Critique : The Borgias 2.09

Le 12 juin 2012 à 14:17  |  ~ 8 minutes de lecture
Un épisode fort et assez intense qui montre jusqu'où la vanité peut pousser les hommes, tandis que la famille Borgia s'entredéchire.
Par sephja

Critique : The Borgias 2.09

~ 8 minutes de lecture
Un épisode fort et assez intense qui montre jusqu'où la vanité peut pousser les hommes, tandis que la famille Borgia s'entredéchire.
Par sephja

Cain et Abel 

 

Le pape Alexandre VI prépare l'excommunication de Savonarole et Cesare découvre que le frère Florentin a transformé les croyants en disciples et la foi en une ferveur hystérique. Il décide alors de le confronter, aidé en cela par Machiavel qui ne voit pas d'un bon oeil ce pouvoir grandissant et cette goût pour la purification par le feu. Pendant ce temps, Giulia Farnese obtient du pape qu'il accepte de célébrer le baptême de l'enfant de Lucrèce, tandis que Juan sombre dans la consommation d'opium. 

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode très réussi que l'on peut détailler ainsi : 

  •  un récit en deux actes forts grâce à une mise en scène spectaculaire 
  •  une famille en pleine implosion
  •  l'homme face à ses propres contradictions 
  •  un épisode mythologique fort 

 

 

L'orgueil du chemin de croix  

 

Pour  préparer le season finale, The Borgias nous propose son épisode le plus ambitieux où Cesare va se confronter à Jerome Savoranole dans un premier temps, puis à son propre frère lors du baptême du fils de Lucrèce. Coupée en deux, cette intrigue s'avère assez ambitieuse et réussie, surtout la scène où Machiavel donne la clé à Cesare pour faire tomber le prêcheur Toscan. Dépassant le cadre du religieux, le réformateur dominicain devient la victime de son propre discours, le Cardinal Borgia révélant aux yeux de tous sa nature profondément humaine, le privant du coup de son auréole mystique. 

Une première partie convaincante qui doit beaucoup aux dialogues très bien écrits, même si elle porte un regard sans concession et un peu dur sur Savoranole. Comme toujours, la vérité est toujours détournée dans The Borgias, le récit assumant pleinement son caractère volontairement romanesque et ses trahisons envers la réalité. Visuellement élégant, l'épisode propose une gestion de la mise en scène impeccable et un travail sur les regards très intéressant, celui de Cesare sur le blasphémateur de Florence, mais surtout le regard de Lucrece sur son frère Juan. 

En effet, le frère Borgia va occuper la seconde partie de l'épisode, tandis qu'Alexandre VI célèbre le baptême de son petit-fils batard. Un second acte plutôt intense, offrant l'occasion à David Oakes de montrer son talent, sortant enfin du registre où les scénaristes l'avaient enfermé. Mais surtout, il est question de la famille Borgia, de ses valeurs et des rêves de noblesse d'un frère ainé qui aimait trop son père et refusait de voir ses enfants se diriger vers une existence sans grandeur. Vide de toute noblesse, leur famille est une lignée de bâtards, assumant leur faiblesse, jurant au milieu de l'esprit de l'époque où le sang joue un rôle déterminant dans la destinée.

 

Le bonheur ou la famille 

 

Au centre de cet épisode, l'orgueil de deux hommes qui se rêvait plus qu'il n'était, croyant que leur sens de la vertu les transformerait en quelque chose de supérieur. Pour Juan, il s'agissait de véhiculer l'image d'une certaine noblesse, cherchant ainsi à satisfaire un père à qui il a tout donné, essayant d'illuminer la voie pour son frère et à sa soeur. Seulement, à la différence de lui, Lucrece et Cesare ne partage pas de rêve de noblesse, trop conscient du danger que représente l'ambition sans limite de Rodriguo Borgia, poussant son fils à porter un poids trop lourd pour ses épaules.

Trahi par son frère, Juan est en colère contre l'insensibilité de son frère et sa soeur à son égard, incapable de comprendre la réalité d'un monde où la lignée joue un rôle plus important que tout. En tant que fils aîné, il était le symbole de la famille, gonfalonnier des armées papales, portant sur lui le poids des ambitions d'un pape qui rêve de laisser sa marque dans l'histoire. Seulement, s'il est clairement sous l'influence d'un père qu'il aime plus que tout, Cesare et Lucrece ont subi de leur côté l'influence de leur mère, méprisant ceux qui présentaient Vanozza Cattaneo comme une vulgaire catin.

Isolé dans cette famille, l'amour de Juan pour son frère et sa soeur se sera exprimé de la pire des manières, tandis que le mensonge de celui-ci devenait flagrant sur le champ de bataille. L'occasion pour Cesare d'envisager le pire, à savoir détruire le symbole de l'orgueil d'une famille avide de pouvoirs, mais surtout annihiler pour de bon le lien entre lui et un père qui ne pourra lui pardonner. Un acte brutal, cruel, où s'exprime tout son désir de détruire le symbole d'une ambition paternelle qui les empêche d'être heureux, de vivre ses amours pour Lucrèce ou de quitter ce costume de cardinal pour Cesare. 

 

 

L'ambition comme seul crime

 

En regardant Savoranole traverser les flammes, Cesare comprend combien l'ambition peut mener les hommes à leur perte, les poussant à se mentir à eux-mêmes. Ainsi, le prêcheur Florentin affronte les flammes, croyant sincèrement que sa valeur lui permettra de dompter sa propre peur et de transformer un mensonge en vérité. Une volonté qui se retrouve chez le pape Alexandre VI, dont les seuls succès sont à mettre au crédit de sa maîtresse et qui apparaît comme de plus en plus coupé de la réalité, inconscient des complots qui s'organisent contre lui.

Pourtant, il essaie toujours de se donner une vraie autorité, en particulier lors de la scène de sa confrontation avec le prétendant de sa fille, pour mieux basculer dans le ridicule, offrant l'occasion à Jeremy Irons de montrer tout son talent. L'ambition est le péché principal des Borgia, mais aussi de Della Rovere qui accepte le sacrifice d'un jeune moine au profit de ses efforts pour conquérir le pouvoir, la jalousie et la soif de vengeance détruisant son humanité. Une rage qui le mène à devenir lui-même son propre ennemi, symbole d'une avidité qui pousse les hommes à justifier les actes les plus cruels et les crimes les plus monstrueux.

La même ambition qui pousse ce jeune moine à se sacrifier au profit des manigances d'un Cardinal qui se veut le défenseur de la gloire d'une église coupée du reste du monde et de l'orgueil des pratiquants, voyant dans Alexandre VI un homme indigne de sa position. Seulement, son premier échec permet de constater son manque d'expérience dans le domaine du meurtre, montrant la différence entre la réalité et le fantasme. Un retour à la réalité douloureux et humiliant, qui peut marquer un nouveau départ ou pousser un homme jusqu'à sa perte, lorsque l'orgueil guide nos gestes et que le pardon devient impossible. 

 

Un épisode fort et ambitieux 

 

Point d'orgue de la moitié de saison écrite par David Leland, cet épisode est de loin le plus réussi, tirant parfaitement profit des éléments mis en place précédemment. Une plongée dans un univers entre complot et convoitise, où une famille se détruit brutalement, fruit d'un père perdant toute autorité sur ses proches. Une conclusion convaincante avant le season final de la semaine prochaine, en espérant que la gestion du cas de Savonarole saura parler aussi bien que cet épisode de l'orgueil des hommes et des folies où ce sentiment nous mène. 

En conclusion, un épisode réussi, sans nul doute le meilleur de la saison, avec une intrigue en deux parties qui profite d'une mise en scène soignée et impressionnante. Entre la chute de Savonarole et celle de Juan Borgia, c'est l'histoire de la vanité de ceux qui rêvent au pouvoir qui conduit  le récit de David Leland. L'histoire de la mort d'une famille, de cette unité voulue par un père ambitieux, mais trop sourd aux suppliques de ses deux enfants, les montant petit à petit l'un contre l'autre. 

 

J'aime : 

  •  Steven Berkoff et Julian Bleach excellents 
  •  les dialogues entre Juan et son frère 
  •  la mise en scène et la photographie inspirées 
  •  la scène finale, poignante et très réussie 

 

Je n'aime pas : 

  •  non, celui-là est vraiment bien 

 

Note : 15 / 20 

Sans hésitation le meilleur épisode de la saison qui nous parle de l'orgueil des hommes et des horreurs que ce sentiment les poussent à commettre, de Florence jusqu'à Rome. Un parcours difficile pour Cesare Borgia qui s'aperçoit des limites de la foi et choisit de prendre son destin en main en rejetant l'autorité du père, incarné ici par un Juan Borgia, incarnation de l'absence de noblesse d'une famille maudite.

L'auteur

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