Animals.
La vie et les discussions du quotidien des animaux qui peuplent nos villes. Que ce soit des pigeons se questionnant sur leur genre, des rats languissants ou bien des punaises vieillissantes, leurs problèmes son étrangement similaires aux notres.
Terminée | Américaine | 28 minutes |
Comédie, Animation, Comedy | HBO | 2013 |
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Avis sur l'épisode 1.03
Avis favorable | Déposé le 05 mars 2016 à 18:37 |
Du lourd, côté casting cette semaine ! Justin Roiland, Adam Scott, Eric André... Les histoires racontées sortent un peu de l'ordinaire par rapport aux épisodes précédents donc il y a du progrès... |
Excellent épisode, avec un superbe sous-texte autour des écarts de classes sociales (rien que ça).
Déjà, j’adore l’intrigue fil rouge autour du maire et de sa femme qui progresse à chaque épisode et qui sert de transition entre les intrigues. Au passage, on nous montre encore plus le mensonge, ainsi que la corruption (sous-entendue mais elle ne devrait plus tarder à être explicite) des politiciens. C’est bien de voir que les humains ont aussi une place dans la série, voire même que la série commence à parler de la politique.
A travers les quelques interventions des hommes la série trouve aussi le moyen de placer de jolis messages autour de l’environnement dans plusieurs scènes à travers des détails : 1) une oie qui ramasse une clope jetée près d’un route et s’étouffe 2) l’histoire des oies comme quoi un de leurs anciens potes s’est tué en volant près d’un réacteur de Boing... 3) le maire qui projette de transformer Central Park - sanctuaire des cygnes dans cet épisode - en gigantesque construction humaine. Je ne vois pas comment on peut faire plus explicite dans l'implicite.
L’intrigue B des cygnes de cet épisode est justement vraiment cool, on retrouve certes une fois de plus quelques ficelles récurrentes dans la série : le mec, la fille, la soirée à la fin avec le DJ, mais cette fois c’est joliment fait avec quelques messages là encore bien placés.
Tout tourne autour du coup classique du vilain petit canard qui se fait passer pour une oie au sein de leur groupe. C’est joliment réinterprété de façon drôle (“l’hymne des cygnes” ça m’a tué, le “klaxon” de l’oie qui trahit sa véritable nature lorsqu’il jouit en plein dans l’acte était aussi une situation très marrante) et c’est surtout ancré dans des problématiques actuelles. En effet, la foule de cygnes renie l’oie qui n’a d’autres choix que de quitter Central Park et retourner à son bord d’autoroute et son train-train quotidien et ennuyant. Perso j’interprète ça comme tout le cloisonnement entre les “riches” et les “pauvres” encore très présent dans les grandes villes américaines. Cela se constate clairement avec les différences de quartiers (l’oie dit à un moment “il y a tout un monde à voir là-bas”), où Central Park agit comme le coin huppé de la haute “classe” des oiseaux, les cygnes, qui forment un véritable clan avec leurs propres soirées, codes (l’hymne des cygnes donc) et sentiments négatifs à l’égard des oies. Tandis que l’autre côté de la voie rapide est réservé aux oies qui passent leur vie à ressasser le passé en voguant de poubelles en poubelles. Le contraste est clair.
Au passage, j’ai même un sérieux doute sur un possible sous-entendu qui irait encore plus loin que les couches sociales. Ca tient en une phrase : le beau cygne Olivia qui dit à Shane l’oie noire : “I’ve never been with a black guy before” -> pas besoin de voir que cette phrase va un peu plus loin que le simple fait que l’oie n’est pas un cygne… la série dénoncerait-elle aussi les écarts entre les blancs et les noirs en Amérique ? (The Wire le séquel ?)(kappa). Peut-être que je lis un peu trop loin dans le scénario de ce côté-là, le scénario insiste clairement plus sur l’oppositon oie/cygne que noir/blanc, mais la phrase citée plus haut est quand même très directe. Après en tenant compte du fait que les dialogues sont improvisés, je pense que c’était plus une maladresse de l’actrice... bref laissons ça de côté.
Et tout ça, ce n’était que le subplot, qui dure 4 scènes seulement.
Le scénario principal ce sont, comme le titre l’indique, les chats. Et une fois de plus comme pour les pigeons, la série fait un twist super sympa en échangeant les rôles entre les gentils chats d’appartement et le méchant chat de gouttière, ce qui est à nouveau une tournure qui surprend (on aurait bien plus vu une réconcilliation clichée entre les trois chats). Même si cela oblige de rendre ensuite le virage super brusque (les deux chats passent de super gentils à super psychopathes) il y a une explication plausible à ce revirement sur laquelle je reviendrai.
J’ai adoré le chat Alex (et Justin Roiland) et tout ce que l’histoire des chats développent en si peu de temps :
- la relation fraternelle ambigüe entre Mike et Phil (on voit clairement que ça résulte de l’impro entre les deux comédiens et ça marche super bien, c’est hilarant de les voir se faire des mots doux)
- les clichés des chats passés en revue selon le point de vue animal, la cage qui est vue comme la “boîte à seringues” notamment. Ce genre de choses faisait un peu partie du cahier des charges de la série sachant qu’elle adapte la vie quotidienne des animaux, et ce gag est donc en soi prévisible, mais se devait néanmoins d’apparaître.
- le passé d’Alex super triste qui dénonce le système des animaux recueillis et abandonnés
- les gags toujours sympas et pour les “adultes” : l’herbe à chat transformer en weed (gros moment de délire et encore un message sur le tabac), le jeu de rôle avec le costume SM du chat à la fin…
- un peu de satire sur les auteurs qui font des livres autobiographiques sur la fin, qui pourrait même expliquer les incohérences du scénario qui précédait - les deux chats d’appartement sont écrits de façon super manichéenne quand ils passent de gentils à méchants - si on considère qu’on ne faisait que voir l’histoire exagérée du kidnapping d'Alex...
A noter que là encore comme pour le coup des oies/cygnes, on voit clairement les inégalités entre les différents "types de chats" qui représentent bien sûr les différentes couches de la société, avec les chats qui viennent de la rue et ceux qui vivent dans leurs résidences fermées. Yep, tout ça est bien un thème de l’épisode en fait. L'anthropomorphisme de la série donne des résultats parfois très bizarres (je suis toujours pas remis du pigeon trans de l'épisode précédent) mais peut être aussi mis à très bon escient.
Et au final le chat de gouttière Alex parvient à se hisser grâce à un best-seller autobiographique, avant de devenir lui aussi le même genre de chat que ses ravisseurs (il a même le poil soyeux en fin d’épisode, joli soin au détail de la part de la réal) en se moquant de ses fans. On retombe là encore dans une fin d’épisode noire comme celle du pilote... Même s'il y a une point de happy ending car on reste content pour lui. Ah, et la fin de l'autre intrigue avec l’oie Shane est un peu plus douce-amère, puisque Shane retrouve ses vieux potes du bord de l’autoroute et semble se complaire dans sa vie monotone après avoir été rejeté du parc.
Une remarque en vrac : je n’avais pas remarqué qu’à chaque épisode les deux protagonistes s’appellent “Phil” et “Mike”. C’est drôle et assez malin pour renforcer le fait que tous les animaux que l’on voit ne sont au fond que des humains tout ce qu’il y a de plus banal (vu que les prénoms sont super courants).
Bref c’est excellent.
C’est juste OUF comment la série en 30 minutes arrive à caser autant de trucs qui touchent autant de sujets importants en deux intrigues et-demi : la politique, l’environnement, la maltraitance des animaux - tout ça à travers la présence des humains -, ainsi que le sous-texte principal de l’épisode donc avec les classes sociales.
Si d’autres épisodes sont comme ça je serai impressionné.
En plus j’adore les chats (oui c’était la remarque utile du jour).