Critique : Todd and the Book of Pure Evil 1.08

Le 04 septembre 2011 à 12:01  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode entre classicisme et modernité confrontant Todd à un monstre un peu particulier.
Par sephja

Critique : Todd and the Book of Pure Evil 1.08

~ 7 minutes de lecture
Un épisode entre classicisme et modernité confrontant Todd à un monstre un peu particulier.
Par sephja

Suite aux plaintes d'usagers du site, SerieAll impose dorénavant qu'afin de ne pas choquer les plus jeunes d'entre vous, les mots commençant par P..... ou B... et décrivant une part de l'anatomie sont proscrites des critiques de Sephja, ainsi que le langage grossier. N'hésitez pas à signaler toute dérive qui sera immédiatement sanctionné.  

 

La braguette qui me démange 

Il était une fois un méchant garçon nommé Bailey qui s'amusait à embêter ses camarades, humiliant les plus faibles d'entre eux en leur pétant à la figure. Heureusement, le héros Todd se dressa, prit son courage à deux mains et lui descendit le pantalon, révélant un élément d'anatomie à la taille un peu trop microscopique. Le garçon était si humilié qu'il attira le livre du pur mal à lui et demanda que sa proportion anatomique soit inversé. Seulement, il engendra un monstre terrible qui ne tarda pas à prendre son indépendance, devenant l'équivalent moderne de la Gorgone en changeant le meilleur ami de Todd en statue. 

 

Résumé de la critique 

Une critique un peu courte peut-être, mais qui sait se montrer tendre et que l'on peut détailler ainsi 

  •  une organisation du récit original qui esquive les préliminaires 
  •  une narration qui suit un rythme efficace et donne du plaisir avec des dialogues jouissifs 
  •  un univers fantastique sous le thème de la rigidité  
  •  un épisode entre classicisme et modernité 

 

 

Une histoire de taille, mais aussi de grosseur 

Essayant de faire revenir le livre du mal pur, Todd s'amuse à humilier Bailey afin que celui-ci en fasse l'acquisition et demande à avoir des proportions plus flatteuses. Seulement la protubérance virile va engendrer des premières victimes pendant que le possesseur du livre en perd lentement le contrôle. La panique gagne alors le lycée devant la vision d'un tel phénomène, surtout que l'organe typiquement masculin prend le pouvoir, devenant une entité à part entière, pensante et parlante. 

En racontant l'histoire dans le désordre, TPBE parvient à prendre à deux mains son récit  afin de lui faire donner tout ce qu'il était possible d'en retirer. Certes, cette construction anarchique déroute au premier abord avant que la frénésie de gags accélère le tempo, laissant le spectateur se faire envahir par une sensation de bien-être. Conscient de l'absurdité et du potentiel de l'intrigue, les scénaristes cèdent à leur délire les plus obscurs dans le seul but de faire mieux passer l'énormité du serpent sans laisser le moindre temps à la réflexion.

 

Un va et vient de gags un peu brusque, mais qui fait son effet 

Etant donné la nature extrême de la créature à affronter, TPBE propose un ton volontairement décalé, seul moyen de vendre une histoire aussi énorme. La rencontre avec l'élève aveugle marque les étapes qui vont mener Todd à agir en héros, lui fournissant le moyen de se défendre contre la chose permettant ainsi à la créature de s'insérer dans l'intrigue sans douleur et sans sentiment de frustration. Du changement de tenue au comportement volontairement passif du groupe, chaque scène joue volontairement sur le décalage, permettant de pénétrer un peu plus dans l'univers particulier de TPBE.

Plus héroïque que jamais, Todd va se battre pour Curtis, faisant ici preuve d'une vraie solidarité masculine face au monstre, laissant du coup les deux filles à l'écart. Dans cet affrontement de virilité, le héros se retrouve sans soutien, obligé de finir cette aventure seul, à la force du poignet. En replaçant son héros au centre de l'épisode, TPBE retrouve cet état d'esprit volontairement régressif qui lui réussit si bien, tout en proposant quelques trouvailles visuelles plutôt intéressantes qui permettent à l'épisode de dépasser le stade de la simple blague potache.

 

 

Une rigidité exemplaire 

Au delà de la nature particulière du scénario, TPBE ajoute une dimension mystérieuse, faisant du lycée un univers digne des romans grecs classiques, en s'inspirant de la gorgone. Plus qu'un simple "popaul", le monstre possède le pouvoir de pétrifier les êtres humains, faisant de Todd un Persée moderne. Ce pouvoir, assez singulier et pas vraiment expliqué, rend visible les victimes du monstre tout en permettant au récit de se laisser envahir par le fantastique. La capacité de parole offerte au "petit zoiseau" de Bailey va ajouter une dimension prophétique et  forcer pour la première fois Todd à agir en vrai héros. 

Armé de son sabre improvisé, il va affronter la "baguette magique" de Bailey dans un duel qui possède une signification forte, le héros devant affronter sa propre peur de la castration. Seulement, devant le courage de Todd, le "mandrin" va devenir un prophète, confirmant les références classiques de la série qui évoque ici la mythologie grecque. Entre un fond plutôt classique et une forme assez moderne, TPBE parvient à fournir un  délire parfaitement bien géré, envoyant au moment final quelques giclées de mythologie intéressantes.

 

La voix du sexe

Jusqu'ici assez avare en apparition d'Atticus, la série propose une vraie avancée en l'intégrant au groupe, celui-ci apportant une nouvelle dimension comique à la série. Motivé plus que quiconque par la récupération du livre, il pourrait constituer un allié intéressant, sa loyauté envers la secte pouvant être remise en question en vue du final. L'occasion de voir que malgré une idée de départ assez énorme, TPBE est capable de proposer une réflexion intéressante sur le thème de l'héroïsme en laissant Todd remporter son combat contre "le système uro-génital masculin" de Bailey.

En conclusion, un épisode vraiment réussi qui pousse Todd à l'action, affrontant seul la menace terrible qu'une énorme verge fait peser sur le lycée. La virilité d'un héros ne se voit pas dans la taille de son arme, mais dans sa capacité à s'en servir avec justesse et courage. Bien plus qu'une simple série potache, TPBE est l'histoire de la naissance d'un héros, plaçant logiquement les filles de côté pour aller affronter l'incarnation d'une virilité qui n'est ni synonyme de courage, ni de fierté... quoique la fierté si, c'est quand même un pénis géant.  

 

J'aime :

  •  le principe de départ mettant en scène un phallus parlant (très William Burroughs)
  •  Todd qui assume enfin son statut de héros 
  •  un univers fantastique bâti sur la rigidité 
  •  un sens de l'humour omniprésent et remarquable 
  •  un casting qui fonctionne plutôt bien (et qui vient de recevoir un Gemini Awards)
  •  un épisode qui va au bout de son concept pour nous en mettre plein la vue

 

Je n'aime pas : 

  •  c'est quand même un peu vulgaire une histoire de bite géante 

 

Note : 15 / 20 

Un épisode bien armé qui sait donner du plaisir tout en offrant des gags à un rythme suffisamment régulier, offrant l'occasion à Todd de prouver son héroïsme. Réjouissant et vraiment très drôle.

L'auteur

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