Image illustrative de Black Mirror
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Black Mirror

Les histoires tordues se succèdent dans cette série d'anthologie hallucinante qui révèle les plus grandes innovations de l'humanité, mais aussi ses côtés les plus sombres.

En cours Anglaise, GB Pas de durée
Drame, Drama, Science-Fiction, Thriller, Science-Fiction & Fantastique, Mystere Channel 4, Netflix 2011
13.2

4 avis favorable
0 avis neutre
0 avis défavorable

Image illustrative de l'épisode 7.02 - Bête Noire

Bête Noire

L'arrivée d'une ancienne connaissance dans l'entreprise où elle travaille perturbe une jeune femme... d'autant plus qu'elle est la seule à voir quelque chose d'étrange chez elle.

Diffusion originale : 10 avril 2025

Cliquez pour voir plus d'informations sur l'épisode

Diffusion française : 10 avril 2025
Réalisat.eur.rice.s : Toby Haynes
Scénariste.s : Charlie Brooker
Guest.s : Siena Kelly , Rosy McEwen , Michael Workeye , Ben Ashenden , Amber Grappy , Elena Sanz , Alice Brittain , Kieran Smith , Reba Ayi-Sobsa , Ben Bailey Smith , Ravi Aujla , Jonny Lavelle , Andy Apollo , Kwame Agyei , Hannah Griffiths

Tous les avis

Avatar Galax Galax
Administrateur
Avis favorable Déposé le 05 août 2025 à 23:37

C’est un bon épisode mais c’est dommage, il y avait là un super épisode potentiel pendant sa grande majorité. Et puis cette fin… un peu cringe, je dois l’avouer, vient ternir l’ensemble.

Je comprends ce qu’ils ont voulu faire : prouver que quelque part, la victime tout au long de l’épisode, Maria, était bel et bien une barjo narcissique, n’était pas aussi Sainte Marie que ce qu’elle prétendait, comme décrite par celle qui cherche à se venger, Verity (celle qui apporte la vérité, mais la manipule également). Mais dommage de finir en pointe d’humour théâtral, dans une scène qui nous déconnecte complètement, et qui accomplit probablement l’effet inverse de nous hanter (enfin, en tout cas pas dans le sens qu’on aimerait qu’un épisode de Black Mirror nous hante). Avec des CGI pas fameux en plus, mais c’est anecdotique.

De plus, juste avant ça, le twist principal sur la technologie n’est pas forcément maîtrisé, ce qui est limite plus dommageable que le micro-épilogue risible.

L’épisode a pour grande qualité ses deux premiers actes, qui illustrent totalement la notion de détournement cognitif (gaslighting) et de paranoïa. Cette version assez twistée du Trueman Show avec un syndrome de culpabilité est plutôt bien fichu, avec l’impression que le monde est contre nous dans des effets de Mandela pervers (phénomène explicitement cité par l’épisode). La réalité est évidemment plus ambigue que cela, mais si certains signes peuvent s’expliquer totalement par des séquences de hack bien gérées (l’offre d’embauche, le mail), éventuellement boostées par de l’IA générative (la vidéo de surveillance), certains signes ne trompent juste pas et restent inexplicables (la casquette de la marque de fast-food qui a physiquement changé) : ce n’est pas juste de l’IA.

Initialement, j’avais envie de critiquer un peu l’épisode pour avoir vendu la mèche trop tôt avec cette casquette justement, et je regrettais que l’épisode n’opère pas une progression strictement croissante dans la fiabilité des preuves qui révèlent l’existance d’un twist (notamment de sa nature plus fantaisiste que scientifique). Mais après tout, je dois avouer qu’en regardant l’épisode, les scènes ambigues restent suffisamment bien faites pour nous détourner du fait que ça ne peut pas juste être de l’IA.

En plus, le drama de la casquette s’inscrit dans une discussion globalement casual, déconnectée de tous les autres événements dans la sphère de l’entreprise, qui eux pour le coup, sont plutôt bien crescendo : l’annonce de recrutement, le profil LinkedIn, le mail, le rendez-vous important à 8h du matin, la vidéo de surveillance, avant le clou final de l’allergie aux noix, qui confirme définitivement au spectateur la manipulation relève d’une dimension plus meta. Au travail, chaque jour apporte donc sa nouvelle preuve falsifiée dans un effet d’accumulation qui reste réussi. On peut alors mettre la casquette sur le compte de la mauvaise mémoire/le gaslighting de la protagoniste qui devient fatiguée et tombe justement dans le piège de finir par confondre les réalités.

La casquette est en plus une expérience assez meta car de ce que j’ai compris, une partie du public sur Netflix a eu la version “Bernie’s” et l’autre “Barnie’s”, ce qui est un clin d’oeil meta que j’aime beaucoup.

J’ai donc été assez absorbé dans l’épisode pour ne pas du tout avoir anticipé une fin à base de simulation quantique totale.

Mais à ma décharge, c’est un peu une idée de merde, non ?

Cela marchait très bien pour des épisodes comme Joan is Awful, dont la notion de réalité simulée qui induisait de la paranoïa, était globalement le postulat (ou twist initial du premier acte). Mais je trouve qu’ici, en tant que twist et climax, cela amoindrit le propos de l’épisode.

En effet, l’idée que l’IA générative indétectable peut suffire à elle-seule à anéantir une vie, en détruisant avant tout la crédibilité et en introduisant le doute au sein d’un entourage qui se fait manipuler (pour ne pas dire la certitude dans la sphère professionnel, où l’erreur pardonne moins), est déjà une idée qui se tenait bien. Franchement, une bonne fin s’écrivait tout seul. L’épisode désamorce entièrement la crédibilité et l’impact avec le monde réel à travers ce qui est essentiellement un bouton magique qui génère des réalités façon Everything Everywhere All At Once.

Même si tous les épisodes ne peuvent pas être aussi ancrés dans le réel que le précédent, j’aurais aimé plus de scènes dans la sphère privée de la protagoniste par exemple. Sa relation avec son copain montre suffisamment de petites pointes de red flags sur son déni de sa vie lycéenne par exemple, ce qui est un des éléments les plus funs à repérer de l’épisode et à connecter quand on apprend ce qu’il s’est vraiment passé.

Il aurait été intéressant, plutôt que de prendre la voie de facilité d’aboutir à une baston finale où la protagoniste pète un câble, de voir l’après : comment continuer à vivre dans une réalité où tout le monde nous prend pour une folle ? L’épisode met le doigt sur l’horreur d’imaginer que tous ses proche se retournent contre nous et “qu’ils ont raison de le faire”, tout en sachant intimement que c’est nous qui avions initialement raison. Mais tout est écourté par le bain de sang final. Un peu dommage, alors qu’avec tout l’épisode on avait déjà très bien compris, et qu’en plus le sort de l’autre camarade de classe bully montrait déjà qu’une trajectoire possible était justement de sombrer dans la folie et de détruire sa vie familiale en se suicidant. Quelque part je reproche au scénario de faire le choix facile de rendre sa protagoniste aussi “prévisible” dans cette situation.

De même, pour aller plus loin et être dans la lignée de la dimension très meta entamée par la saison précédente, j’aurais bien aimé que l’épisode finisse aussi par faire dire à Maria un truc sans aucun sens même pour l’audience, genre, qu’elle a aussi une allergie à la moquette, ou qu’elle a des bronchies et doit se mettre dans l’eau pour respirer, ou qu’elle a des doigt saucisses — n’importe quoi en fait — histoire qu’on comprenne que Verity a même joué avec l’audience et a fait entrer Maria dans un monde où les spectateurs ne pigent rien.

Bref, c’est un peu toujours le même problème avec la boîte de Pandore que représente le multivers : c’est la porte ouverte à n’importe quoi, et les oeuvres audiovisuelles sont toutes toujours beaucoup, beaucoup trop sages (sauf Everything Everywhere All At Once, bien sûr). Donc l’épilogue avait vraiment 1001 façons d’être plus intéressant que “maître ultime de l’univers” ce qui ne raconte pas grand-chose.

D’ailleurs, le fait d’avoir deux femmes plutôt complexes et nuancées parfois victimes et parfois insupportable l’une comme l’autre, ajoute certes de la crédibilité aux personnages, mais empêche aussi de trouver la fin satifaisante. Si Verity avait vraiment été la pire des connasses et que Maria nous avait été rendue bien plus sympathique, je n’aurais pas été contre cette fin gag pour la blague et pour l’aspect satisfaisant. Tel quel c’était juste loufoque/risible même premier degré.

Le dernier acte tel qu’il est actuellement n’est pas non plus 100% à jeter, j’aime bien le fait qu’en montrant autant le point de vue de Verity à la fin, on est amené à s’interroger ce qu’on ferait si on avait un tel pouvoir entre les mains. Ca justifie quand même bien l’aspect vengeance très personnelle.

Du reste, le thème de l’entreprise qui innove dans la nourriture (référencée dans l’épisode précédent) était fun. Le montage sur la semaine qui empire chaque jour avec ses plans d’intro bruyants est atypique et très cool aussi. C’est un épisode fun et qui possède de la personnalité, pour sûr. La réalisation de Toby Haynes (réalisateur de série britannique très talentueux) donne du cachet à l’ensemble, soulignant totalement le côté “horreur quotidienne banale”. J’adore la scène où Verity descend la bouteille de lait, hyper cheloue et totalement dans une vibe de scène d’horreur complètement folle hors-contexte, ça aurait sa place dans du American Horror Story. Haynes réalise aussi l’exploit de rendre une fusillade domestique entre deux flics et deux filles qui n’ont jamais tenu un pistolet, crédible et bien montée, ce qui est assez fort. A nouveau, dommage que l’écriture ensuite ne suive pas, entre le coup de la sécurité par empreinte digitale — pas crédible qu’elle ne soit pas double-authentifiée par la voix — ou la fameuse scène de fin.

Mais malgré l’originalité du décor et ce côté atypique, cela n’accompagne que moyennement le fond de l’épisode. J’y ai moins trouvé un “tout cohérent” que dans l’épisode précédent par exemple, très clairement. Il y a tout de même cette idée qui revient assez souvent au début, de test gustatif qui “a l’air bizarre, mais qui est vraiment meilleure la seconde fois”. Cela me semble être un signe précurseur assez clair de la morale qui tend à montrer que Maria finit par prendre goût à la technologie qu’elle méprisait par principe et devenir ce qu’on lui reprochait.

Enfin, une dernière critique un peu HS mais quand même. L’épisode rate aussi le coche, je trouve, d’évoquer des biais sociaux sur le harcèlement ou sur la vision de la compétence au travail selon l’origine sociale ou le genre. En effet, en illustrant la backstory comme des histoires “d’adolescentes”, ça rend le tout finalement assez banal, ce qui était certainement le but, pour sûr. Mais si Verity avait été un homme par exemple, l’épisode aurait pu gagner une dimension de lecture intéressante vis-à-vis des inégalités de perception au travail dès qu’un jeune prodige arrive de nulle part. Idem, même si là on entre vraiment dans le domaine du reproche “de ce que l’épisode n’est pas et aurait pu être” (mais bon c’est mon avis, ma réalité, j’écris ce que je veux), on a quand même une blondinette innocente à l’esthétique un peu emprunté à une époque passée, qui décrédibilise et rend colérique une femme racisée, sauf que globalement l’épisode n’en fait rien et n’aborde jamais ce que ça implique.

En soi, c’est bien aussi, on reste sur un thème finalement vachement plus neutre et universel où tout le monde est à la fois dans le vrai et dans le faux, indépendamment des apparences. Mais disons que Black Mirror n’est encore jamais vraiment allé sur le terrain du racisme ou du sexisme je crois, de la discrimination empirique pure, préférant souvent s’abstraire et prendre de la hauteur avec juste des humains et de la tech, alors qu’il y a plein de contextes d’épisode qui s’y prêteraient, et celui-là est en haut de la liste. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur le lien avec la technologie — notamment générative — dessus. J’imagine que Charlie Brooker s’estime peut-être pas forcément légitime sur le sujet et c’est tout à fait normal, mais ça n’empêche pas de partager l’opportunité permise par la série avec d’autres personnes (comme certains épisodes l’ont déjà fait). Mais chaque épisode part souvent d’un brouillon qui n’a rien à voir, donc potentiellement difficile d’anticiper ce qui mériterait d’être approfondi, surtout s’ils font un bon blind casting.

Rien contre l’épisode dans tout ça, juste moi qui me projette sur ce que j’aurais peut-être préféré voir comme autre tentative.

Cela reste un épisode avec une thématique plutôt cool et originale, le pitch du Mandela effect mêlé à du gaslighting à cause d’un shift de réalité, est résolument dans la veine de ce que peut proposer la série en se renouvelant, et qui évite bon nombre de clichés avec son montage fun, ses variations de ton inattendues et ses personnages tout sauf manichéennes, et avec deux excellents jeux d’acting. Bref, c’est Black Mirror, j’aime toujours Black Mirror, beaucoup, même si celui-ci passe à côté d’un truc. Bien que les standards soient juste très haut, l’épisode réussit quand même à faire passer ses propos efficacement.

L’avantage dans une telle saison c’est que ce n’est pas rédhibitoire : je le retiendrai comme une expérience originale, qui a juste eu le malheur d’être moins travaillée que les autres et qui ne restera pas parmi les grands.

Mais qui sait, peut-être que comme la barre chocolatée miso umami, cet épisode sera bien meilleur la seconde fois ?

2 réponses
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Avatar Guismo Guismo
Membre
Avis favorable Déposé le 09 juin 2025 à 22:41

La réalisation et le jeux des 2 actrices sauvent cet épisode qui souffre d'une histoire vu et revu. J'ai quand meme plutôt apprécié, je me suis pas ennuyé mais ça reste au final un épisode oubliable de la série. 


Avatar nicknackpadiwak nicknackpadiwak
Rédacteur
Avis défavorable Déposé le 25 avril 2025 à 06:49

Un épisode assez proche d'une histoire à la Twilight Zone, mais qui souffre de sa durée, car trop long de presque 20 minutes, il répète le même pattern durant une heure (mise en doute de Maria qui défend la vérité, mais après vérification, elle a tort). Et comme en plus son dénouement est assez précipité (d'où vient cette formidable technologie ? C'est à peine abordé) et sa chute avec ce dernier plan brutal (certains diraient paresseuse), cela fournit un épisode qui donne le sentiment d'une occasion loupée, car le potentiel était présent.


Avatar Jo_ Jo_
Rédacteur
Avis favorable Déposé le 24 avril 2025 à 20:25

Favorable à la limite du neutre. Le pitch de la nana qui veut se venger est une bonne idée, et très franchement, je peux largement la comprendre. Mais on va très loin, trop loin, et ce qui pouvait être pertinent devient vite complètement dingue et plus du tout crédible. La preuve en est avec la fin de l'épisode, qui m'a fait rire alors que ce n'était peut être pas franchement le but.


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05 août 2025
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Guismo a noté cet épisode - 12
09 juin 2025
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nicknackpadiwak a noté cet épisode - 9
25 avril 2025
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Jo_ a noté cet épisode - 12
24 avril 2025
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Antofisherb a noté cet épisode - 12
23 avril 2025
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cedric2506 a noté cet épisode - 13
14 avril 2025

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