Attention cher lecteur fan de zombis, cette critique contient de nombreuses révélations sur la quatrième saison de la série et le premier épisode de la cinquième saison. Tu poursuis cette lecture à tes risques et périls.
Même si la quatrième saison de la série à succès d’AMC était de qualité plutôt inégale, celle-ci se révélait malgré tout nettement supérieure aux précédentes. Plus sombre, plus violente, plus complexe et moins manichéenne, la série empruntait une voie plus mature. Grâce à des thématiques de plus en plus intéressantes et des personnages de plus en plus passionnants, The Walking Dead entrait dans une nouvelle ère. Autant dire que dans cette cinquième saison, les scénaristes devaient se surpasser pour être au moins à la hauteur de la saison précédente. Ce que l’on peut dire après avoir découvert ce season premiere, c’est que la série est bien partie pour tenir ses promesses… Retour sur un épisode surprenant et vraiment enthousiasmant.
Previously on The Walking dead :
Nos survivants sont prêts à en découdre...
Au début de la quatrième saison, Rick et ses copains devaient faire face à une terrible épidémie qui avait terrassé une bonne partie des habitants de la prison. Après quelques semaines d’absence, le Gouverneur faisait un retour remarqué en lançant un ultime assaut contre Rick et sa bande. Cet affrontement s’était achevé sur la mort de deux personnages importants et nos survivants étaient forcés de quitter précipitamment leur refuge. Séparée en plusieurs petits groupes, la petite bande tentait de survivre dans une nature de plus en plus hostile. Chaque survivant entreprenait alors un long périple vers un endroit appelé Terminus, « un sanctuaire pour tous ». Après avoir fait de multiples rencontres plus ou moins agréables selon les cas, la plupart d’entre eux finissaient par atteindre leur objectif et découvraient un joli refuge où résident une petite bande de psychopathes bien frapadingues. Après un accueil de circonstance, le shérif et son équipe de bras cassés se trouvaient dans une bien fâcheuse posture et étaient faits prisonniers par leurs nouveaux hôtes.
En bref, tout allait pour le mieux dans le magnifique monde de The Walking Dead !
Un épisode bien rythmé
Une pièce sombre, des gens paniqués, des cris en fond sonore, une discussion sur l’humanité… Dès les premières minutes, cet épisode donne le ton à une saison qui risque bien d’être encore plus sombre et violente que ce à quoi la série nous avait habitués jusqu’ici. Si la quatrième saison était déjà montée d’un cran en la matière, ces 40 minutes se permettent clairement d’hausser encore davantage le ton.
Non, vous ne rêvez pas : Carol est bien en mode Warrior !
D’emblée, le spectateur est lancé dans l’action et la série ne passe pas par une multitude de tergiversions pour atteindre son objectif comme cela a souvent été son cas par le passé. Au lieu de proposer comme on n’aurait pu s’y attendre un épisode qui cherche à retarder le plus possible un nouvel affrontement avec les habitants du Terminus, les scénaristes confrontent presque immédiatement nos héros à la réalité de leur situation.
En témoigne la scène au cours de laquelle quatre de nos survivants se retrouvent à genoux devant une grande bassine avec quatre inconnus à leurs côtés. Deux hommes, à l’aide d’une batte et d’un poignard, assomment et égorgent chaque détenu l’un après l’autre comme un abatteur pourrait le faire avec des animaux (scène d'ailleurs présente dans le comics). Si l’issue de la scène est prévisible, la tension est bien là, notamment par le biais de l’ambiance malsaine qu’elle met en place. La scène est particulièrement efficace et permet de rentrer directement dans le vif du sujet en confrontant les personnages à la monstruosité humaine pure et dure.
S’en suit une série de scènes d’action souvent excessives, parfois ridicules, mais qui ont l’avantage d’offrir un rythme effréné à cet épisode. C’est bien simple : il n’y a aucune scène inutile et il se passe toujours quelque chose. Même les scènes dialoguées sont souvent pertinentes et contribuent à l’élaboration d’un univers toujours plus effrayant. L’épisode est donc très bien rythmé et mêle habilement action et émotion. À ce titre, les retrouvailles entre Carol et le reste de la bande fonctionnent vraiment bien et on ne peut qu’être touché par cette famille de nouveau réunie après avoir été séparée. Un beau moment comme The Walking Dead sait rarement en proposer.
Comment sauver son humanité ?
Depuis la saison dernière, les scénaristes de la série ont nettement amélioré leurs personnages, non seulement en renforçant davantage leur complexité, mais aussi et surtout en leur conférant une véritable épaisseur psychologique. Ce premier épisode va dans ce sens et confirme cette nouvelle approche plus fascinante et passionnante. La série semble enfin avoir compris ce qui faisait l’essence même des comics dont elle est tirée et se décide enfin à exploiter les possibilités narratives que ce monde post-apocalyptique peut leur offrir.
Si la question de savoir comment sauver son humanité dans un monde profondément inhumain était présente depuis le début de la série, elle n’aura jamais été traitée de manière aussi évidente et pertinente que dans cet épisode. Alors que nos survivants cherchent à tout prix à sauver le peu qu’il leur reste d’humanité, ils se retrouvent contraints de se comporter de plus en plus comme des monstres. Cette incompatibilité entre leur désir profond d’agir le plus possible comme des humains et les atrocités qu’ils sont obligés de commettre pour survivre nous donne l’occasion d’assister à des scènes vraiment prenantes.
Je pense immédiatement à cette scène où Tyreese frappe à mort un habitant du Terminus en répétant sans cesse un terrible « I won’t ! » qui nous prend à la gorge. Cette scène est d’autant plus forte et lourde de sens qu’elle est filmée de l’extérieur et qu’elle laisse le spectateur imaginer ce qui est en train de se passer. Tout est dans la suggestion et non dans la démonstration et c’est sans doute ce qui confère à ce moment toute son intensité dramatique.
Mais c'est qu'il a le regard méchant le monsieur !
De la même manière, la réaction de Rick face aux habitants du Terminus est plus que significative et le shérif semble avoir retenu les leçons du passé… Lui qui autrefois était conciliant et cherchait constamment à parlementer avant d’agir est obligé de se rendre à l’évidence et rentre directement dans le feu de l’action. Sa cure de vitamines lors du précédent épisode a porté ses fruits et le message est on ne peut plus clair : il n’y a plus de pitié à avoir. Là encore, la série semble corriger ce qui avait tendance à lui faire défaut à l’époque et la cruauté de ce monde atteint enfin les protagonistes.
En outre, Carol poursuit ici la montée en puissance qu’elle avait entamée lors de la quatrième saison. Celle qui autrefois se comportait comme une victime est devenu une véritable guerrière qui ne craint rien ni personne. Ce choix se révèle être une bonne idée, même si on regrettera que cela passe par des scènes parfois trop bourrines et qui manquent clairement de finesse. Le coup du feu d’artifice pour faire exploser une citerne, c’est quand même un brin exagéré. Quoi qu’il en soit, c’est malgré tout un plaisir de retrouver ce personnage devenu incontournable et de constater sa très nette évolution. Elle en viendrait presque à éclipser une Michonne quasiment absente de l’épisode. Comme quoi, même dans The Walking Dead, les plus faibles peuvent devenir les plus forts !
Bienvenue chez les Bouchers !
Cette évolution des personnages accompagne également la mise en place d’un monde de plus en plus violent qui ne laisse que très peu de place à l’humanité. Nous ne reviendrons pas ici sur ce qui a déjà évoqué précédemment pour nous concentrer sur l’un des éléments centraux de cet épisode : le Terminus et ses habitants.
Si vous pensiez avoir connu l’horreur avec le Gouverneur, dites-vous bien que ce dernier était un ange à côté de ces nouveaux ennemis dont la philosophie se révèle particulièrement terrifiante : Être le boucher plutôt que le bétail. À croire que les scénaristes ont pris l’expression au pied de la lettre, c’est à une véritable boucherie à laquelle nous sommes conviés, pour le meilleur et surtout pour le pire. Les habitants du Terminus étant des cannibales, on ne peut échapper aux scènes traditionnelles du genre. Égorgements, tortures et corps découpés, The Walking Dead nous invite dans une véritable maison des horreurs.
Il semblerait que Dexter se soit converti...
Pour autant, aucun jugement réel n’est porté sur les habitudes culinaires de nos nouveaux amis. La série nous évite ainsi les dialogues moralisateurs et pompeux pour nous laisser constater par nous-mêmes la monstruosité pure et dure dans laquelle ont basculé ces êtres humains. C’est d’ailleurs peut-être là que se situe la grande intelligence de cet épisode : se contenter de montrer une réalité qui, certes, dépasse les limites du supportable et de la morale, mais qui au moins a le don de nous confronter à l’aspect le plus sombre de la survie. Face à certains choix, on se retrouve ainsi dans la même situation d’inconfort et de malaise que l’on pouvait ressentir en découvrant certains passages des comics, même si la série est encore loin d’atteindre le niveau d’intensité de son modèle.
Dernier point intéressant de cet épisode : la découverte du passé des habitants du Terminus. Ces petits flash-back sont vraiment les bienvenus puisqu’ils permettent de nuancer ces nouveaux protagonistes. Avant de devenir les cannibales d’aujourd’hui, ils ont dû traverser des épreuves qui s’apparentent presque à ce que Rick et ses amis ont enduré au fil des saisons. En plus de permettre à la série d’éviter un côté trop manichéen, ce choix renvoie également nos héros à leur propre condition et leur propre survie. Dans le fond, ces cannibales, ça aurait très bien pu être notre bande de survivants s’ils avaient cédé à la folie de ce monde. On comprend alors tout l’intérêt de protéger son humanité à tout prix.
Ce season premiere, d’une qualité assez surprenante se révèle largement à la hauteur des attentes. Jamais The Walking Dead n’avait ouvert une saison sur une telle dynamique et avec autant de bonnes intentions. Si la série poursuit cette montée en puissance lors des prochains épisodes, elle peut vraiment s’illustrer et atteindre une certaine qualité qui jusqu’ici semble lui avoir trop souvent échappé. Ce sera donc aux scénaristes de transformer l’essai dans les semaines à venir et sur ce point, il semble préférable de rester sur nos gardes, la série nous ayant trop souvent habitué à la déception.
En attendant le prochain épisode et si tu ne peux déjà plus te passer de tes survivants préférés, tu peux toujours en savoir plus sur l'adaptation des comics en consultant notre dossier spécial.
J’ai aimé :
- Le rythme de l’épisode qui dose bien action et émotion
- Le fait que la série aille droit au but
- La psychologie de plus en plus travaillée des personnages
- Les flash-back sur les habitants du Terminus
- La réflexion de plus en plus profonde sur la monstruosité humaine
- La scène de Tyreese
- Les retrouvailles de Carol avec le groupe
- Le retour de Morgan à la toute fin de l’épisode (juste après le générique)
- L’enthousiasme qui accompagne la diffusion de cet épisode
Je n’ai pas aimé :
- Certaines scènes d’action vraiment trop ridicules
- Un aspect parfois excessif et démesuré
- Cette crainte que la série puisse vite retomber dans ses vieux travers
Ma note : 15/20
Cail1
