Ahsoka
Au lendemain de la chute de l'Empire, l'ex-chevalière Jedi Ahsoka Tano enquête sur une menace latente qui pourrait bouleverser le fragile équilibre d’une galaxie encore vulnérable...
En cours | US | Pas de durée |
Action & Adventure, Science-Fiction & Fantastique | Disney+, | 2023 |
0 avis favorable
0 avis neutre
0 avis défavorable
Avis sur l'épisode 1.05
Avis favorable | Déposé le 13 septembre 2023 à 16:43 |
De tous les mythes religieux, Jonas est un de celui qui traverse les trois religions monothéistes : chrétien, islam et juif bien sûr. C’est l’histoire d’un homme qui est jeté à l’eau après avoir désobéis à Dieu. Une baleine le recueille et au bout de trois jours, il en sort et va faire la mission que Dieu lui avait confié (et sauve les hommes). Ashoka est Jonas. Punie par les Jedi et qui effectue ici sa redemption (meme si je trouve toute la séquence Clone Wars assez confuse). La scène des baleines à la fin est absolument magnifique, de même que cet incroyable séquence ou Jacen et sa mère écoutent le chant des vagues. C’est comme un message universel qui embrasse tout Star Wars : l’attention portée aux petites choses, à toute les créatures et à l’instant présent. Ce qui en soi est complètement opposé à la direction des Jedis prise à partir de Clone Wars. L’épisode le montre parfaitement. Et se faisant, Filoni crée le lien entre le discours de Lucas… et celui de Rian Johnson. Le lien qui manquait entre un maître, son padawan et le seul auteur qui a porté le message de la saga dans une direction neuve. C’est assez admirable. |
Enorme épisode qui place la relation entre Ahsoka et Anakin au centre de toute la série, et même de tout Star Wars !
En effet d'une part, l'épisode éclaire le personnage d'Ahsoka d'une lumière nouvelle -- une lumière blanche, à en juger par son changement de tenue et son changement d'attitude finale. Elle passe la seconde moitié d'épisode plus apaisée, enfin émotive et optimiste, se laissant littéralement guidée par l'espoir (par les baleines), et suffisamment en paix avec son maître pour être elle-même en phase avec sa padawan à travers le temps, grâce à sa démonstration de "force écho" en revenant sur les lieux de la disparition de Sabine. Au passage, j'apprécie toujours quand la saga intègre de nouveaux pouvoirs de la Force dans l'audiovisuel, d'autant plus quand c'est si bien incorpéré et justifié ici. Cela devrait donner le ton à toute la fin de la série lors des futures retrouvailles entre Ahsoka et Sabine, qui devraient j'imagine donner suite à ce qu'Ahsoka retient de l'apprentissage d'Anakin.
D'autre part, la rencontre entre Ahsoka et son maître justement prend la forme d'une leçon où le personnage d'Ahsoka se livre enfin au conflit qui doit forcément la ronger : comment vivre en tant que Jedi si l'on est l'apprentie d'Anakin Skywalker, à la fois l'élu qui a sauvé la galaxie et le Sith qui a contribué à tout détruire ? Cette personne lui a pourtant tout appris et il faut composer à la fois avec les bons enseignements comme les mauvais. L'épisode aborde ce point dans des scènes brumeuses assez sublimes où tous les personnages en arrière-plan sont dans une fuite constante vers l'arrière, en pleine guerre, sans s'interroger sur leurs actions et leurs conséquences. Seule Ahsoka le fait, ce qui est une excellente synthèse de tout son personnage dans Clone Wars, et plus spécifiquement, c'est ce qui la distingue d'Anakin.
L'épisode donne donc une réponse au dilemme d'Ahsoka en l'inscrivant dans une sorte de passation permanente entre maître et padawan. Le moment où Anakin décrit cette transmission de savoir de génération en génération est incroyable puisque ce ne sont pas seulement les mots d'Anakin. Ce sont aussi ceux d'un fan et d'un auteur, Dave Filoni, qui parle : ce dialogue résume tout le but de Star Wars, à savoir une oeuvre commune où le maître Lucas transmet tout ce qu'il sait à son apprenti Filoni, qui fera de même par la suite, avec toute la difficulté de gérer entre un passé parfois compliqué et brumeux (toute l'idée des séries animées comme source de lore pour compléter les préquels, un problème dont la saga continue de payer le prix en ne pouvant pas tout couvrir dans une série live-action courte comme Ahsoka) et un futur où il faut rebâtir l'espoir (en redorant le blason des séquels, on note ici une apparition de Mon qu'on ne refuse jamais et qui continue de préparer le tissu politique pré-épisode 7).
Ahsoka choisit in fine "le bien", l'espoir, motivé par ne pas reproduire la violence qu'elle a reçue d'Anakin ou... ou peut-être au contraire en reconnaissant tout le bien qu'il lui a aussi apporté ? On ne sait pas vraiment en fait, si elle a vraiment changé d'avis et qu'elle accepte désormais tout l'apprentissage de son maître, ou si elle a rejoint le camp du bien par opposition à celui-ci. Sans doute car il n'y a pas de bonne ou mauvaise réponse : l'important, c'est qu'elle avance avec conviction et qu'elle accepte son héritage.
A nouveau c'est la vision de Filoni qui parle, puisque ce dernier a toujours défendu l'idée d'un Star Wars positif. Assez manichéen toujours, assez simple et peut-être même trop subtil dans ses développements, mais hypra intéressant néanmoins, avec une volonté de toujours tout unir, de garder la cohérence à travers les ères et de toujours faire de la place pour raconter des histoires. Ce mec arrive vraiment à me convaincre que même dans une timeline fermée de 9 films sur une cinquentaine d'années, les possibilités de lore et d'histoires seront à jamais infinies et qu'on pourra toujours trouver de nouvelles choses à raconter et à explorer.
Le tout donne une introspection abstraite mais très magnétique, qui comme je l'ai dit donne de l'intérêt assez monstre à la série Ahsoka maintenant vu qu'on verra en Sabine la même chose qu'on voyait en Ahsoka à travers les yeux d'Anakin (soit une apprentie et son maître). Et le tout s'accompagne toujours très bien au côté mystique et fantastique de la série : on conclut quand même l'épisode par un saut en hyper-espace dans une baleine intergalactique et tout le monde trouve ça normal ! C'est génial, on a fait du chemin depuis les gros vers de terre des astéroïdes de la trilogie originale en guise de marque la plus "fantaisiste" alien.
On est bien loin d'un fanservice vain et précis qu'auraient pu imaginer certains fans d'une ultime rencontre Ahsoka/Anakin. Fanservice qu'on retrouve pourtant dans des touches agréables pour la cohérence : les baleines évidemment, avec une symbolique très forte et une poésie vraiment atypique dans la saga. Mais aussi un caméo de Rex utilisé pour rappeler la violence à laquelle avait été confrontée Ahsoka, ou encore une mention de Kanan, qui s'inscrit dans la thématique maître/apprenti de l'épisode et dans la passation avec son fils Jacen.
D'ailleurs, comme Koss, j'ai absolument adoré le passage où Jacen utilise la Force "simplement" comme un enfant le ferait, pour écouter la mer et retrouver la présence d'Ahsoka. Cela évoque fortement tous les passages où Luke expliquait la force à Rey sur l'île dans The Last Jedi (avec les superbes plans sur la nature pour expliquer ce qu'est la Force). De plus, j'adore l'idée que ça donnera envie à des enfants qui regarderont l'épisode, d'écouter la mer et d'entendre des bruits de sabre laser, laissant l'imagination prendre le dessus. Après tout, c'est bien ça la vraie "force" de Star Wars.
Au passage, très joli foreshadowing des pouvoirs de Jacen puisque, décidément, son "I've got a bad feeling" de l'épisode précédent (repris dans le récap de celui-ci, ce qui n'est pas anodin) n'avait vraiment rien à voir avec un fanservice d'une réplique facile, mais était bien un avant-goût de ses capacités vues dans cet épisode. Un peu comme toute la série donc, qui est remarquablement bien construite d'un chapitre sur l'autre. Ici encore avec Huyang, qui donne suite à son conseil à Sabine & Ahsoka de rester ensemble qui n'a pas été suivi. Huyang agit toujours comme la source de savoirs sur les entraînements des padawans ou d'Ahsoka à l'époque, ce qui est très pertinent dans une série dont la thématique principale semble devenir celle de l'enseignement, soit pile la fonction primaire d'Huyang (à laquelle il est renvoyée quand il parle avec Jacen). Moi qui pensais que ce droïde avait été ramené de façon random pour s'épargner un nouveau droïde remplaçable...
Enfin il faut noter un coucou de la musique qui était jusqu'ici très discrète, qui est bien plus présente ici, ainsi que de la réalisation assez sublime de tout l'épisode. C'est très calme et posé surtout sur la fin, pour laisser s'imprégner les personnages qui finissent par se laisser littéralement guider. Très jolie façon pour Filoni de ne pas s'embêter avec des contraintes scénaristiques avec lesquelles la saga est en général très mauvaise : il en est littéralement rendu à faire dire à sa protagoniste "let's go anywhere, it's better than nowhere", sachant que forcément quelque chose d'intéressant pour la saga les attend au bout du chemin... C'est assez génial !
En termes de réalisation, c'est donc top, que ce soit la gestion des mouvements, le rythme et le montage avec des plans qui respirent, la chorégraphie de tout le passage dans le Worlds Between Worlds... J'ai notamment adoré la représentation de Hayden Christensen, très convaincant ici dans un rôle qui fait la synthèse (en images... de synthèse aussi !) de ses personnages d'Anakin Skywalker et de Darth Vador, ce qui fait sens puisqu'on a affaire ici à la projection de sa conscience dans un monde qui transcende plus ou moins le temps. Les plans où il alterne entre Vador et Anakin, entre sabre rouge et vert, entre cicatrice et yeux de Sith ou visage bienveillant, sont tous très efficaces et donnent le ton à la confrontation avec Ahsoka, ce qui donne vraiment du poids à toutes ces scènes.
Il y a aussi un détail de réalisation génial, où les couleurs du sabre et de la scène se reflètent dans les yeux d'Ahsoka lors du combat contre son maître, ce qui cause ses iris à devenir légèrement couleur "Sith". Les yeux sont une symbolique super importante dans le lore Lucasien évidemment, et dans cet épisode y compris, et représente aussi la tentation que représente Anakin pour Ahsoka, qui choisit de ne pas y succomber et au contraire, d'en tirer un enseignement bienveillant pour l'appliquer ensuite. Chose que ni Anakin, ni Luke n'auront vraiment su faire sur toute la ligne.
Bref, un épisode qui parle si joliment d'héritage, aussi bien pour l'univers que pour la saga, c'est vraiment ce que Star Wars peut proposer de mieux !