Un petit 12 pour le jeu d'acteur et l'alchimie entre les personnages principaux, le reste est pas à jeter mais pas loin, c'est quand même un peu bourré d'incohérences...

Pas évident de passer après un tel pilote. Traditionnellement, dans n’importe quelle série, on s’attend à ce que le premier épisode et le dernier soient remarquables, et on admet sans problème que le milieu puisse être une transition ou un peu en-dessous. Le problème quand c’est une saison de trois épisodes… c’est que le milieu c’est un tiers de ta saison. Et 90 minutes potentiellement inutiles.

Heureusement ce dernier point est assez vite évité, car les forces du casting et du pitch suffisent à porter encore cette histoire.

Néanmoins, cet épisode a quelques défauts évidents qui le font pâlir en comparaison des deux autres de cette première saison. Primo, c’est le moins drôle, et de loin. L’humour n’est pas totalement absent, mais assez en retrait, sans que les enjeux dramatiques ne soient vraiment surélevés pour compenser. Il y a tout de même toujours une très bonne énergie qui se dégage de la dynamique de la série, et lorsque l’humour est présent, comme avec Sherlock qui s’incruste dans le date de John, il est typiquement pince-sans-rire anglais et fait totalement mouche (bon ok, sauf quand Watson crie dans la boîte aux lettres pendant que Sherlock se fait étrangler, assez clichée).

Deuxièmement, le climax est clairement médiocre. Cette histoire d’enlèvements et de torture sadique par la tradition asiatique présentée, n’a pas vraiment de sens à part pour divertir l’audience. C’est assez méta et cathartique (et j’aimais bien le spectacle avant ça, juste pour le divertissement), mais pas très cohérent. En plus, déjà que le pilote avait pour rare faiblesse évidente, un désert en termes de personnages féminins intéressants, celui-ci n’aide vraiment pas la donne, en versant dans le cliché de la demoiselle en détresse à délivrer, alors que la copine de John était plutôt bien caractérisée avant cela.

Enfin, il y a de gros clichés orientalistes sur tout l’épisode, ce qui peut être considéré comme le pire défaut, d’ailleurs. Je ne dirais pas que tout est à jeter, ni même foncièrement négatif : le respect des traditions et de la culture asiatique est parfois mis en lumière positivement, comme avec le personnage de Soo Lin, par rapport au monde assez froid et hypocrite de la finance. C’est donc plus maladroit qu’autre chose. Mais même si on met ça sur le dos d’une méconnaissance involontaire du sujet, il reste un scénario qui enchaîne aussi les clichés narratifs sur la mafia asiatique. On peut citer les tattouages sous le pied ridicules qui sont d’un noir plus profond que si le tattoo artist venait de le faire, ou le sort de Soo Lin, personnage qui a toutes les informations pour donner la solution à Sherlock, qui se fait interrompre car “oh j’entends un bruit, les personnages se séparent, et je meurs avant de pouvoir donner la réponse !”.

Un travail d’amateur assez dommageable pénalise donc tout le scénario de fond, qui ralentit artificiellement ses réponses, et prouve que les clichés mal maîtrisés révèlent de la faiblesse thématique de l’épisode. C’est toujours un plaisir de voir Gemma Chan cela dit, c’est une actrice que j’aime beaucoup, même dans un rôle assez discret.

En revanche, j’ai quand même de l’affection pour cet épisode qui permet vraiment d’illustrer la relation entre Sherlock et John. Les 90 minutes défilent sans qu’on ne s’ennuie vraiment, du moins pas avant la fin. La succession d’énigmes qui nous dépaysent du quartier des affaires londoniens à Chinatown, jusqu’à nous ramener au point de départ, reste assez astucieuse, et on semble avoir à la fois un peu d’avance sur les personnages tout en étant aussi paumé qu’eux.

Le scénario met quand même un paquet sur les énigmes accrocheuses et sait développer de nombreux fils sans nous perdre avec ses concepts marquants : des graffitis en guise de menace dans des lieux sans rapport, une vague de suicide en chaîne à domicile… C’est plutôt sympathique. Les résolutions sont majoritairement astucieuses, elles ont le bon goût de rester simple même en partant d’un postulat parfois saugrenu (un ninja qui passe par les fenêtres, un livre unique comme clé de traduction d’un code secret), même si toute la partie “combat contre le ninja agile” n’a que très peu d’intérêt, et que j’ai déjà évoqué mon désamour pour cette résolution dans le tunnel, complètement à côté de la plaque.

J’aime enfin assez la scène finale, plutôt perturbante, qui vient teaser avec sobriété et intrigue le méchant “M” de la saison.

C’est globalement divertissant dans le contexte de la saison, si on peut passer outre les clichés et ne pas les voir comme trop mal-intentionnés, mais difficile de défendre vraiment cet épisode qui vieillit mal, que ce soit d’un point de vue sociétal ou quand on prend la série dans son ensemble.

Je reste quand même toujours agréablement surpris quand je revois la série (toujours dans l’ordre), de voir à quel point cette saison 1 est fluide, et où même cet épisode bourré de défauts comme celui-ci a malgré tout son rôle essentiel à jouer dans la définition de la relation Sherlock/John, preuve de l’assez bonne construction de l’ensemble.

Grosse baisse de rythme pour ce deuxième épisode, une enquête bien moins intéressante que pour le pilot et une multitude de clichés qui nuisent à cet épisode.

Bien moins bon que le précédent, l'épisode comporte une multitude de clichés qui nuisent à la qualité de l'épisode.