Cette critique s’efforce de ne pas spoiler l’épisode afin que vous puissiez pleinement en profiter si vous faites le choix judicieux de le visionner.
Quid d’une famille ordinaire
Parfois, le sort s’acharne sur les personnes qui n’ont jamais connu le moindre bonheur. Cathy et Eamonn font partie de ces gens-là. La première est la fille d’une prostituée qui admet à juste titre être une mère abominable. Son mac n’est autre que le père de Eamonn. Les deux parents forment finalement un couple et leurs enfants, qui ont grandi ensemble, tombent secrètement amoureux.
The british touch
Dès lors, c’est dans une ambiance typiquement britannique que la série débute. Vous savez, ce genre d’atmosphère qui alterne subtilement vulgarité et poésie, violence et mélancolie. Et ce, avec une justesse telle que chaque scène, aussi quelconque soit-elle, vous prend par les tripes. Mais ce n'est pas tout puisque le choix des plans, la maîtrise des éclairages, le jeu avec les ombres sont autant de détails qui participent efficacement à la mise en place de cette atmosphère si singulière.
De plus, The Runaway a clairement la mainmise sur nos émotions et utilise habilement le cadre familial pour nous faire ressentir de la gêne, de l’embarras face au spectacle qui nous est proposé. En effet, c’est dans une famille où règnent la misère, la tromperie et les secrets que la série nous transporte. Ses membres semblent accoutumés aux repas qui se soldent par des gueulantes. Ce malaise, ressenti de manière omniprésente, est la principale force du pilote.
Mais bien au-delà de cette famille, c’est une société entière qui semble avoir renoncé à tous ses rêves. Les policiers eux-mêmes ne semblent plus ressentir la moindre émotion face à la barbarie qui leur est offerte. La violence, les meurtres, le proxénétisme et les manigances sont monnaie courante dans ce Londres qui paraît toucher du doigt la décadence. Eamonn et Cathy n’auront d'ailleurs pas d'autre choix que de s'y plier, et entre misère et désordre, il n’y a qu’un pas à franchir (oui elle tue cette phrase).
The performance of the actors
Vous le savez sûrement, la France est le cancre européen en matière de maîtrise de l’anglais. A la demande générale de moi tout seul, les titres de paragraphes des articles publiés sur SerieAll seront désormais rédigés en anglais. Toute violation sera sanctionnée par un stage de citoyenneté ou une vanne de OSS. Pour les récidivistes, ça sera deux vannes de OSS et vous devrez en plus en expliquer le sens. Les dénonciateurs seront évidemment récompensés.
Cela étant, les acteurs sont particulièrement bons dans ce pilote, exceptés certains seconds rôles à l’image de James Carter, auquel j’aurais collé deux baffes pour son manque de réactivité plutôt qu’une balle dans la tête. C’est une question d’éducation. Cathy et Eamonn ne sont quant à eux pas transcendants mais cela est en partie du aux rôles qu’ils ont à jouer, plutôt ternes. J’ai bien plus apprécié la prestation de leurs parents qui sont extrêmement crédibles dans leur vie de misère, constamment ponctuée par de vifs échanges. Ils parviennent efficacement et malgré nous à nous transporter au sein de leur famille. Mais la mention revient au policier, que l'on entrevoit étonnament en début d'épisode, qui m’a complètement captivé par le mystère qui l’entoure. Est-il bon ou mauvais ? Même si l'épisode semble nous donner quelques pistes, la seule certitude que nous ayons, c'est qu'il s'agit d'un fin manipulateur.
This episode is far to be amazing, it’s just poignant
Ce pilote est donc réussi pour The Runaway. Même si celui-ci n’a, en lui-même, rien d’exceptionnel, il parvient parfaitement à captiver notre attention grâce à des situations dramatiques enrobées d'une ambiance morose enivrante. Avec, en fond, l’histoire d’amour secrète entre Cathy et Eamonn, c’est à la dérive isolée de chacun des deux protagonistes à laquelle nous assistons. Certains reprocheront à ce pilote quelques facilités scénaristiques qui tiennent, selon moi, plus de la pure coïncidence.
J’ai aimé :
- le malaise
- le flic
- l’ambiance, la bande son, les plans
Je n’ai pas aimé :
- quelques prestations parfois en dessous
Note: 13/20