Image illustrative de Sherlock
Image illustrative de Sherlock

Sherlock

Les aventures modernisées du plus célèbre des enquêteurs : Sherlock Holmes et de son ami et assistant, le Dr Watson. Un remake vivant et drôle du classique de Arthur Conan Doyle revisité par Steven Moffat.

Terminée Anglaise 90 minutes
Policier, Crime, Drama, Suspense BBC One, France 4 2010
14.03

8 avis favorable
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0 avis défavorable

Avis sur l'épisode 4.02

Avatar Manoune398 Manoune398
Rédacteur
Avis favorable Déposé le 16 mars 2021 à 16:05

J'ai beaucoup aimé cet épisode, que j'ai trouvé vraiment travaillé et complexe. Je me suis laissée prendre au jeu (ou plutôt aux jeux), sensible à Sherlock comme à John, avec une intrigue qui fonctionne (le méchant est d'ailleurs plus dérangeant que Magnussen, je trouve) et une histoire dans l'ensemble assez sombre.

Spoiler

Le gros point faible reste pour moi cette idée ridicule de Mary... "Save John Watson", avec ce plan stupide de faire replonger Sherlock... Je trouve que ça gâche un peu plus Sherlock et son humanité. L'idée qu'il replonge était très cohérente, mais que ce soit calculé gâche beaucoup pour moi.

C'est surtout la fin que j'ai trouvée assez géniale. Comme dernière enquête, on n'aurait pas pu mieux faire et ça explique beaucoup de choses que je trouvais incohérentes à la fin de la dernière saison. Hâte de voir le final !

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Avatar OmarKhayyam OmarKhayyam
Rédacteur
Avis favorable Déposé le 23 septembre 2018 à 11:04
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On doute de tout, on ne sait rien, et Moffat, aidé par un Cumberbatch toujours magistral et un Hurran inspiré, nous entraîne dans une puissante descente aux enfers


Avatar elpiolito elpiolito
Administrateur
Avis neutre Déposé le 18 janvier 2017 à 10:33
Spoiler

Ouh que c'était long, long et re-long. Je ne sais pas ce qu'il se passe cette saison mais je trouve les épisodes vraiment longs et chiants à souhait, ils pourraient grandement être amputés d'une bonne demi-heure à chaque fois.

Concernant celui-ci, la réalisation est bonne, l'interprétation aussi, Cumberbatch et Jones sont bons, ce dernier proposant un ennemi intéressant.

Par contre, au niveau de l'histoire, c'est très vide et ne repose que sur des effets de manche.

Dès le départ, le coup de la confession et des perfusions, j'ai dit à la TV "non mais c'est bon, on a compris que tu vas confesser qqch de pas bien, accouche" (véridique). C'est très verbeux et très laborieux, on a vraiment une grosse impression de remplissage. On sent pourtant qu'il y a un gros effort de fait sur le verbe, il y a des punchlines qui fonctionnent mais je n'ai pas pu m'empêcher de trouver ça trop verbeux, du blabla pour du blabla quoi. Du coup, je ne me suis jamais vraiment senti impliqué dans l'épisode à aucun moment, j'ai eu l'impression de revoir encore la même chose à chaque fois, avec juste un twist pour changer d'état.

Quant au twist final, honnêtement, il m'en touche une sans faire bouger l'autre. Mais vraiment. C'est tellement improbable, tellement "oh là là, regardez le gros twist de la mort qu'on vous a préparé que vous n'avez rien vu venir qu'on vous as bien eu" que ça ne m'a fait aucun effet. Ok, Sherlock a une sœur caché dont personne n'a parlé jusque là et qui est la psychopathe de la famille, dont même les parents ne parlent pas et n'ont pas de photos d'elle chez eux, voilà quoi. Je ne serais limite pas surpris que dans le prochain twist, on va apprendre qu'en fait c'était Sheriford, le frère porté disparu au combat qui en fait n'est pas mort et a subit une opération de changement de sexe....

Non, même s'il est meilleur que le précédent, ce second épisode n'est pas non plus folichon.


Avatar Koss Koss
Rédacteur
Avis défavorable Déposé le 10 janvier 2017 à 09:18

Méga Mofflûte. C'est encore et toujours la même histoire en fait. Celle d'un homme qui n'écrit ses scénarios seulement par le prisme de l'effet de manche, de l'annonce à ce qu'il va suivre. C'est 1h30 de ça. D'effets de magie. Il n'y a en réalité pas plus de contenu dans cet épisode que dans celui de Gatiss. Si Steven Moffat écrivait une dissertation, la prof ramasserait sa copie, lui claquerait un "trop verbeux et pas de fond" et on n'en parlerai plus.

Il faut revoir les épisodes écrits par Moffat il y a 3-4 (Sherlock ou DW). Il faut voir le chemin qu'il a parcouru. Oui les effets de manche étaient là, ils l'ont toujours été. Mais s'appuyait toujours sur du fond, sur une réflexion tangible et un propos (franchement revoyez les épisodes de la bibliothèque de Doctor Who ou le 2x01 de Sherlock).

Là c'est du vent (d'est). Toute la séquence de l'hopital ce n'est que ça. Un truc qui dure 20 minutes et qui ne sert strictement à rien. La fin de la scène de la morgue suffisait. Le reste, c'est de l'entracte pour nous faire patienter.

Alors oui, certains idées et scènes sont pas mal (le coup de la petite cuisine) et je n'avais absolument pas vu l'actrice jouant 4 rôles. Mais franchement, le reste est tellement agaçant. Tellement vain. C'est Moffat reprenant l'affaire Saville en y ajoutant une idée : Sherlock a une sœur.

Est-ce que ça valait la peine de passer 1h30 dessus ? Certainement pas.

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Avatar ClaraOswald ClaraOswald
Membre
Avis favorable Déposé le 09 janvier 2017 à 05:32

Excellent du début à la fin ! Le grand retour de Moffat qui n'avait pas fait un bon épisode depuis le 5 décembre 2015 ! Vivement la suite.


Avatar Galax Galax
Administrateur
Avis favorable Déposé le 09 janvier 2017 à 00:09
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We always saw it coming. But it was fun.

Quelle claque ! Quelle remontée !

Un épisode à voir mais surtout à revoir, car il nous retourne la tête sur absolument tout ce qu'on voit à chaque instant.

L'épisode est construit de façon très complexe et désordonné pour rendre compte d’une sensation de flou, ce qui fonctionne extrêmement bien. Des plans de scènes arrivant chronologiquement plus tard s'intercalent souvent avec le présent. Cela rend l'intrigue extrêmement dynamique. Et l'épisode réussit pourtant à être totalement limpide car la narration est exemplaire.

Il faut dire, première chose, que l'histoire est portée par une réalisation. à. couper. le. souffle. On n'avait plus vu une telle claque visuelle/inventivité depuis longtemps dans la série (ou ailleurs ?) et c'est sans aucun doute le plus bel épisode de Sherlock de tous. Pendant la première demi-heure grosso modo (avant qu'ils n'arrivent à l'hôpital), c'est juste parfaitement monté. Les plans sont magnifiques. Les transitions comportent quasiment à chaque fois une idée visuelle ou thématique derrière, parfois même des blagues ("Big Brother is watching you" ahah).

Certaines scènes m'ont fait écarquillé les yeux tellement elles étaient belles : la déduction de Sherlock qui s'imagine le papier éclairé par le rayon du soleil est absolument parfaite. On dirait juste l’aboutissement, la concrétisation de la vision moderne de la réflexion déductive de Sherlock dans une oeuvre audiovisuelle.

Et des scènes à couper le souffle il y en a des tas. On dirait presque un carnet d’exercice de finesse dans le montage et la réalisation. C’est tellement inventif et en même temps pas toujours d’une précision chirurgicale, mais toujours pensée pour compléter le scénario et aboutir à une réflexion active de la part de l’audience sans qu’elle ne s’en rende compte, qui accompagne les déductions d’un détective défoncé mais à l’intellect et l’intuition d’un génie. Une superbe vidéo de Nerdwriter décortique une des nombreuses scènes génialement riche de l’épisode : https://www.youtube.com/watch?v=bfFgnJoLiQE&feature=youtu.be

Quand on a un épisode aussi beau, c'est encore mieux quand l'image sert à mettre en relief une bonne intrigue. Et c’est donc totalement le cas ici. Non seulement les déductions sont excellentes, l'enquête est intéressante et très bien ficelée, le personnage de Toby Jones est charismatique (et nous prouve au passage que la série n'a définitivement pas besoin de Moriarty pour exister, ça fait du bien d'avoir un épisode sans aucune référence à ce dernier - même s’il est indirectement forcément lié à Eurus, sans quoi tout le teasing sur son retour n’aurait pas de sens). Mais en plus c’est vraiment malin et du jamais vu dans la série, ce duel public avec un tueur en séries caché à la vue de tous.

Lors de tout le passage entre la rencontre Smith/Holmes, il y a, sans exagérer au minimum 1 bonne idée toutes les 30 secondes, qu’elle soit visuelle, de dialogue, à l’art en général, à une simple blague à différents niveaux de lecture. Le “anyone”, la nuit entre Faith et Sherlock, la revisite de H.H.Holmes, le "cereal killer", les enfants, le speech sur la reine... On a des sous-entendus quasiment constants, c'est un pur plaisir de voir les personnages faire leur joute, surtout lorsque c'est de Toby Jones et Benedict Cumberbatch dont on parle. Ce dernier livre une de ses prestations les plus prenantes de toute la série, pour sûr.

Quand on a un épisode aussi beau, c'est aussi encore mieux quand on nous fait douter de ce que l'on voit à l'écran. Et c'est définitivement le cas. Sherlock n’est plus un narrateur fiable cette saison, et cette étape est une évolution attendue mais brillante de l’approche de la partie détective de la série. On est constamment dans le doute, dans la déception ou dans la surprise. Le moindre plan et la moindre phrase pendant le premier acte vont être sujets à être remis en cause par la suite. Parfois c'est fait avec humour tout en explorant de façon inattendue des personnages secondaires : typiquement, le coup de la voiturede Mrs Hudson ahah, je m'en remets pas, pareil la scène où elle fait mime d'avoir été terrorisée, pour en fait le menotter et l'embarquer dans un coffre. Parfois c'est juste fait avec extrême intelligence pour des besoins dramatiques. Cf. la fin de l'épisode avec le meilleur twist de la série, caché lui aussi à la vue de tous tout au long de l’épisode. Mais j’y reviendrai.

Une autre très bonne idée de l'épisode dans la lignée de la remise en question de l'image, est de jouer sur l'état de dépendance de Holmes comme possible faille de tout son raisonnement. L'espace d'un instant, on peut croire qu'il a eu faux sur toute la ligne, s'est imaginé un tueur pour se trouver une raison de vivre, et de combler le manque de John, car il s’agit toujours de ça dont il s’agit. Comme toujours, la série est géniale car elle a beau faire l’apologie du rationnel, tout ne s’explique de façon logique que par le prisme des sentiments des personnages. Il pourrait donc avoir inventé toute l'histoire avec Faith Smith. On y croit car Sherlock est désemparé quand il réalise son erreur, on y croit car Sherlock est un putain de junkie et souffre du manque comme un humain, on y croit car l'épisode a laissé une bonne dizaine (si ce n'est plus) de sous-entendus sur une prétendue illusion. Avec un montage millimétré qui pointe du doigt toutes les ambiguités possibles. J'adore quand les séries jouent avec notre perception des événements et cet épisode a réussi à la perfection à instaurer le doute, à le retirer et à le remettre d'une autre façon, de la première scène avec le "retour" de Mary (classique), à la dernière qui nous laisse pour le coup totalement sur le cul.

Détail marrant, la tromperie des apparences qui traverse tout l'épisode est un thème se retrouvant déjà dans le titre "The Lying Detective", faisant bien évidemment référence à toutes les fois où Sherlock mentait durant l'épisode, mais aussi au fait qu'il soit simplement "allongé" et au final passif dans l'histoire, dans un trip constant assez déjanté et pourtant plus cohérent que le vrai monde. C’est presque une réponse à l’épisode The Abominable Bride qui tentait d’user de procédés similaires sans pouvoir se libérer de ses contraintes de fil rouge. C’est aussi presque le parfait contrepoids à l’épisode précédent, tellement plus direct, simple et ennuyant que celui-ci.

L'épisode est aussi excellent de par ses thématiques. Premièrement, on ne nous mentait pas, "it's not a game anymore". Comme ma phrase en intro le suggère, le temps de l'amusement au détriment du sérieux est révolu, et ce n'est pas plus mal. Certains clichés de la série que cette dernière a largement sur-utilisés sont, par cet épisode, écartés. John n'est plus présenté comme un homme parfait. C'est justement tout le coeur du plan de Sherlock et la beauté de leur relation : Sherlock pense si bien connaître John que selon lui, John le sauvera par altruisme, quant à John, il espère tellement être l'homme que Mary désirait qu'il soit qu'il va finalement bien réaliser le plan prévu par Mary et Sherlock - mais pour de mauvaises raisons. Les deux visions se complémentent parfaitement et offrent une interprétation assez nouvelle du lien Holmes/Watson dans la série. Tout débouche sur une discussion à coeur ouvert entre les deux hommes, dont on peut regretter seulement l’absence physique de Mary.

C'est d’ailleurs là que c’est un peu bancal, là seulement où l’épisode perd quelques points : faire suite au premier épisode. Car la décision de tuer Mary a été irréfléchie selon moi, et cet épisode 2 est très légèrement (mais très) allourdie par le mauvais démarrage de la saison. Certaines lignes sont grossières ("the game is on, do you still miss me?"). L'hallucination de Mary permet d'exploiter les talents d'Amanda Abbington et de régler quelques histoires avec Mary, mais elle sert principalement à donner la réplique à John lorsque ce dernier est seul. Le fait qu’elle ne puisse pas vraiment répondre à l’adultère de John est dommageable, typiquement, même si j’imagine que la mort est frustrante et ne nous apporte pas toujours toutes les conclusions qu’on aimerait. Elle continue donc d’avoir une place au sein du trio, certes, mais au fond la série reste un duo. Le concept du DVD est assez malin je trouve, et le plan de Mary et de Sherlock est capillotracét mais bien ancré dans la logique de leurs personnages. Mais encore une fois, l'idée bancale de faire parler John à une Mary "physique"... c'est comme s'il avouait à sa part de conscience qu'il a trompé Mary, et qu'il s'auto-pardonnait... C’est sans doute une belle preuve de travail sur soi, mais juste dommage que ce soit fait au détriment d’un personnage (féminin qui plus est) qui avait aussi du potentiel de briller, de pardonner, de vivre plus longtemps.

Bref un peu mitigé sur ce point, je préfère largement ce qui est fait autour de Sherlock seul, et aussi de la relation Sherlock/John (qui est de toute façon la constante de la série).

De son côté, et c'est peut-être encore plus intéressant, Sherlock est clairement à ce stade reconnu comme une vraie personne. On touche à quelque chose que j'adore dans la série, qui m'a fait adorer l'épisode avec The Woman, ainsi que tous les moments où on évoque Redbear ou que l'on voit ses parents, ou encore le moment où Sherlock tue Magnussen pour sauver les Watson : on touche à la faiblesse émotionnelle de Sherlock. Non, Sherlock n'est plus le robot incapable d'émotions du début de la série, il a évolué. Sherlock n'est pas une machine même s'il prétend l'être (et qu'il considère que rationnellement il aurait tout intérêt à ne pas écouter ses émotions). Sherlock est un homme comme tout le monde, brillant certes, tellement incroyable qu’un simple prénom suffit à le désigner (ce qu’il ne semble pas comprendre puisqu’il réfute cette théorie en essayant de percer à jour l’énigme de Faith sur la victime de son père, “anyone”).

Mais un homme simple qui a forcément des désirs, des faiblesses (l'épisode de Magnussen avait encore une fois déjà déterrer un peu l'idée, avec les "pressure point" et Redbear), Sherlock, c'est un junkie, il a des amis mais ne sait pas trop s'y prendre avec eux, etc. Et à bien y réfléchir, on l'a depuis le début toujours vu émotif dès qu'il s'agissait de ses proches.

Encore une fois l'épisode le sous-entend à de nombreuses reprises au début : Faith lui fait remarquer que ses déductions sont empruntes de romantisme, Mrs. Hudson lui fait remarquer ses tics émotionnels où il tire sur le mur ou plante des couteaux… Et c'est tout à fait juste ! C'est totalement impulsif comme comportement. Ca n’a jamais été rationnel, même si c’est l’air qu’il aimait prendre. Tout l'inverse de Mycroft qui a, lui, toujours prétendu aimer son frère et être capable d'émotions, quand il s'agit en fait probablement du plus froid et inhumain de la famille Holmes (leur soeur a l'air juste bien barrée pour le moment, bien qu'elle partage leur intelligence, à voir ce qu'il y a un peu plus derrière).

Et LA consécration de toute la vision de l'épisode de Sherlock en tant que "homme", c'est avec la référence la mieux placée possible à the Woman. Sherlock dénie le texto, John ne peut s'empêcher de lui dire que c'est un pur con de rater sa chance, c'est mis en lien avec la mort de Mary, qui déclenche inévitablement des sanglots pour John, et Sherlock va naturellement le réconforter. Et Sherlock lui avouera après l'air de rien au milieu d'une phrase qu'il cède parfois à ses émotions lui aussi et envoie des messages à the Woman.

C'est vraiment la meilleure analogie qui soit entre The Lying Detective et A Scandal in Belgravia, les deux épisodes qui partagent le plus de romantisme et qui montrent le plus d'humanité (et de fragilité) dans le personnage de Sherlock.

Et en plus, ça justifie clairement la réconciliation entre John et Sherlock, qui apparaît belle et très émouvante. Faut le faire quand même, car c'était le truc sur le papier le plus téléphoné du monde vu la fin de l’épisode 1 ! (Certes, c'était sûr qu'ils n'allaient pas rester fâcher longtemps, mais l'énervement de Watson est crédible et n'a pas été aussi vite balayé que dans le 3.01 par exemple).

Je ne peux terminer ma critique sans parler de ce twist de fin sur l’identité de la psychiatre/inconnue du bus/fausse Faith. C’est vraiment une fin géniale avec une vraie montée en puissance et des cliffhangers de folie, de quoi tout mettre en place pour "The Final Problem" qui devra clore la série tout entière (bonne chance pour rivaliser avec cet épisode).

Quel rebondissement bon sang ! Je crois bien que c’est mon préféré peut-être de toute la série, voire de toutes les séries. Je n’ai jamais été autant berné par une actrice déguisée en plusieurs personnages pour être une antagoniste préparée à l’avance. C’est absolument dingue à tous les niveaux. Déjà car c’est incroyablement osé. N’importe quel plan mal construit sur l’épisode aurait fait tout foirer. Or, je crois bien que Siân Brooke a berné juste tout le monde. Le travail sur le maquillage, les costumes, l’éclairage, les angles de caméra et le body language, font de la vraie magie.

Tellement de détails vendent le truc :

  • dès la première scène, la psy dit à John "je dois vous faire penser à Sherlock" (c'est tellement évident quand on revoit l'épisode...), c’est si osé et si cohérent !
  • La vision de Mary superposée à celle de la fille qui se présente à Sherlock : sous-entendue, ce n’est pas celle qu’elle prétend être
  • quand Sherlock liste des noms de personnes que le père de Faith pourrait tuer, il cite "Faith Smith, Santa Claus" (qui n'existe pas, donc par analogie Smith non plus, et le père noël est d'ailleurs repris par Mycroft par la suite)
  • il y a un plan où le pistolet que tient Euros à la fin est superposé à la silhouette de Sherlock
  • Faith ne boite pas toujours, tant d'indices censés nous faire croire à une non-existence, qu'on en oublie ensuite la lettre physiquement crédible, ce qui rend le deuxième twist (sur qui était vraiment cette cliente) encore plus imprévisible

Ensuite, ce twist, c’est plus globalement un aboutissement une fois de plus à tout un poncif des séries d’enquête et de détective : les fameux “méchants scooby-doo”, un peu fous, qui se déguisent et se maquillent pour se fondre et se rapprocher du détective. Sauf que c’est d’une précision et d’une beauté chirurgicale. C’est encore une fois avec cet épisode que la série se pose clairement en réinvention moderne de tout un genre.

Et puis en termes de lore c’est aussi un peu dingue, vu le teasing constant sur un “troisième frère” depuis maintenant deux saisons. Un “retour” annoncé. Toutes les diversions possibles et inimaginables n’ont pas suffi à rendre la surprise prévisible : on s’est fait juste avoir en beauté par un épisode qui semblait avoir déjà révélé tous ses tours. Quoi de mieux pour une histoire où les faux-semblants, les fausses zones de confort créés par des a priori, ou encore le visuel trompeur à la vue de tous, de présenter ainsi le dernier challenge de Sherlock, celui qui sera le plus personnel de tous, lui qui a fait tant de chemins sur ses émotions ?

C’est juste parfait.

Il y a, enfin, un autre thème dans l'épisode qui revient assez souvent : le fait que l'avenir peut-être prédit en connaissance de toutes les informations à un instant T. Cette idée sur le déterministe et la prédestination des événements était déjà (beaucoup moins subtilement et plus lourdement) appuyée dans le premier épisode, avec tout le concept de la probabilité de retrouver Mary à travers ses voyages aléatoires. A la différence du premier épisode, Sherlock arrive effectivement à prédire certains comportements (surtout Watson), mais seulement car c'est la personne qu'il connaît le mieux (tout comme Mrs Hudson arrive à comprendre ce qui perturbait Sherlock et que Mycroft n'y arrive pas : car elle le comprend mieux que lui, et qu'elle comprend ses "faiblesses" émotionnelles).

C'est un thème super intéressant, à nouveau un exercice de pensée philosophique assez “avancé” pour la série, qu’on n’aurait pas pu avoir dans une saison 1. C’est aussi ce qui permet au scénario d’aller parfois vite, mais de présenter une forme assez évoluée des déductions de Sherlock, quasi relevant du super-pouvoirs en hors-champ, comme lorsqu’il montre à John qu’il avait déjà tout prévue (ce qui est absolument hilarant à chaque fois !).

Au-delà de l’exercice de réflexion, et de l’humour, je ne crois pas que ce qu'une coïncidence qu'il se retrouve dans ces deux épisodes. Si je devais deviner, je dirais que ça aura un rapport avec la façon dont Eurus conçoit le monde, peut-être un peu comme Mycroft, à savoir prendre les personnes comme des pions idiots prévisibles, ce qui pourrait lui coûter cher.

Après tout dans le premier, c'était surtout fait pour annoncer que Mary ne peut échapper à sa mort. Puisque Euros signifie littéralement "le vent d'est", déjà annoncé dans le final de la saison 3, il y a des chances que tout ça soit voulu, comme si un élément tragique allait arriver dans le 403 et que les personnages réaliseront que "tout y conduisait" de façon inévitable.

Que dire de plus ? Des choses évidentes : que ça fait du bien d'avoir un épisode 2 ENFIN à la hauteur et pas juste une transition pour le final. Que j'ai apprécié toute la "tragédie" de l'épisode mais qu'il est aussi très drôle à plusieurs moments. Que Mrs. Hudson a de très loin son meilleur épisode depuis le début qui exploite vraiment plus de ses caractéristiques. Que Benedict Cumberbatch est fantastique tout du long, mais là je commence à me répéter un peu (mais ça méritait d'être dit deux fois).

Que c’est vraiment trop beau, extrêmement bien écrit, très riche à tant de niveaux, notamment dans la façon dont cette oeuvre va s’inscrire dans le paysage des adaptations de Sherlock mais surtout dans le paysage des oeuvres policières, voire des séries tout court.

Mon épisode préféré de la série après A Scandal in Belgravia.

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Le dernier problème