Critique : The Field of Blood 1.02

Le 08 septembre 2011 à 17:02  |  ~ 7 minutes de lecture
Une deuxième partie décevante, la faute à un rythme trop rapide qui ne permet de donner une vraie intensité à cette histoire.
Par sephja

Critique : The Field of Blood 1.02

~ 7 minutes de lecture
Une deuxième partie décevante, la faute à un rythme trop rapide qui ne permet de donner une vraie intensité à cette histoire.
Par sephja

L'horrible sentiment de culpabilité d'un accusé innocent 

Le cousin de Paddy est toujours le principal suspect du meurtre de Brian Wilcox lorsqu'elle découvre des premiers éléments reliant ce meurtre à un autre datant d'il y a plusieurs années. Seulement, le corps de Heather va lancer une enquête dont elle va devenir l'une des principales suspectes, les deux femmes s'étant disputées auparavant devant tous les journalistes. C'est alors le moment choisi par Calum pour tenter de se suicider, la poussant à prendre conscience de la nécessité d'agir au plus vite pour l'innocenter. 

 

Résumé de la critique 

Un second volet plutôt moyen que l'on peut détailler comme suit : 

  •  un récit qui tente de s'intéresser avec maladresse aux victimes de la justice 
  •  une enquête plus dynamique et qui tire profit de personnages secondaires trop anecdotiques 
  •  un rythme trop élevé pour une narration trop superficielle 
  •  une intrigue intéressante survolée avec un dédain agaçant 

 

 

Entre vie brisée et famille détruite 

Pour sa conclusion, The Field of Blood va poursuivre son étude des conséquences du passage de la justice dans la vie de citoyens innocents dont les vies ont été brisées par cette machine impitoyable. En accusant à tort le cousin de notre héroïne, la justice crée un trouble aux conséquences importantes, brisant durablement les liens affectifs entre la mère et la fille. Totalement isolé, Paddy se lance à fond dans son travail, à la recherche d'une reconnaissance qui arrivera sous les traits de Terry, un de ses collègues qui va tirer profit de sa faiblesse pour tenter de la séduire. 

Sans réfléchir aux conséquences, la jeune femme va tenter de fausser les cartes en offrant une fausse preuve à la police pour désigner l'homme qu'elle pense être le coupable. Ce geste gratuit, preuve d'une impuissance et d'un désarroi extrême, est malheureusement mal retranscrit par un scénario qui passe d'une scène à l'autre à toute vitesse sans vraiment approfondir quoi que ce soit. Du coup, malgré la gravité du ton et des évènements, cette seconde partie est bien trop superficielle pour retraduire la complexité des émotions de cet acte impardonnable consistant à donner une fausse preuve et à se faire justice seule. 

Réduisant certains personnages à un simple comportement, The Field of Blood semble vouloir en finir au plus vite, gâchant au passage une idée de départ pourtant très intéressante. 

 

Des personnages secondaires décisifs, mais sous-exploités 

A force de vouloir trop coller à son héroïne, The Field of Blood aura vraiment délaissé les personnages secondaires qui occupent pourtant une place importante dans l'intrigue. Le formidable Peter Capaldi, dont la présence dans le premier épisode, se limitait à quelques clins d'oeil, va apporter tout son talent à Dr Pete, un personnage de journaliste épuisé et fatigué qui a perdu foi en son métier. L'absence d'introduction convenable de ce personnage va ruiner une bonne part de l'épisode de sa charge émotionnelle, l'histoire justifiant allègrement la production de deux épisodes supplémentaires. 

Jonah Armstrong, le Robin des Bois de la BBC, hérite lui aussi de quelques scènes, insuffisante pour permettre de comprendre vraiment les intentions de son personnage. Les scènes se déroulent à une vitesse de plus en plus grande, oubliant de fournir certaines informations décisives indispensables à la compréhension des évènements en cours. Doté d'une narration trop rapide pour une histoire aussi complexe, The Field of Blood ne tire pas profit de son extraordinaire casting, trop concentré sur une héroïne malheureusement bien moins convaincante que dans le premier acte. 

 

 

Un décalage agaçant entre le tempo du réel et le rythme effréné de la narration 

Reconstitution toujours aussi réaliste du Glasgow des années quatre-vingts, la série a su retrouver ce rythme particulier, cette lenteur particulière de l'ère pré-Internet. Sans réseaux pour fournir l'information en temps réel, le reportage est un travail de longue haleine, nécessitant du temps et passant fréquemment de la frénésie à l'attente. Seulement, en optant pour une conclusion dynamique bien trop rapide, les scénaristes perdent petit à petit le contact avec cet univers si particulier et ce ton réaliste qui lui réussissait tant. 

Tout va trop vite, le scénario fournissant clef en main la résolution de son problème à Paddy, celle-ci n'ayant plus qu'à suivre le cours d'un scénario lui fournissant les coupables sur un plateau. En effet, incapable de retranscrire à l'image la subtilité du roman, The Field of Blood opte pour une course effrénée jusqu'à une conclusion certes intrigante, mais aussi totalement vidée de son contenu émotionnel. La pirouette finale, pourtant troublante sur le papier, ressemble ici à une marque d'abandon de la part d'une équipe créative totalement dépassée par l'ampleur de leur projet. 

 

Une minisérie qui manque sa cible 

Tiré d'un roman brillant et particulièrement intéressant, The Field of Blood avait tout pour offrir la matière à cinq ou six épisodes, temps nécessaire pour poser véritablement l'intrigue tout en l'intégrant dans cet univers vraiment intéressant. Là où le livre prend le temps de mettre en place les piliers de l'intrigue au fil des mots et des pages, la version télévisée bâcle le travail, se lançant directement dans l'intrigue policière sans nous permettre d'en apprécier toutes les nuances. Un sentiment de déception en ressort et un certain agacement envers la légère fumisterie de créateurs qui, malgré les moyens à leur disposition, ne se sont intéressés qu'à la partie la plus narrative de l'histoire au détriment de la partie sensible. 

En conclusion, une minisérie qui, après un départ intéressant, rate en grande partie sa conclusion en optant pour une narration débridée incompatible avec son univers. La qualité des seconds rôles permet de donner le change, mais le manque de subtilité du récit et l'absence de développement des personnages secondaires empêche d'apprécier la finesse de cette histoire. Une déception, tant l'intrigue de base possédait une vraie complexité qui a malheureusement échappé aux créateurs de cette série, laissant en définitive un sentiment d'amertume assez fort.

 

J'aime :

  •  Peter Capaldi remarquable 
  •  la direction artistique convaincante 
  •  l'intrigue originale dense et intéressante ...

 

Je n'aime pas : 

  •  ... très mal exploitée par des scénaristes visiblement pressés 
  •  un rythme de montage effréné en opposition avec une histoire lente et introspective 
  •  le final anecdotique qui donne l'impression d'une pirouette assez vulgaire 
  •  une actrice principale un peu moins convaincante par moment 

 

Note : 10 / 20 

Une belle déception que cette conclusion qui saccage un matériel d'une grande richesse en esquivant toute la dimension psychologique de l'épisode. Le final, pourtant touchant dans le roman, paraît ici particulièrement pathétique à cause d'une gestion du temps franchement discutable.

L'auteur

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