Critique : The Playboy Club 1.01

Le 23 septembre 2011 à 12:24  |  ~ 10 minutes de lecture
Envie de vous en mettre plein les mirettes et de passer un délicieux moment avec nos plus charmantes Bunnies ? Bienvenue au Playboy Club ! N'oubliez pas de laisser votre cerveau au vestiaire …

Critique : The Playboy Club 1.01

~ 10 minutes de lecture
Envie de vous en mettre plein les mirettes et de passer un délicieux moment avec nos plus charmantes Bunnies ? Bienvenue au Playboy Club ! N'oubliez pas de laisser votre cerveau au vestiaire …
Par CaptainFreeFrag

Avec de vrais morceaux de micro-spoilers à l'intérieur ! (Mais rien de bien gênant ...)

 

A place where dreams come true

 

Un pilote, ça ressemble un peu à une première nuit d'amour, vous ne trouvez pas ? La révélation d'un doux mystère, entretenu pendant de longs mois autour de l'objet de notre désir, l'aboutissement d'une valse incessante, d'un jeu de séduction au cours duquel la donzelle en question nous aura peu montré mais beaucoup suggéré, nous aura fait languir de mille et une manières, jouant de ses charmes comme d'une arme pour nous attirer dans son étreinte.

 

C'est un peu comme ça, une série, et à ce petit jeu, The Playboy Club n'a pas démérité : elle nous fait de l'oeil depuis quelques mois, la coquine, n'hésitant pas à mettre en avant ses atours chics et sexy à travers des teasers intrigants, et se payant même le luxe d'un petit scandale fort croustillant (une des antennes locales de NBC en Utah ayant refusé de diffuser le show en raison de son « caractère subversif »). Comme beaucoup, votre serviteur est entré dans la danse, et a répondu présent lorsque la série s'est enfin décidée à dévoiler ses véritables attributs, ne cessant de se ressasser jusqu'au dernier instant la même interrogation existentielle : le Playboy Club allait-il vraiment se révéler l'endroit où les rêves deviennent réalité ?


 Mystère et boules de gomme ...


I'm not a waitress either : I'm a Bunny !

 

Mais d'abord, pour ceux qui n'auraient pas vraiment suivi l'effort promotionnel de NBC, qu'est-ce donc, The Playboy Club ? Eh bien, il s'agit d'une série se penchant sur la vie quotidienne (et surtout nocturne) des employées et d'un régulier du très sélectif club Playboy de Chicago en 1963. Les employées, ce sont les fameuses Bunnies, ces pin-ups en costumes de lapines qui servent les clients, les approvisionnent en cigarettes ou bien font le show, et la série se concentre plus particulièrement sur cinq d'entre elles : Maureen, la newbie un peu gauche mais volontaire, Carol Lynne, la vieille du vieux qui se sent menacée par l'arrivée de nouvelles recrues, Brenda, la bonne copine qui a les pieds sur terre, Alice, la femme mariée un peu bizarre et faussement niaise, et Janie, la fêtarde dont on ne remarque l'existence qu'à partir de sa scène de fornication dans les toilettes.

 

Au beau milieu de ces charmantes demoiselles gravite le régulier, un avocat répondant au doux nom de Nick Dalton (sic) : Nick, c'est le mec qui est toujours bien fringué, toujours bien coiffé, avec la mimique persistante du type qui a des balls, des vraies, et qui l'assume (vous savez, sourire Colgate en coin et regard craquant, les yeux demi-fermés et le sourcil gauche froncé). Bref, c'est le playboy des années 60, qui parvient à avoir la classe dans n'importe quelle circonstance, même quand sa copine trouve une de ses collègues Bunny à demi-nue dans son placard. Et pour couronner le tout, notre bon vieux Nicky a un passé sombre et mystérieux qui le rattrape. On l'adore déjà !

 

 Qu'est-ce que je vous disais ...


Et … c'est tout ! D'aucuns seront certainement scandalisés quant à la bien maigre longueur de cette présentation des personnages, et votre serviteur entend déjà les cris de fureur et les scansions injurieuses de la foule. Avant de se saisir de sa personne et de le dépecer en place publique, sachez cependant qu'il n'est pas le seul à blâmer dans cette affaire, et qu'il aurait volontiers rédigé une analyse exhaustive et approfondie des personnages si les scénaristes n'avaient pas donné à ces derniers l'épaisseur de vulgaires papiers de cigarette. The Playboy Club présente en effet une galerie de caricatures plus consommées les unes que les autres, ce qui ne serait pas en soi un énorme problème si le show avait suffisamment de malice et de second degré pour jouer avec elles et utiliser à bon escient leur statut de clichés ambulants, comme tant d'autres l'ont fait. Hélas, ce n'est pas le cas. Et ce n'est là qu'un des multiples défauts de ce pilote.

 

At the Playboy Club tonight : disappointment and bitterness

 

Tout avait pourtant bien commencé : il faut en effet admettre que la scène d'introduction est plutôt réussie. Le premier plan est ainsi particulièrement bien senti, avec cette contre-plongée étrange et menaçante sur les immeubles de Chicago, accompagnée de la chanson de Carol Lynne et de l'apparition furtive de sa silhouette, comme une invitation, puis le mouvement de caméra sur l'entrée du club et l'arrivée de Nick Dalton, qui n'est pas sans rappeler le Casino de Scorcese. Certes, cette présentation du club comme un îlot de vie et de fraîcheur au milieu d'une ville terne et sombre peut paraître un peu naïve, mais c'est peut-être la seule métaphore de cet épisode, alors on savoure ! La photographie et la mise en scène sont propres, classiques, pour ne pas dire complètement lisses, mais bon, c'est loin d'être indigne, et on ne demande pas à la série d'enchaîner les cadrages parfaits et les plans virtuoses.

 

En outre, Hugh Hefner, le grand manitou de Playboy, en voix-off, et les plans sur les portraits de vraies playmates, c'est une sacrée bonne idée : à ce moment-là, on se dit que l'épisode va jouer sur les auto-références de manière jouissive (ce qu'il fait parfois, avec l'apparition de Hugh Heffner à la fin), voire essayer de replacer dans son contexte la révolution Playboy et de mesurer les impacts de la libération sexuelle symbolisée par Playboy sur la condition féminine. Malheureusement, le pilote passe complètement à côté de cet aspect en or massif qui aurait pu/du être son sujet central : nous arrivons dans un Playboy Club qui existe déjà depuis quelques temps, qui a déjà ses habitués, ses règles, qui, au lieu de jouer le rôle d'observatoire de l'évolution des moeurs en présentant des éléments de comparaison antérieurs ou contemporains, se renferme totalement sur lui-même et n'a d'autre ambition que d'être le théâtre d'intrigues de bas-étage fades et mille fois vues.

 

"You can't discriminate against these babes !" : la meilleure réplique de l'épisode.


On en vient même à se demander si le choix des années 60 n'est pas seulement du à un pur opportunisme de la part des producteurs quant au succès de Mad Men, tant les spécificités de l'époque ont peu d'impact sur les storylines : la seule référence à la discrimination raciale est contenue dans une vanne sur des boobs, et seul le personnage d'Alice (qui apparaît pour le moment comme le plus intéressant) semble avoir une vie en dehors du Playboy Club, avec un mari engagé dans la lutte pour la reconnaissance de l'homosexualité (et lui-même secrètement homosexuel). Hugh Hefner a beau faire son speech final sur le monde qui change, et les Bunnies qui changent avec lui, on aurait vraiment apprécié que le pilote se penche plus sur les mentalités de l'époque : ne reste plus qu'à espérer que les épisodes suivants y soient plus attentifs, sinon, on va s'ennuyer ferme.

 

S'ennuyer, oui, parce que The Playboy Club est franchement loin d'être percutant dans ses storylines, et accumule tous les défauts d'un mauvais soap daté et ringard. Au lieu de prendre son temps dans la présentation des enjeux, le pilote, visiblement peu en confiance à l'égard de son histoire et de ses personnages, préfère se la jouer « Pan ! Dans ta face » dès le pré-générique dans une scène ô combien ridicule où l'on apprend, béat, les facultés létales des chaussures à talons. Ce n'est que le point de départ d'une storyline particulièrement originale faisant intervenir des mafieux ritals très très menaçants, et qu'on va à coup sûr devoir se coltiner jusqu'à la fin de la saison. Ne reculant devant rien, cet épisode déploie même une histoire on ne peut plus éculée de triangle amoureux, avec le cliché vaudevillesque de l'amante planquée dans la penderie : moderne en diable, non ? Il est en fait gênant de constater que le pilote fait déjà appel à des artifices scénaristiques que l'on retrouve dans les dernières saisons de séries en plein essoufflement …

 

Cinq minutes de show, et déjà une couille dans le civet : qui dit mieux ?


L'écriture est ainsi aussi subtile qu'un sketch d'Eve Angeli, enchaînant les dialogues lourds et démonstratifs. Du côté de l'interprétation, c'est également passablement mauvais : si certaines des Bunnies tirent assez bien leur épingle du jeu (Leah Renee Cudmore, Naturi Naughton, Laura Benanti), Eddie Cibrian et Amber Heard en font vraiment des caisses, et absolument tous les personnages secondaires jouent comme des manches. Enfin, vous pensiez qu'on avait atteint le fond avec la bande-originale envahissante de One Tree Hill ? Détrompez-vous : si les scènes musicales de The Playboy Club sont globalement réussies, la bande-son est par contre une vraie calamité, omniprésente et soulignant toutes les scènes en gras, ponctuant de manière pachydermique chaque mini-cliff de coupure pub. Proposer des effets aussi datés dans un show censé témoigner de la modernité apportée par Playboy, ça le fait quand même moyen, non ?

 

En tout cas, il aurait été vraiment difficile de pondre un pilote moins excitant pour une série centrée sur l'univers Playboy : c'est quand même le pompon ...

 

J'ai aimé :

  • Les 30 premières secondes
  • Hugh Hefner
  • La vanne sur les nibs
  • Rire devant le ridicule de certaines scènes et de certains acteurs

 

Je n'ai pas aimé :

  • M'ennuyer pendant tout le reste
  • La musique omniprésente et horripilante
  • L'écriture
  • La trop grande rareté des références au contexte et les clichés historiques
  • Avoir parfois l'impression de regarder Des Jours et des Vies

 

Note 08/20

 

Une fois débarrassée de son maquillage trompeur et dévêtue de ses plaisants atours, The Playboy Club se révèle en fait une créature bien froide, à l'oeil terne, au sein plat, qui jacasse pour ne rien dire au mauvais moment et qui accompagne chacun de ses mouvements par des gestes théâtraux mais vains. Non, vraiment, The Playboy Club n'est pas un bon coup.

L'auteur

Commentaires

Avatar Gouloudrouioul
Gouloudrouioul
Super critique, merci de m'avoir évité 45 minutes d’exaspération ! C'est très dommage en tout cas. NBC enchaîne les mauvaises séries...

Avatar Bleak
Bleak
Tu devrais préciser si c'est avec ou sans spoiler, savoir si on se lance dans la lecture ou non. En tout cas j'ai lu ton résumé en fin d'article et je ne peux que te féliciter pour ta blague. Tu viens te frotter aux grands du site.

Avatar CaptainFreeFrag
CaptainFreeFrag
Merci à tous les deux ! Bleak : j'ai rajouté la précision en début d'article. Je dois évoquer deux-trois trucs, mais ça ne gâche pas l'épisode. De toute façon, pour ce qu'il y a d'histoire ... Goulou : je ne saurais vraiment conseiller cet épisode à quiconque que j'apprécie un tant soit peu. Mais il se pourrait que je me sois totalement fourvoyé, et que tu le considères comme une vraie pépite ! Si tu as du temps, regarde-le, fais-toi ton opinion et fais-la moi parvenir ;)

Avatar Bleak
Bleak
Après avoir finalement lu ta critique, je rejoins Goulou en te remerciant de m'avoir fait économiser 45 mn de ma vie. Pourtant, je me serais volontiers lancé dans la série, ne serait-ce que pour les jolies filles. Mais à te lire, ce n'est vraiment pas rentable et j'ai plutôt l'impression que "Playboy" n'est qu'une vitrine destinée à attirer de l'audimat, avec pas grand chose derrière. Mais bon, je tenterai peut-être de regarder ce pilote malgré tout si les avis divergent.

Avatar Bleak
Bleak
Et j'oubliais quelque chose d'important: critique de qualité et très complète (sincèrement).

Avatar CAD
CAD
Pareil qu'au dessus de moi, très bien ta critique et même si je comptais pas la regarder de toute façon, tu m'as assuré que regarder ce pilot était une perte de temps.

Avatar Koss
Koss
Très bonne critique mon ptit FreeFrag. T'es bon. Du coup, cela me fait moins chier que tu es récupéré "Hell On Wheel". Plus sérieusement, dès l

Avatar Koss
Koss
Très bonne critique mon ptit FreeFrag. T'es bon. Du coup, cela me fait moins chier que tu es récupéré "Hell On Wheel". Plus sérieusement, dès la bande annonce de ce truc, on sentait venir le sous Mad Men moisi.

Avatar CaptainFreeFrag
CaptainFreeFrag
Merci à tous ! Par contre, les gars, dévouez-vous pour m'accompagner dans cette rude épreuve, sinon je vais critiquer dans le vent pendant 3 mois ^^

Avatar CAD
CAD
T'inquiète pas, je pense que NBC va te faciliter la tâche, ils aiment pas trop laisser leurs flops à l'antenne...

Image The Playboy Club
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