Critique : The Hour (2011) 1.02

Le 01 août 2011 à 16:11  |  ~ 6 minutes de lecture
Episode sympathique porté par des acteurs remarquables, mais dont l'intrigue s'avère être un peu trop prévisible. Au programme, Bel dans la tourmente, Hector se remet en cause et Freddie avance en terrain miné.
Par sephja

Critique : The Hour (2011) 1.02

~ 6 minutes de lecture
Episode sympathique porté par des acteurs remarquables, mais dont l'intrigue s'avère être un peu trop prévisible. Au programme, Bel dans la tourmente, Hector se remet en cause et Freddie avance en terrain miné.
Par sephja

Pitch premiers pas et révélation 

"The Hour" est à l'antenne depuis quelques mois et Hector Madden connaît des débuts difficiles en tant que présentateur, victime de son incapacité à s'adapter à la technique et de son manque d'intégration parmi l'équipe des journalistes. Freddie Lyon, en particulier, lui fait vivre un enfer, s'amusant à jouer contre lui dans l'espoir de pouvoir un jour récupérer sa place. Bel se retrouve en plein milieu, à tenter de gérer les différents ego et à tenir à flots un show qui semble définitivement condamné.

 

 

 

Une productrice au bord de la crise de nerfs 

Au centre de cet épisode, Bel Rowley subit la pression d'une émission en pleine tourmente, portant sur ses épaules une responsabilité trop grande pour elle. Prise au piège entre un présentateur qui se cherche et un journaliste ingérable, la jeune femme craque lentement, sa confiance s'érodant au fur et à mesure des écueils. Lorsqu'elle décrit cette lente descente aux enfers, The Hour est une série passionnante, surtout lorsqu'elle oppose Miss Rowley à sa mère, une femme superficielle qui a la vie facile. 

Les personnages sont d'une grande qualité, surtout que les interprètes sont vraiment remarquables, Ben Whishaw prenant un plaisir flagrant à se montrer étonnamment odieux. Entre les pressions des dirigeants, les critiques et les disputes au sein de son équipe, Bel semble incapable de trouver la bonne formule pour obtenir un show à la hauteur de ces ambitions. Tous les ingrédients sont présents mais la sauce refuse de prendre, donnant un spectacle pathétique qui ne lui laisse que la frustration de l'échec. 

Il est difficile de mettre un groupe de personnes au travail et The Hour apparaît comme le témoignage d'une pionnière, première femme à tenter de se faire obéir dans un univers où l'autorité demeure un caractère masculin. Personnage mélodramatique et touchant, Bel met sa vie privée au placard, malgré l'attirance qu'elle ressent pour Madden et Lyon, et souffre de la frustration à ne pouvoir exprimer sa passion. Plus que l'histoire d'un show télévisé, The Hour raconte un combat, celui d'une femme convaincue que l'information doit rebondir sur l'actualité plutôt que la subir, tout en s'épuisant à construire une émission qui ressemble petit à petit au pire des cauchemars. 

Sur ce point de l'intrigue, la série est en tout point irréprochable, que ce soit au niveau esthétique ou du jeu remarquable de Romola Garaï, vrai découverte d'un show qui possède de ce point de vue une vraie richesse.

 

Une mythologie fragmentaire 

Alors, The Hour, série élégante et à première vue impeccable, est-il un nouveau chef d'oeuvre produit par la BBC ? Hélas, non, car cette série cumule quelques fautes de goût dans la réalisation avec une tendance assez désagréable et flagrante à piocher d'autres éléments de l'intrigue dans diverses séries connues. De Rubicon à Mad Men, les auteurs semblent incapable de trouver le ton spécifique de cette série, donnant à certains passages une sensation de déjà-vu particulièrement agaçante.

De plus, la mythologie portant sur la famille Elms ne parvient à décoller qu'en partie, la série ne montrant pas encore l'ampleur de son potentiel. L'épisode tente à plusieurs reprises de mêler les deux pans de son intrigue sans vraiment réussir à trouver le bon équilibre, cette enquête ne concernant que Freddy Lyon et pas suffisamment le trio en entier. La volonté au prochain épisode de corriger le tir prouve que les auteurs peaufinent petit à petit une série qui compte bien monter en puissance, en espérant qu'elle parvienne à s'imposer en échappant à ses nombreuses influences.

The Hour possède la force d'une grande série, mais manque d'ambition en ne cherchant pas sa propre voie, préférant reproduire des schémas déjà vus et perdre une part de son originalité. Dommage pour un récit qui raconte la naissance d'un magazine d'information original, l'histoire d'un groupe de jeunes journalistes sur le point de révolutionner le langage du journal télévisé en essayant d'échapper au discours officiel. Heureusement, le final entraîne une vraie accélération des évènements à tous les niveaux, montrant un visage assez impressionnant de "The Hour".

 

 

La grande histoire balaye la petite

Nasser s'empare du Canal de Suez et aussitôt toute l'Europe s'embrase, convaincue qu'une nouvelle guerre s'apprête à éclater entre l'Egypte de Nasser et le Royaume-Uni. Le Commonwealth se fissure peu à peu et l'Angleterre est sur le point de découvrir qu'elle n'est plus la grande puissance qu'elle croit encore être. Le climat s'échauffe ce qui a pour effet de faire taire les rancoeurs dans la rédaction et de servir de référence à une émission qui trouve enfin sa forme idéale. L'histoire accélère et emporte tout derrière elle, créant la synergie si longtemps cherchée par Bel, Lyon allant même jusqu'à faire la paix avec Madden devant l'ampleur de l'évènement. 

La série accélère alors brutalement, se montrant sous son visage le plus passionnant, celui de l'histoire en marche qui vient balayer les guerres individuelles pour faire avancer l'intrigue. La face du monde change et l'Empire Britannique est sur le point de vaciller pendant qu'une jeune femme réussit le pari le plus courageux qui soit, créer une équipe à partir de personnes d'horizons différents. Rien n'est plus beau que de voir la grande histoire se mêler à la petite et entraîner le récit vers de nouvelles directions plutôt prometteuses. 

Même s'il est sûr que la géopolitique des années cinquante n'intéressera pas tout le monde, The Hour se penche sur cet acte fondateur du commencement de l'effondrement des sociétés occidentales du siècle dernier. L'univers immobiliste est sur le point d'être balayé et Lyon a bien l'intention d'en profiter pour découvrir les secrets cachés derrière la mort de son amie. Séduisante et élégante, The Hour n'est pas encore une grande série, mais semble faire tout ce qu'il faut pour le devenir.  

 

J'aime : 

  •  une galerie de personnages remarquables 
  •  une réalisation vraiment superbe 
  •  des acteurs remarquables 
  •  l'excitation lorsque la grande histoire s'invite dans la petite 

 

Je n'aime pas 

  •  des références un peu trop visibles 
  •  certaines difficultés à trouver une vraie cohérence entre les deux univers de la série 

 

Note : 14 / 20 

Toujours élégant et intéressant, la série propose une belle galerie de personnages portés par des acteurs vraiment remarquables. Dommage que la belle ambition de la série au niveau visuelle ne se retrouve pas dans un scénario un peu téléphoné qui manque d'originalité. Une bonne série, mais pas encore une grande.

L'auteur

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Image The Hour (2011)
14.27
14.17

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