Utopia, c'était un de mes coups de coeur de l'année dernière, haut la main. Son esthétique, son style et son propos m'avaient totalement charmé, au point même que je me demandais ce que la série allait pouvoir raconter lors d'une deuxième saison. Pas de chance, la réponse à cette question n'est pas dans l'épisode de reprise de cette semaine, puisqu'il s'agit d'un flashback tout du long. En attendant, ben il était vachement bien ce flashback.
Même style dans un nouveau cadre
La première chose qui m'a marqué en regardant Utopia, c'est son esthétique. Forcément, une série tournée en cinémascope, ce n'est pas anodin. On assiste à un jeu très important sur les couleurs vives, notamment le jaune, donnant un aspect très irréel au monde représenté. Très roman graphique, en fait. Finalement, Utopia, c'est un peu comme si des personnages à la Tarantino peuplaient un univers à la Wes Anderson beaucoup plus anxiogène. Mais j'arrête ici les comparaisons, la série de Channel 4 a largement eu le temps de prouver qu'elle possédait un ton à elle.
Ce season premiere le confirme une nouvelle fois, mais en adoptant ici un format d'image différent de la première saison. En effet, qui dit flashback dit retour dans le passé, et l'image n'est donc plus en cinémascope mais en 4/3. Certes, cela peut sembler un peu gadget, mais il s'agit mine de rien d'une parfaite adéquation entre fond et forme, d'autant plus que l'épisode contient des images d'archives (vraies et fausses) afin de compléter l'atmosphère générale. Couplée à la musique (différente de la première saison mais toujours aussi géniale), ces images donnent même un côté assez expérimental à l'épisode, parfois semblable à du found-footage.
La série garde néanmoins son côté très cinématographique avec une mise en scène des décors très réussie et atypique. Les espaces intérieurs sont confinés, accueillants aux premiers abords par leur coloration mais au final etouffants, et les personnages y sont souvent seuls et comprimés dans l'espace. Vous l'aurez compris, l'ambiance anxiogène est toujours de mise.
Du côté de la violence, bien sûr (et tant mieux), la série reste la même, même si la suggestion y est peut-être légèrement plus importante que par le passé. Nous avons donc à nouveau droit à un peu de torture (davantage sous forme de menace qu'autre chose), deux meurtres par balle en pleine tête, mais la scène la plus marquante reste celle de la découverte du déchiquetage du lapin par ce qu'on devine être Arby. En effet, au-delà du fait que les meurtres d'animaux dans la fiction sont toujours plus choquants que ceux d'humains (ben oui, souvenez-vous des cochons dans The Walking Dead !), la scène tire toute sa force du fait que l'on sait qui est le personnage et ce qu'il va devenir par la suite. Le début de sa monstruosité apparaît sous nos yeux, et nous savons qui en est le responsable.
De l'utilité d'un season premiere en flashback
C'est justement parce que nous connaissons déjà bien les personnages auquel cet épisode fait référence et une partie des tenants de l'intrigue que le procédé du flashback est pertinent ici. En effet, nous savons ce que vont devenir les enfants de Philip Carvel que sont Arby puis Jessica, nous connaissons la future Milner (Rose Leslie m'a complètement bluffé dans son interprétation de Milner plus jeune, soit dit en passant), et nous savons aussi à quoi va servir le virus que concocte Philip.
Du coup, à quoi sert-il donc, cet épisode ? Eh bien tout simplement à approfondir les personnages et la mythologie de la série. Lorsque la série reviendra au présent, Milner ne nous apparaîtra plus comme une femme totalement froide et mécanique, mais comme une femme ayant ressentie de l'amour fût un temps. Les raisons de son complot se précisent par la même occasion, aussi. L'exploration du personnage de Philip Carvel, si elle n'est pas strictement nécessaire au récit, est passionnante à suivre et explique par ailleurs les sentiments qu'éprouvait Jessica envers son père lors de la première saison. Ces deux personnages sont totalement au centre du récit, notamment composé de plusieurs rencontres avec des politiciens, scientifiques et autres tueurs.
Seul regret, j'aurais bien aimé profiter du flashback pour explorer la psychologie de Jessica Hyde, qu'on voit finalement très peu dans cet épisode. Ah oui, et la création du comic-book (dont la série porte le nom, tout de même) aurait franchement été très intéressante à suivre. Mais bon, pour cela il aurait sans doute fallu bien trente minutes de plus.
Ainsi, contrairement à Penny Dreadful qui se sert d'un épisode-flashback pour nous faire attacher à un personnage en milieu de saison, ici le flashback non seulement ne coupe pas le récit, mais englobe tout le propos de la série dans ce qu'il raconte, et non pas un personnage ou deux. Une belle idée donc, et parfaitement réalisée.
J'ai aimé :
- Le retour d'Utopia et son style bien particulier
- Une idée déroutante mais au final excellente pour un season premiere
Je n'ai pas aimé :
- Il y aurait eu tellement d'autres choses à explorer en complèment...
Ma note : 14/20.