L’année dernière, The Killing nous avait laissé sur un cliff assez impressionnant, auquel venait s’ajouter de multiples autres surprises qui promettaient de relancer l’enquête efficacement lors de la saison 2. Moi, comme je suis un rédacteur indigne, je ne me souvenais plus du tout de rien. Aussi, je tiens à remercier le fabuleux « previously » en début d’épisode qui, sans parvenir à me rappeler les grosses lignes de l’histoire, a au contraire réussi à m’embrouiller encore plus.
Confusion
Bon, ce n’est pas tellement la question. C’était juste pour vous décrire mon état d’esprit quand j’ai abordé l’épisode : confus, intrigué, agacé. J’ai dû passer la première demi-heure à mettre sur pause pour restituer toutes les storylines entre elles. Heureusement, l’épisode en lui-même s’évertue à résumer tout ce petit monde au spectateur perdu, et le fait avec efficacité. Au bout d’un moment, tout revient facilement à l’esprit, et on se dit que finalement c’était très simple : l’enquêtrice balade son fils dans tous les sens sans comprendre qu’elle s’est faite entuber par son coéquipier qui trempe involontairement dans des affaires pas nettes et qui a fourni des photos fallacieuses du conseiller qui s’est fait tirer dessus par le vieux pote du père de la jeune fille assassinée qui s’avère faire la pute dans un casino. Oui, très simple, je vous dis.
En fait, cette volonté de poser les choses et de remettre l’histoire à plat était certainement la meilleure chose à faire pour commencer la saison. Je n’ose pas imaginer la baisse d’audience qui aurait eu lieu si les scénaristes avaient décidé d’entamer sur les chapeaux de roue. C’est quelque chose que j’avais oublié en un an : The Killing est incroyablement foisonnante et possède un nombre incalculable de personnages, liés entre eux par un nombre incalculable d’histoires.
C’est assez intéressant de voir tout ce que le show a réussi à créer en un an, comme si la ville de Seattle formait un petit univers à part, dans lequel tout serait connecté, et où les actions de chaque personnage auraient des conséquences sur les autres. C’est en tout cas l’un des avantages de ce début de saison : celui de nous rappeler les qualités de la saison 1 et de nous réintroduire calmement dans un monde différent, où il pleut tout le temps, où on tire la gueule, où on parle peu, et où il pleut tout le temps.
En revanche, si le fait de remettre les choses au point est une bonne chose, cela porte aussi préjudice à l’épisode. Rien n’avance véritablement. L’histoire est engluée dans une sorte de pâte molle, persiste à ressasser des choses que nous savions déjà, via des dialogues et des situations pas toujours emmenés très subtilement. On aura ainsi droit à des discussions un peu forcées qui n’auront d’autre but que de rappeler au spectateur des évènements passés. Parfois ça aide, parfois c’est un peu lourd, et ça dessert complètement le rythme.
Le poignard dans le crâne
Bon, et concrètement, qu’est ce qu’il se passe ans cet épisode ? Il pleut. Il pleut beaucoup. Sarah Linden découvre que son coéquipier Stephen Holder lui a planté un poignard dans le dos. Stephen Holder découvre que les hautes instances de la police lui ont planté un poignard dans le dos et regrette d’avoir fait de même à ladite Sarah Linden. Belko Royce se plante non pas un poignard mais une balle, non pas dans le dos mais dans le crâne. Darren Richmond apprend qu’il ne pourra plus jamais marcher. Et puis sinon ? Le sac de Rosie Larsen réapparait.
Ah, et puis il pleut.
Pour un épisode double d’une heure trente, j’espère que tout le monde conviendra que c’est assez peu. Pour pallier le manque de contenu, les scénaristes ont recours à un exercice de style intéressant auquel ils sont habitués : celui de ralentir toutes les scènes. Car si la Seattle de The Killing semble être coincée dans une dimension parallèle, ce n’est pas seulement à cause de son taux d’humidité surélevé. C’est aussi parce qu’elle paraît entourée d’une bulle temporelle où la moindre action, la moindre discussion, peut prendre un temps pharaonesque.
Certaines personnes diront que c’est le style d’AMC, et que c’est très bien ainsi. Moi en revanche, qui ai forcément raison étant donné que je suis le rédacteur et vous les simples lecteurs, je dirais que ça ne l'est pas du tout. J’ai été le premier à râler à propos du rythme de la saison 1 et voilà qu’ils remettent ça.
Il faut avouer que ça donne un certain style à la série, un peu contemplatif (la scène sur le pont est visuellement superbe) et qui colle parfaitement au genre policier/thriller noir.
Une lenteur bien maîtrisée peut être un régal, ça je ne le conteste absolument pas, en témoigne mon amour pour Carnivàle. Sauf que The Killing est excessive dans la lenteur, si bien que celle-ci se transforme en longueur : c’est artificiel, c’est rajouté exprès pour faire bien ; et ça ne sert pas l’histoire, ça ne s’imbrique pas dans une logique narrative.
Bien sûr, je précise que je ne parle qu'uniquement de cet épisode, les scénaristes ayant très bien réussi à maitriser le rythme de la série dans certains épisodes de la saison 1.
C’est un exercice difficile, j’en suis bien conscient. Et puis globalement, le plaisir que j’ai retiré de certaines scènes a relégué ce défaut au second plan. Les perspectives qu’offrent ce season premiere sont en effet alléchantes et promettent une saison 2 peut être plus mouvementée que la première, avec un peu moins de fausses pistes et un peu plus tension. Le fait que la police soit impliquée là-dedans laisse imaginer une affaire d’une envergure beaucoup plus grande que ce qu’on aurait pu imaginer au départ. Je trouve ça assez bien joué, ça élargit les horizons de la série sans compromettre sa cohérence.
La nouvelle dynamique est également garantie par la cassure qui a lieu entre les deux coéquipiers. La scène finale, où Linden laisse Holder à la porte était assez forte. Les personnages vont désormais devoir enquêter plus officieusement, et je trouve ça bien. Je ne vais donc pas faire ma fine bouche et arrêter de râler à propos du rythme laborieux qui fait, et fera toujours, partie intégrante de la série. The Killing a fait bien pire.
Le mystérieux Sac à Dos de Rosie Larsen
Un season premiere intégralement dans la continuité de la première saison, tant au niveau de l’histoire que de la qualité. C’est toujours inégal, il y a toujours des passages que je trouve fortement inintéressants, mais d’un autre côté il y a quelque chose qui intrigue et un univers assez sympa.
Sans commencer avec brio, cette seconde saison part en tout cas avec des bases ayant l'air plus durables que la première, qui permettront certainement un rythme plus soutenu.
J'ai aimé :
- Retrouver les personnages
- Le fait que tout le monde soit plus ou moins connecté
- L'ambiance noire et contemplative
- La non présence de Michelle Forbes qui m'exaspérait profondément
- La pluie
Je n'ai pas aimé
- Le rythme
- Le manque de subtilité des rappels au spectateur
12/20