Quand dès la première scène de sa nouvelle série, Moffat utilise une scène d'agression dans le métro pour créer un pseudo-twist sur la puissance de la sororité avec un montage qui n'attend que l'apparition de "I am the Doctor" pour bien insister sur l'epicness de la situation, on sait qu'on est repartis pour une sacrée farandole.

C'est terrible, mais Steven Moffat ne sait vraiment pas écrire des gens normaux. Rien n'est crédible, tout le monde s'exprime en punchline complètement faisandées, tous les personnages sont constamment en chaleur et l'enchainement des événements est d'un ubuesque rarement atteint. Même David Tennant a bien du mal à défendre la scène du drame dans la cuisine, et malheureusement Moffat n'a même pas la malice de traiter cela sur le ton de l'humour noir, à la manière du premier épisode de Fargo. Ceci dit, il aurait été un poil malheureux de traiter par l'humour l'agression d'une femme après la scène d'ouverture, mais encore faudrait-il que Moffat ait réellement quelque chose à dire sur le sujet...

Mais ce n'est pas fini ! A cause de ces satanés Benedict Cumberbatch et Martin Freeman, trop occupés à faire des cabrioles chez Marvel et ne pouvant apparemment plus trop se pifrer, Moffat a dû faire ses fonds de tiroirs de Sherlock saison 5 pour nous introduire une seconde intrigue : Sherlock Tucci, le détective condamné à mort dans la plus clichée des prisons américaines que vous verrez. Honnêtement, c'est la partie la plus amusante, il y a un concept très pulp derrière le personnage qui pourrait fonctionner. Malheureusement, on retrouve ici les pires tropes de Moffat, le mystère est franchement risible et gênant (j'aime bien les jeux sur le language chers à Moffat, mais une fois encore rien n'est crédible dans ce "mystère", si ce n'est la fierté du scénariste d'avoir trouvé un "bon mot" assez douteux), Tucci est vraiment écrit comme Sherlock, jusqu'au Watson de service, et il n'aura assurément pas tué sa femme (ou bien il aura une très bonne raison qui prouvera qu'il est finalement un good man). Dommage, car l'idée de "tout le monde est un meurtrier, il suffit juste de croiser la bonne personne" était plutôt attrayante, mais le résultat est franchement risible.

A défaut d'être une bonne série, Inside Man nous garantit un sacré voyage en Moffatie, ce pays absurde et libidineux. Connaissant la propension du bonhomme à moins bien gérer ses fins que ses débuts, j'ai très peur de la finalité de tout cela...