En direct de Deauville : Jour 2 avec Shawn Ryan, suite et fin

Le 18 février 2012 à 10:47  |  ~ 5 minutes de lecture
Le créateur de The Shield était prolixe. Nous avons donc décidé de vous présenter les échanges avec la salle dans une deuxième partie. Au programme : du bullshit warning, de la justesse émotionnelle et des vrais maquereaux.
Par Puck

En direct de Deauville : Jour 2 avec Shawn Ryan, suite et fin

~ 5 minutes de lecture
Le créateur de The Shield était prolixe. Nous avons donc décidé de vous présenter les échanges avec la salle dans une deuxième partie. Au programme : du bullshit warning, de la justesse émotionnelle et des vrais maquereaux.
Par Puck

Shawn Ryan

 

La salle : nous avons vu dans les extraits des situations assez intenses. Ne redoutez-vous pas, parfois, de pousser les scènes vers la tragédie, et de frôler quelque chose d'un peu théâtral

Shawn Ryan : Je n'ai jamais voulu être trop théâtral. Quand ça se produit, en général, on le voit. Les auteurs ont un détecteur de connerie, « a bullshit warning », qui se met en route et nous alerte à ce moment-là. Mais quand ça se produit et que la scène, une fois tournée, se révèle un peu trop théâtrale, je le corrige en général en salle de montage. Il est vrai que les scènes que nous avons tournées concerne la façon dont un secret est révélé ou partagé. Et il est possible que ça s'approche du tragique, car il y est question d'une intimité douloureuse, propice à la révélation des secrets.

 

N'avez-vous pas l'impression de présenter des choses parfois fausses, ou du moins qui ne sont pas plausibles dans la réalité ?

Nous passons beaucoup de temps à nous documenter. Toutefois, il y a toujours des aspects d'un show policier que vous pouvez pointer du doigt en disant : ça ne se passe pas comme ça dans la vie. Mais vous n'êtes pas obligé d'être exactement conforme à la réalité. Dans un cop show, on privilégie l'action aux tâches administratives, qui pourtant représentent la majeure partie du travail de police, c'est évident. Mais il me semble qu'en terme de véracité, quand vous êtes un auteur, votre premier devoir est de trouver la justesse émotionnelle, ce qui sonne juste auprès du téléspectateur.

 

Est-il vrai que pour The Shield, vous avez eu des consultants qui étaient chefs de gangs ?

Ah non. Nous n'avons pas eu de consultants chefs de gang, c'est une légende. Il est arrivé, parfois, nous nous rendions compte que nous avions castés des gens qui avaient un passé dans les gangs, mais c'était toujours après coup et ces gens s'étaient rangés. Nous nous sommes éventuellement servis de leurs expérience pour peaufiner certaines histoires, mais nous n'avons jamais financé de criminels pour nous servir de consultants.

Ce qui est vrai, c'est que pour les castings, nous étions peu orthodoxes. On a cherché des têtes inconnus, des gens qui faisaient authentiques, des gueules. C'est comme ça qu'on s'est retrouvé avec un type casté pour le rôle d'un maquereau, ce qu'il était en réalité.

 

 

Pensez-vous que les gens regardent de plus en plus de séries feuilletonnantes, comme les vôtres, que CSI ou House MD ?

Pas du tout. En fait, les gens regardent davantage CSI ou House que The Wire ou The Shield, malheureusement pour moi. Mad Men, Breaking Bad or Justified attirent quand même l'attention des critiques et d'un public restreint, mais présent quand même. Même s'il ne connaîtra jamais les audiences des séries que nous avons citées, à l'époque où il était diffusé, The Shield était le show favori de 2-3% des gens, et ceux-là ne l'auraient loupé sous aucun prétexte. Et ça, c'est une chose précieuse, qui est loin d'être déshonorante.

Mais sinon, pour le côté sombre de mes séries, je comprends que ça ait une certaine lourdeur pour certains spectateurs. Mais moi, quand j'écris, je ne me perds pas entre la fiction et réalité. Pour le final de The Shield par exemple, qui est très intense, j'ai pris mon pied à l'écrire. Je ne me suis pas laissé envahir par ce matériau très lourd.

 

Comment terminer une saison ? Comment les poursuivre ? Connaissez-vous déjà les arcs de la quatrième ou de la cinquième saison quand vous terminez une série ?

Pas du tout. Moi je ne travaille que sur une seule saison à la fois : il y a déjà trop de travail sur une seule saison avec la construction des intrigues et des sous-intrigues pour anticiper sur autre chose. Quand les auteurs affirment savoir, au lancement d'un show, ce qu'il en sera dans les quatre ou saisons prochaines, je trouve ça très louche. Ca veut dire qu'ils sont sans doute partie sur des idées évidentes, celles auxquelles les spectateurs auraient pensé. C'est leur premier jet, qui serait aussi celui du public.

Mais quand on travaille, quand on s'y met à huit, et qu'au bout de quatre jours, on a une idée, je peux vous dire qu'elle est généralement valable, car elle a eu le temps de mûrir.

Peut-être qu'avec l'expérience sur une série, vous savez davantage où vont les personnages, et que vous pouvez anticiper. C'est sans doute ce qui s'est passé à la fin de The Shield. Sur les dernières saisons, on avait l'expérience de la série, on savait davantage où l'on allait. Mais sur les premières, c'était saison par saison.

 

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