Critique : Woodley 1.05

Le 28 avril 2012 à 09:54  |  ~ 7 minutes de lecture
Un épisode faible qui propose de bons gags sur un pitch de départ qui ne fonctionne pas.
Par sephja

Critique : Woodley 1.05

~ 7 minutes de lecture
Un épisode faible qui propose de bons gags sur un pitch de départ qui ne fonctionne pas.
Par sephja

Dernier voeu 


Le grand-père de Frank Woodley est victime d'un malaise cardiaque et le docteur annonce brutalement à son fils que celui-ci n'a plus que quelques mois à vivre. Pour célébrer cela, Frank décide de reformer son ancien groupe de musique pour une dernière prestation, mais se heurte à la difficulté de les retrouver et d'obtenir leurs accords.

 

Résumé de la critique 

 

Un épisode faible que l'on peut détailler ainsi :

  •  un show qui a perdu son ambition 
  •  quelques bons gags reposant sur trois concept simples 
  •  la solitude et la gêne du spectateur 
  •  une première scène brillante 

 

 

Une histoire hors sujet 

 

Hormis une première scène remarquable sur laquelle je reviendrais plus tard, cet épisode de Woodley ne vient que confirmer la mauvaise impression laissée par les précédents. Tout cela à cause d'un scénario de base pas très adroit au potentiel vite limité par le manque de mise en valeur du personnage du grand-père et de ses anciens amis. Malgré tout, l'idée de départ reste assez intéressante, à savoir voir le héros se démener pour accomplir les dernières volontés de son aïeul. Les gags sont moins foisonnants et mieux amenés que dans le précédent, mais l'épisode possède surtout un problème majeur, à savoir son manque d'épaisseur qui reste l'un des points noirs de cette série.

En effet, toute cette intrigue se résume à assez peu de chose et la conclusion paraîtra d'autant plus pathétique, n'amenant pas d'éléments supplémentaires pour enrichir l'histoire. En s'interdisant d'utiliser le plus possible les dialogues, Woodley se rajoute une difficulté qu'il ne parvient pas à surmonter, à savoir faire exister les autres personnages à l'intérieur du récit. Trop impersonnel, ce choix d'écriture ne permet pas de se passionner pour la reformation de ce groupe de musique, surtout que les autres interprètes peinent à exister face à l'acteur principal.

C'est donc essentiellement un Frank Woodley Show et on regrette par moment que le comédien vedette ait choisi d'imposer à tous les personnages le même mutisme que lui. Heureusement, l'antagoniste du jour est plutôt bon et les gags plus inspirés malgré l'absence d'enjeu d'une intrigue beaucoup trop anecdotique.

 

Trois catégories de gags

 

Dans cet épisode, Frank laisse parfaitement apparaître les trois types de gags qu'il emploie et constitue la base de la structure comique de la série. Il y a d'abord le comique de gesticulation, un domaine où excelle le comédien qui peut tirer profit de ses capacités physiques hors norme, offrant des chorégraphies plus ou moins bien orchestrées, mais à l'efficacité indéniable. La preuve que l'atout numéro un de la série reste sa vedette qui construit un peu trop les épisodes pour se mettre en valeur et délaisse les personnages de sa fille et son ex-femme à la présence purement décorative.

L'autre type de gags repose sur un humour d'accumulation poussé à son extrême, consistant à réutiliser la même chute encore et encore, comptant sur le timing et la redondance pour créer un effet comique. Un format de gags qui fonctionne bien lorsqu'il induit une variété dans son accomplissement, comme lors de la séquence des gants. Le fait que le héros ait beaucoup de gants sur les mains n'a rien de très drôle au premier abord, mais les changements dans la technique pour pouvoir les enlever donne toute sa saveur à cette séquence bien amenée et qui doit beaucoup à un antagoniste assez réussi.

Le dernier registre comique de Woodley repose sur la pantomime, le domaine de prédilection du comédien vedette à l'expressivité indéniable. Trois mécaniques comiques ingénieuses, mais malheureusement assez mal mises en valeur par un scénario qui joue un peu trop la carte du mélodrame et déçoit par son manque flagrant d'enjeu.

 

 

Un récit sans colonne vertébrale 

 

Le problème majeur de cet épisode, c'est qu'il ne possède aucune connexion avec l'intrigue principale de la série, à savoir la tentative de Woodley de regagner l'admiration de sa fille. Certes, celle-ci est présente au second acte et partage cette fable, mais sa présence est vite effacée par un final prévisible et beaucoup moins touchant qu'espéré. Un défaut gênant qui empêche totalement d'apprécier cet épisode, constat triste de l'impossibilité de raconter une histoire sans que celle-ci ne soit associée à un enjeu fort servant de moteur au récit.

La différence entre une narration et une anecdote se joue sur ce point, à savoir l'installation d'un but à atteindre où le point de départ anecdotique doit mettre en valeur et justifier la mission que se donne le héros. Ici, le spectateur est passif et assiste au déroulement de l'intrigue sans parvenir à se prendre de passion pour les histoires de Woodley. Avec tristesse, je comprends moi aussi que, malgré toute ma volonté, je ne suis plus à même d'apprécier même les bonnes idées, trahi par mes sens qui ne perçoivent plus que les défauts de la moindre scène.

Pourtant, j'aimerais dire du bien, encenser la série, revendiquer cette découverte, mais rien n'y fait, je ne parviens plus à trouver les clés de cet univers, à me laisser emporter par le récit. La critique se transforme en aveu d'impuissance, en cri de frustration du spectateur cherchant à percer les raisons de sa défaillance, avant de pointer de rage les auteurs comme responsable, expression d'un cynisme pathétique. Heureusement, il me reste une scène, un instant de bonheur gravé dans ma mémoire où j'ai retrouvé le temps d'un instant le plaisir du pilot.

 

Une première scène brillante

 

Ce petit moment de grâce concerne la scène de la partie d'échec et le regard de Frank Woodley au moment de bouger les pions, séquence de pantomime réellement hilarante. Entre déception et espoir, le comédien laisse apparaître les deux visages de son personnage, celui d'un homme poussé par un enthousiasme débordant avant de constater sa propre impuissance à se dépasser. En quête d'un instant de grâce pour retrouver l'admiration de sa fille, le personnage principal est tout entier dans cette scène remarquablement drôle et réjouissante.

En conclusion, un épisode décevant, la faute à un scénario mal pensé qui cherche à raconter les derniers instants du grand-père du héros, point de départ pour justifier une dernière réunion avec son ancien groupe de musique. Un épisode qui ne manque pas de coeur, réservant quelques gags amusants pour combler des scènes assez ennuyeuses et tristement pathétiques. Trop anecdotique, l'épisode confirme que le show peine à retrouver la magie du pilot, la faute à des personnages secondaires mal mis en valeur.

 

J'aime : 

  •  la première scène 
  •  Frank Woodley 

 

Je n'aime pas : 

  •  l'intrigue mal pensée 
  •  le gag de la multiplication des chiots qui ne marche pas
  •  trop anecdotique 
  •  un manque d'enjeu flagrant 

 

Note : 10 / 20 


Sans être mauvais, cet épisode de Woodley paye avant tout un défaut d'inspiration, l'intrigue du jour ne fournissant pas une très bonne base de départ pour le comique australien. Heureusement, quelques scènes amusantes viennent compléter cet épisode trop faible, malgré les efforts remarquables de son comédien vedette pour nous toucher.   

L'auteur

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