  • Cesare impuissant qui s'avère étonnamment passif 


Note : 15 / 20 

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L'auteur

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