Production Arte, 3x Manon est l'oeuvre de Delestrade, un réalisateur plus habitué au format documentaire avec le formidable "Un coupable idéal". Ici, il dresse le portrait d'une "enfant sauvage", envoyée en centre éducatif fermé suite à l'agression sur sa mère.

Un sujet brute, difficile et un challenge terrible, tant la production française nous as habitué à verser dans la bienséance manichéenne à plusieurs reprises. Ici, ce n'est pas parfait, mais la qualité de la mise en scène et de l'actrice principale viennent balayer nos quelques réticences face à cette oeuvre.

Les scènes entre Marina Fois et sa fille sont excellentes, magnifique, incroyablement bien filmée et construite. La séquence d'ouverture est particulièrement remarquable pour une fiction française... on pense à Pialat, à Zonca, à ses cinéastes qui savent donner de la crédibilité à leur récit.

La partie en centre fermé est un ton en dessous car elle se soumet à des codes prévisibles, trop hélas. On se sent trop en terrain connue et seule les scènes avec l'enseignante de français fonctionne pleinement.

L'actrice principale est remarquable sur le point qu'elle parvient à surprendre, parvenant à rendre attachante une jeune fille qui cherche à se transformer en animal sauvage. Une révélation... une illumination même... des nouveaux talents comme la fiction française devrait en proposer plus souvent.

Du beau travail, un récit fort et maîtrisé qui parvient à esquiver une grande partie des clichés qui aurait pu lui nuire. Impressionnant.